Ultra-marathon

Le Sidney Crosby du trail

Killian Jornet est au trail ce que Sidney Crosby est au hockey ou Lionel Messi au soccer. L’Espagnol de 27 ans a remporté trois fois l’UTMB. En mai, il a gravi le mont Everest seul et sans oxygène, par deux fois, en un temps record. En juillet, il a gagné pour la quatrième fois la course HardRock 100, malgré une épaule démise et le bras dans une attelle.

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Ne participe pas qui veut

Ne s’inscrit pas qui veut à l’UTMB ! L’élite mondiale est invitée, mais les autres coureurs doivent accumuler 15 « points » afin de se qualifier, qu’ils acquièrent dans des « courses qualificatives ». Un finisseur du 125 km de l’Ultra-Trail Harricana, dans Charlevoix, en obtient cinq. Même en ayant les points, il faut passer par un tirage au sort tant il y a de demandes.

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Cinq épreuves au programme

Le « Sommet du trail » compte cinq épreuves. L’UTMB fait 171 km. La « CCC » (Courmayeur-Champex-Chamonix) offre 101 km. La TDS (Sur les Traces des ducs de Savoie) 119 km. La « PTL » (Petite trotte à Léon) est un raid en équipe de 290 km. Enfin, « l’OCC » (Orsières-Champex-Chamonix) fait 56 km. En 2016, le Français Xavier Thévenard est devenu le premier coureur à remporter les quatre courses individuelles.

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Une course prestigieuse

L’UTMB est une épreuve très exigeante, mais elle n’est pas considérée comme la plus difficile des courses en sentier. Elle est par contre la plus prestigieuse en raison du battage médiatique qui l’entoure et de son positionnement au cœur de l’Europe, ce qui la rend accessible à un plus grand nombre de coureurs.

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Une brochette « d’étoiles »

Il n’y a jamais eu autant de grandes vedettes à l’UTMB. Chez les hommes, outre Killian Jornet, les gagnants d’éditions passées Xavier Thévenard et François D’Haene sont à suivre, tout comme les excellents Sage Canaday, Zach Miller, Gediminas Grinius et Sébastien Chaigneau. Chez les femmes, la tenante du titre Caroline Chaverot prend le départ, de même que les élites Nuria Picas et Andrea Huser.

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Des Québécois à l’assaut du mont Blanc

Chamonix, — France — À 24 ans, Jean-François Cauchon s’apprête à courir parmi les légendes. Sur le coup de 18 h (midi au Québec), il s’élancera à l’assaut de la plus importante épreuve de course en sentier au monde, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), aux côtés de 2300 autres coureurs.

L’objectif du jeune ingénieur de Cap-Rouge: terminer parmi les 100 premiers. Sa cote de performance internationale laisse croire qu’il pourrait atteindre ses rêves. Cauchon se dit très en forme pour attaquer les 170 km de l’épreuve, qui fait une boucle autour du mont Blanc en passant par la France, l’Italie et la Suisse, et qui offre rien de moins que 10 000 m de dénivelé positif à se mettre dans les jambes. C’est plus haut que l’Everest.

« L’UTMB, c’est le rêve de tous les coureurs », affirme Jean-François Cauchon. Et pour cause : le « Sommet mondial du trail », comme se nomme elle-même l’organisation, est une sorte de Jeux olympiques de la course en sentier, dans un Chamonix qui a pris des airs de fête depuis lundi pour accueillir les quelque 8000 participants des différentes courses, provenant de 92 pays.

La compétition s’annonce serrée pour Cauchon. Les organisateurs ont rassemblé sur le fil de départ la crème de l’élite mondiale du trail, afin de célébrer en grand le 15e anniversaire de cet événement démesuré. Plusieurs gagnants des éditions antérieures sont présents, dont le méga champion catalan, Killian Jornet.

Or, la météo s’annonce capricieuse dans les Alpes françaises et, au moment d’écrire ces lignes, l’organisation n’a pas encore décidé si les athlètes devront se contenter d’un circuit alternatif plus sécuritaire.

Malgré l’ampleur du défi, Cauchon espère terminer l’épreuve, au pas de course, en moins de 27 heures. Il dit n’avoir aucune peur.

« Mon entraînement de l’été et les résultats de mes courses récentes m’ont mis en confiance », assure-t-il. En juillet, Cauchon a en effet terminé premier au 165 km de l’Ultra-Trail du Mont-Albert, en Gaspésie.

« J’ai le bagage. Je sais comment passer les moments négatifs dans ma tête. Si je commence à regarder le temps, c’est l’échec. Ça va prendre le temps que ça va prendre. »

— Jean-François Cauchon

Celui qui a aussi gagné la course de 125 km de l’Ultra-Trail Harricana l’an dernier, dans Charlevoix, est accompagné dans les Alpes par une équipe de pointe : papa, maman et sa sœur. « On est une famille proche », confirme Cauchon, qui fait l’essentiel de son entraînement avec sa sœur Élisabeth, de deux ans son aînée.

« C’est comme revenir à la base, dit Cauchon. Quand j’étais jeune, on partait tout le temps l’été en voyage avec nos parents. »

Une course en amène une autre

Jean-François Cauchon n’est pas le seul Québécois à participer à la course UTMB, l’épreuve-reine d’une semaine d’activité qui comprend quatre autres distances. Au moins six coureurs d’ici sont sur la ligne de départ aujourd’hui, dont une femme, Hélène Dumais.

L’athlète et aventurière de 36 ans, qui vit maintenant à Washington D.C. avec son mari américain, est devenue célèbre pour les courses impossibles qu’elle se donne le défi de faire. Il y a une semaine jour pour jour, elle s’attaquait à la Survival Run Canada, à Squamish, en Colombie-Britannique. Elle est passée à deux doigts de la mort, emportée dans une longue chute en pleine montagne. Mardi, elle a pris l’avion, mais ses bagages n’ont pas suivi. Hier, elle courait partout dans Chamonix pour réunir l’équipement obligatoire afin de prendre le départ de la course.

« Je vois ça comme mon dessert, mon bonbon de la fin », dit-elle au sujet de cette épreuve que bien des coureurs considèrent comme l’apothéose d’une carrière. « Je n’ai aucune pression de performer, je suis là seulement pour le plaisir. »

Terminer l’UTMB n’est même pas l’objectif ultime d’Hélène Dumais, qui a participé à une course de 430 km et à une autre de 738 km cette année. « Moi, ce que je vise, c’est la PTL en 2018 », dit Hélène. La « Petite trotte à Léon », c’est l’une des cinq épreuves de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, et pour s’inscrire, il faut avoir terminé plusieurs longues épreuves, telles que l'UTMB. La PTL, c’est 290 km de course au cours desquels il faut gravir un total de 26 500 m de dénivelé positif (trois fois l’Everest !). L’épreuve se fait en équipe et en autonomie complète sans aucune balise.

Mais aujourd’hui, c’est complètement seule, sans équipe de soutien, et avec un équipement qu’elle n’a jamais testé, que Dumais se lance à l’assaut des Alpes. « J’aime ça parcourir le monde à pied », dit l’athlète, qui se dit « designée » pour les aventures extrêmes.

De sédentaire à ultramarathonien

Le trajet autour du mont Blanc revêt une autre signification pour le médecin-urgentologue de l’Hôpital de Verdun Simon Benoit. L’athlète de 44 ans pesait plus de 200 lb il y a cinq ans et ne pratiquait aucune activité physique.

Aujourd’hui svelte et au sommet de sa forme, Simon Benoit a participé cette semaine à l’une des épreuves, la TDS, ou « Sur les Traces des ducs de Savoie », qui fait 119 km et de 7200 m de dénivelé positif. Parti mardi matin depuis Courmayeur, en Italie, il a dû abandonner après 22 h 47 de lutte et d’effort, au kilomètre 97, en raison de problèmes gastriques.

« J’ai tout donné et vraiment tenté de repousser mes limites », nous a-t-il dit après quelques heures de repos. La performance visée était hors d’atteinte quand mon estomac m’a obligé à ralentir. Je suis déçu, mais en même temps fier. »

Il faut dire que Simon Benoit se rendait à Chamonix dans une démarche « très personnelle. » « Je suis là pour une aventure, pas dans une démarche d’athlète. La course pour moi, ça amène un équilibre », confiait avant son départ celui qui, aujourd’hui, est un véritable apôtre des saines habitudes de vie.

Il s’agissait de l’épreuve la plus exigeante jamais entamée par le Montréalais, qui compte quelques ultras à son actif, mais jamais autant de dénivelé.

Une quinzaine d’autres Québécois participent à l’une ou l’autre des cinq épreuves de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Le grand gagnant de cette 15e édition devrait franchir l’arche d’arrivée samedi aux alentours de 15 h, heure locale.

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