Éducation

Rendre les midis plus conviviaux

Bonne nouvelle, l’organisme Québec en forme finance un projet destiné à rendre les dîners au primaire plus zen. Baptisée Ensemble pour des contextes de repas plus conviviaux, cette initiative de l’Association des services de garde en milieu scolaire du Québec (ASGEMSQ) a deux objectifs principaux : créer des environnements physiques agréables et former le personnel en saine alimentation.

« Tout le monde est au courant qu’il y a des problèmes à la période de dîner, indique Julie Simard, chargée de projets à l’Association. Ce qui nous a motivés, c’est l’envie de faire quelque chose de plus pour améliorer la situation. »

Carole Després, professeure à l’École d’architecture de l’Université Laval, a été invitée à se pencher sur la qualité architecturale des locaux des services de garde. « Notre premier constat, c’est que 85 % des écoles ont été construites avant 1975, dit la professeure. Aucune n’a été prévue pour accueillir un service de garde. Je fais moi-même partie de ces générations qui avaient des mères au foyer, qui nous faisaient des tartes chaudes. Ce n’est évidemment plus le cas. »

PÉRIODES DE CONSTRUCTION DES ÉCOLES PRIMAIRES DU QUÉBEC

Avant 1946 : 11 %

1946-1974 : 75 %

1975-1999 : 11 %

Depuis 2000 : 3 %

Sources : École d’architecture de l’Université Laval, Association des services de garde en milieu scolaire du Québec et Québec en forme.

Avec l’instauration d’un tarif réduit, la fréquentation des services de garde scolaires a explosé, bondissant de 300 % entre 1997-1998 et 2004-2005. « Aujourd’hui, de 70 à 99 % des enfants mangent à l’école, note Mme Després. Les directions d’école et les responsables de services de garde se dévouent pour trouver des façons d’agrandir de l’intérieur. »

ÉVALUATION DE SEPT ÉCOLES

Sous sa supervision, des étudiants ont fait l’évaluation architecturale des lieux utilisés par les services de garde de sept écoles, à l’automne 2014. Résultat : les locaux attribués aux services de garde sont en nombre nettement insuffisant, il manque d’espace pour manger et les ambiances physiques sont déficientes dans certains locaux.

« Dans plusieurs cas, la densité d’occupation des locaux peut être problématique », lit-on dans un bulletin consacré à cette évaluation architecturale. Étonnamment, les normes du ministère de l’Éducation ne prévoient qu’un local pour 125 enfants inscrits au service de garde, deux locaux pour 126 à 249 enfants et trois locaux pour 250 enfants et plus.

« Une lacune quant à l’apport de lumière naturelle » est rapportée dans certaines salles, notamment en sous-sol. Autre problème : le niveau de bruit. « Les appareils ont pris des mesures allant jusqu’à 100 décibels », précise le bulletin. Or, à partir de 85 décibels, le son est psychologiquement et physiquement nocif. Abaisser le niveau de bruit, avec des matériaux absorbants, est heureusement possible.

CONJONCTURE FAVORABLE

L’équipe de l’Université Laval s’affaire en ce moment à analyser les plans de 1000 écoles, fournis par 27 commissions scolaires. Mme Després souhaite ensuite mettre en commun l’expertise des commissions scolaires, des directions d’école, des comités de parents, des services de garde, etc., « pour trouver ensemble des solutions », fait-elle valoir.

Il y a une conjoncture favorable au Québec, estime la professeure. « Les bâtiments hérités de la Révolution tranquille ont à être rénovés. Faisons-le comme il faut. »

L’Association des services de garde conçoit, quant à elle, du matériel de formation « pour communiquer de bons messages » le midi, explique Mme Simard. Non, il ne faut pas exiger des enfants qu’ils dévorent tout le contenu de leur boîte à lunch, même si certaines éducatrices en sont convaincues… Ce matériel sera testé dans six écoles cet automne, avant d’être accessible à tous à la fin du projet, prévue en 2017.

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