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Le mythe des FNB indiciels et du risque systémique

Depuis le lancement du premier FNB indiciel en 1975, nombreux sont les commentateurs de la scène financière qui se sont demandé si ce type de gestion passive ne conduisait pas à un comportement irrationnel de la part des investisseurs, comportement qui pourrait en fin de compte exacerber la volatilité des marchés financiers.

Récemment, Michael Burry, gestionnaire de fonds célèbre pour avoir profité de la débâcle des titres à revenu fixe liés à des prêts hypothécaires à haut risque, ces fameux subprimes, a relancé le débat en suggérant la thèse que l’afflux de capitaux dans les fonds indiciels crée des distorsions de prix semblables à celles des Collateralized Debt Obligations (CDO), une des causes principales de la crise financière de 2008.

Le groupe de recherche de TD Securities, dirigé par le stratège Andres Rincon, a vite voulu, dans un rapport il y a quelques semaines, réfuter cette théorie. Le risque, selon Michael Burry, provient du fait que cet argent investi passivement dans les fonds indiciels va se ruer vers la sortie lorsque la volatilité va s’emparer des marchés. Ce que les analystes de TD Securities ne croient pas.

Selon eux, vendre un fonds est l’acte d’un investisseur qui prend la décision de se départir d’une exposition à une situation ou à un marché qu’il juge trop risqués. Il est difficile de croire que les investisseurs passifs soient plus susceptibles de le faire que les investisseurs actifs.

De la vieille histoire

L’idée d’une bulle créée par l’afflux de capitaux dans les fonds indiciels n’est pas nouvelle, indique Ian Gascon, président d’Idema Placements. La hausse marquée de l’encours des fonds indiciels est certes une réalité. Mais parler de bulle pour autant est quelque peu étonnant.

Si les investisseurs avaient plutôt misé uniquement sur des fonds à gestion active, les marchés se seraient peut-être appréciés dans les mêmes proportions. « Faudrait-il là aussi parler de bulle ? », demande M. Gascon.

« Les marchés peuvent paraître élevés, même très élevés, mais la raison cette cherté se trouve ailleurs que dans l’afflux de capitaux dans les fonds indiciels. »

— Ian Gascon, président d’Idema Placements

Trop petit marché au Canada

Le marché de l’épargne au Canada est une affaire de 4400 milliards de dollars, rappelle Alain Desbiens, directeur FNB chez BMO. Les FNB représentent moins de 3 % du total. « Et ce n’est pas que de l’indiciel », dit-il. Il serait donc quelque peu utopique de croire que le marché des FNB puisse causer quelque risque systémique que ce soit.

Mais si ces questionnements existent, c’est beaucoup plus un problème de littératie financière, croit M. Desbiens. « Il importe de bien s’informer pour éviter de tomber dans le piège de ces nouvelles ou de ces théories incendiaires », dit-il.

Les FNB permettent une plus grande démocratisation du placement, selon lui. Les gens doivent reconnaître que ce n’est pas que de l’indiciel. Au contraire, les FNB regroupent de plus en plus tous les éléments nécessaires à une saine gestion de portefeuille, estime M. Desbiens.

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