Autour d’un café, une question taraude Susan Semenak. « Pourquoi les Scandinaves s’approprient-ils l’hiver ? Cette saison nous appartient à nous aussi », déclare-t-elle tandis qu’une petite neige tombe sur Montréal.
La journaliste, anciennement à The Gazette, admet qu’elle n’a pas toujours aimé la saison froide. C’est une paire de chaussettes chaudes, reçues en cadeau, qui a tout changé. Depuis, elle s’émerveille quand la ville est couverte d’un manteau blanc.
En pleine tempête, il y a deux ans, l’auteure culinaire a décidé de faire partager son amour pour l’hiver comme elle sait si bien le faire : en racontant des histoires et en proposant des recettes qui réchauffent la maison en cuisant tout doucement. Elle s’est aussi alliée à la photographe Cindy Boyce pour capter la beauté de Montréal quand la ville est figée par le froid.
Cindy a croisé toutes sortes de personnes en réalisant ses clichés, notamment des skieurs de fond dans le métro, de petits et grands joueurs de hockey et plusieurs familles de bonshommes de neige.
Plus il faisait froid, plus elle trouvait les gens chaleureux.
« Je trouve qu’il y a une belle solidarité qui apparaît en hiver. On s’aide à déneiger nos voitures entre voisins, on partage des trottoirs étroits parce qu’ils sont mal nettoyés, on se félicite tous quand on brave une tempête. Il y a une sorte de magie qui s’installe », dit-elle.
Ensemble, Susan et Cindy ont préparé un livre qui réunit des recettes, mais aussi des histoires et des photos. Susan a fouillé dans le répertoire de sa famille pour le bortsch et le coffee cake aux noix (voir onglet suivant), mais elle a également tenu à ce que les recettes reflètent ce que l’on mange à Montréal.
C’est pour cela que l’on trouve des bahjis (beignets), une pho (soupe) et des baos (pains cuits à la vapeur) dans Montréal l’hiver.
Ville c. campagne
Pendant la rédaction de leur ouvrage, Susan et Cindy ont souvent entendu des gens leur dire qu’ils aimaient l’hiver à la campagne, mais pas en ville.
« C’est vrai que c’est facile d’aimer l’hiver pendant le week-end, dans un chalet avec des amis, quand on a le temps de faire du ski. Mais en ville, la semaine, on ne ralentit pas le rythme. On a les mêmes horaires de travail, qu’il y ait une tempête ou non », précise Cindy.
Pour apprivoiser l’hiver en ville, la clé, c’est donc d’apprendre à prendre le temps, clament-elles. Facile à dire, mais comment s’y prendre ?
En profitant d’une courte pause au boulot pour faire une promenade, en s’arrêtant dans un café pour boire une boisson chaude, en savourant le bruit de ses pas dans la neige, en allumant des chandelles dès que le soir tombe ou en écoutant de la musique enveloppante (du Leonard Cohen pour Susan) en cuisinant le souper.
Voilà quelques-unes de leurs idées pour aimer l’hiver un peu plus, ou pour le détester un peu moins.
Montréal l’hiver Susan Semenak et Cindy Boyce Éditions Cardinal 272 pages 34,95 $