L’Impact

Les repères d’une équipe de tête

On ne dira pas ce que ça sent. Après tout, ce n’est que le printemps, la neige n’a même pas encore fondu complètement sur les terrains.

Et si on a appris quelque chose de l’autre équipe de sport professionnel de la ville, c’est qu’un début prometteur ne garantit pas nécessairement un succès prolongé sur l’ensemble de la saison. C’est normal qu’on se sente bien, l’Impact trône au premier rang grâce à ses deux victoires et ses six points. Or, la coupe est encore tellement loin. Respirez donc par le nez et... dites-vous bien que ça ne sent rien.

Analysons la situation d’une autre façon. Ce qu’on peut observer de l’équipe mise en place par Mauro Biello, c’est qu’après quatre saisons en MLS à essuyer les critiques relatives à un manque de cohérence, l’Impact s’est bâti une identité que l’on commence à bien reconnaître sur le terrain. Au moins trois repères sont là pour permettre au bleu-blanc-noir de mettre à profit le brio de son numéro 10, un Nacho libre de tout souci en ce début de campagne.

Premièrement, on savait déjà qu’en l’absence de Drogba, l’attaque rapide serait l’arme principale de l’Impact pour marquer des buts. On craignait toutefois les difficultés – si communes en MLS – à déséquilibrer un adversaire retranché dans son camp. Or, le modèle de Biello met bien en valeur les qualités du groupe en contre-attaque. Un plan sans prétention qui a néanmoins conduit à six buts en deux matchs.

À la manière des Foxes de Leicester City, meneurs inattendus de la ligue anglaise cette saison, c’est parfois au moment où l’Impact subit la domination de l’adversaire qu’il devient le plus dangereux. 

Pensez au but marqué par Piatti contre les Red Bulls moins de 15 secondes après qu’Evan Bush eut effectué un arrêt contre Wright-Phillips. Claudio Ranieri – l’Italien qui dirige Leicester City – aurait été fier.

Pour illustrer la qualité de la transition, on aurait aussi pu citer le poteau d’Ontivero contre New York, les chances ratées par Piatti lors du même match, les buts d’Oduro ou de Nacho contre Vancouver... Bref, vous voyez le topo ?

DÉFENSE ET POSSESSION

Simple coïncidence ou volonté d’harmoniser sa philosophie de jeu – il faudra lui poser la question un jour –, toujours est-il que Biello dispose de défenseurs qui adorent jouer en anticipation. Laurent Ciman et Victor Cabrera prennent régulièrement le risque d’intercepter pour mieux relancer. Il s’agit du second repère de l’Impact en ce début de saison : on cherche à défendre en avançant, si bien que le travail de Biello consistera bientôt à les convaincre que la patience est également une vertu.

Quoi qu’il en soit, samedi dernier contre New York, le tandem est intervenu à 29 reprises pour stopper les Red Bulls et permettre à l’Impact d’amorcer une transition vers l’attaque. Même Donny Toia y a mis du sien en servant une passe en profondeur à Piatti sur le but dont on parlait un peu plus haut.

Troisièmement, la possession, on n’en fait pas une obsession, mais l’Impact a au moins appris à s’en servir quand le scénario l’exigeait. C’est ce qu’on a remarqué en fin de match contre les Red Bulls. Alors qu’on en était à du 50-50 sur l’ensemble de la rencontre, le onze montréalais a dominé à près de 70 % dans le dernier quart d’heure de jeu, période durant laquelle la marque était 2-0 pour les locaux. Biello et ses adjoints appellent ça « défendre avec le ballon ». 

Sur certaines séquences de passes, une belle portion des 27 545 spectateurs s’est mise au diapason des joueurs, saluant chaque transmission par des applaudissements et quelques « olé ». Comme quoi, au soccer, il n’y a pas que les buts qui peuvent plaire au public.

Cette semaine, on se penchera sur le FC Dallas, équipe talentueuse qui vient pourtant de subir une étonnante raclée de 5-0 à Houston. Faire jouer Drogba ou pas ? Voilà la question que devra se poser Biello, soucieux de ne pas dérégler quoi que ce soit dans sa formation. Or, on a tous très hâte de retrouver la Légende sur le terrain. Et Biello a la main heureuse dans la plupart de ses décisions... Ce que ça sent ? Ne vous méprenez pas, c’est probablement l’odeur du retour au jeu de Drogba.

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