Déco

Des intérieurs pour rêver

Depuis 30 ans, le président de la firme de design Camdi est aux premières loges de l’évolution du design dans les hôtels. Pierre Brousseau et son équipe comptent parmi leurs réalisations récentes le William Gray, situé dans le Vieux-Montréal, l’Estérel dans les Laurentides, de même que l’hôtel Renaissance, le petit nouveau de la chaîne Marriott, situé au centre-ville de Montréal.

« Quand j’ai commencé, on avait les livres de spécifications des Marriott, avec le standard de meubles, dit-il. Les hôtels-boutiques ont changé la donne, avec des petits hôtels particuliers, d’un maximum de 120 chambres. »

Il suffit d’entrer à l’hôtel Renaissance pour constater que le designer a bel et bien délaissé les guides qui dictaient autrefois la standardisation. Avec ses graffitis sur les murs, ses imposantes structures d’acier délimitant les aires de repos et des accents de couleur dispersés dans l’espace, on se sent à des lieues d’un morne hôtel reproduit ad nauseam par une chaîne.

On est ici dans un hôtel dit « lifestyle ». « L’expérience est différente. Tu te sens comme à la maison, mais il faut que tu aies des choses à l’hôtel que tu n’as pas à la maison », dit Pierre Brousseau.

C’est dans cet esprit que Marie-Jeanne Rivard a conçu et aménagé le Boxotel, ouvert à la toute fin de l’an dernier dans la rue Ontario Est, à Montréal, près du Quartier des spectacles.

« C’était important pour moi d’avoir davantage de chambres avec des lits de grandeur king dans l’hôtel. Quand je n’avais pas de lit king chez moi, j’aimais aller dans un hôtel avec un grand lit, juste pour l’expérience. C’est ça qu’on veut, aller chercher le luxe, l’appartement idéal qu’on aimerait avoir. »

— Marie-Jeanne Rivard

L’entrepreneure générale, qu’on a pu voir au petit écran dans l’émission de rénovation Flip de fille, s’est inspirée de ses expériences dans le domaine résidentiel pour concevoir son hôtel. Avec leur cuisine tout équipée, leurs planchers de béton chauffant, leurs balcons et leurs immenses fenêtres, les chambres s’apparentent davantage à des appartements en copropriété qu’à des chambres d’hôtel conventionnelles.

Miser sur le durable

La personnalisation d’une chambre où des centaines de personnes aux goûts différents logeront a ses limites. Les matériaux choisis au Boxotel l’ont été pour leur intemporalité : le bois, le verre, le béton, le métal. « Ce sont les petits objets qui viennent changer le décor, apporter de la couleur. Ce sont des détails assez légers et ce n’est pas engageant », dit Marie-Jeanne Rivard, citant en exemple les bouilloires colorées choisies pour les cuisines des chambres.

À cet égard, les particuliers ont sans doute des leçons à tirer des pratiques des hôteliers. Au groupe Le Germain, on s’assure aussi que le décor survit au passage des années. « La pérennité de l’ambiance et du décor doit être assurée, on ne peut pas changer le look des chambres toutes les années au gré des tendances. Il y a un côté design qui doit rester intemporel », dit Julie Tremblay, porte-parole du Groupe Germain, qui détient les hôtels Le Germain et ALT.

Un peu comme les propriétaires de maison qui se lancent dans d’importantes rénovations, les hôteliers ne veulent pas « recommencer dans huit ans », dit le président de Camdi. « On veut que l’architecture d’intérieur de base soit intemporelle. »

La qualité des matériaux est aussi d’une importance indéniable. « J’ai toujours travaillé avec des travailleurs locaux, des ébénistes, des fabricants de chaises. On encourage l’économie », explique Pierre Brousseau, qui dit être « toujours un peu déçu de ce qui arrive d’outre-mer ».

Chose certaine, la frontière entre la décoration hôtelière et la décoration à la maison tend à s’amincir. « L’hôtellerie est à l’avant-garde et doit être en avance sur les tendances, croit Alexandre Tessier, directeur du marketing de l’hôtel Renaissance. Lorsque vous allez à l’hôtel, il faut que ce soit plus intéressant et plus beau que chez vous et que ça vous inspire. »

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