Personnalité de la semaine

Jean-Guy Desjardins

Dans quelques jours, devant l’élite professionnelle de la finance à Montréal, Jean-Guy Desjardins, cofondateur et président de la firme d’investissement montréalaise Fiera Capital, qui gère un actif de 91 milliards et emploie 450 personnes au Canada et aux États-Unis, recevra l’un des honneurs les plus prestigieux du monde financier : le prix d’excellence professionnelle remis par l’association mondiale des analystes financiers certifiés, ou « CFA Institute ». M. Desjardins est notre personnalité de la semaine.

Jean-Guy Desjardins se hissera ainsi au palmarès très restreint des dirigeants de firmes d’investissement devenus légendaires, tels les Warren Buffett (conglomérat Berkshire Hathaway), John C. Bogle (Vanguard Group, géant des fonds communs) et John Marks Templeton (défunt pionnier des fonds communs Franklin Templeton).

Tout juste septuagénaire, et après 46 ans de carrière en finance et placements, il deviendra le premier Québécois et le second Canadien à accéder au tableau d’honneur mondial des professionnels de la finance.

Méconnu du grand public, l’institut CFA est l’association des professionnels de l’investissement qui définit les normes et gère le programme du titre de CFA (Certified Financial Analyst), reconnu mondialement. L’Institut CFA regroupe 122 000 analystes financiers certifiés dans 147 pays, répartis dans 147 sections régionales, dont l’Association CFA Montréal, fondée en 1950.

À l’Assemblée nationale du Québec, le 16 mai dernier, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, a honoré Jean-Guy Desjardins en déclarant « qu’en lui décernant ce prix d’excellence, le CFA Institute reconnaît son grand leadership, son travail exemplaire, son intégrité et son exceptionnelle contribution à l’industrie de la finance depuis maintenant 46 ans ».

« Le prix qui est décerné à M. Desjardins est un honneur qui rejaillit sur tout le Québec. »

— Le ministre Jacques Daoust, à l’Assemblée nationale

Puis, mardi dernier, ce fut au tour des actionnaires de Fiera Capital, réunis en assemblée annuelle, d’applaudir longuement son cofondateur et président du conseil.

En plus de marquer le prix décerné par l’Institut CFA, ils ont aussi souligné comment il a su mener de main de maître l’expansion de Fiera depuis sa fondation en 2003 : 

— actif sous gestion passé de 5 à 91 milliards, dont 20 milliards auprès de clients américains, avec l’objectif des 150 milliards d’ici trois ans

— effectif rendu à 450 employés, surtout à Montréal, mais aussi dans les bureaux et filiales de Toronto, Calgary, New York et Los Angeles

— valeur boursière d’entreprise accrue de 85 % depuis trois ans à plus de 900 millions, et partagée dans un actionnariat qui, outre M. Desjardins et ses principaux adjoints, comprend la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins et l’homme d’affaires Jean Monty (ex-président de BCE/Bell Canada).

« Un entrepreneur financier comme Jean-Guy Desjardins, au Québec, il faudrait pouvoir le cloner professionnellement ! », a indiqué Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale, à La Presse, au sortir de l’assemblée d’actionnaires de Fiera.

Louis Vachon y était comme membre du conseil d’administration de Fiera, parce que la Banque Nationale est son principal actionnaire minoritaire depuis qu’elle y a fusionné son ex-filiale Natcan de fonds communs de placement.

« C’est important pour nous de soutenir l’entrepreneuriat et, parfois, de s’y associer comme partenaire stratégique dans notre secteur d’activité. En fusionnant Natcan à Fiera, nous avons fait confiance à Jean-Guy Desjardins et son équipe. Ça continue de porter ses fruits ! », a indiqué M. Vachon.

Au milieu de ces hommages, où Jean-Guy Desjardins puise-t-il sa plus grande satisfaction sur le plan professionnel ?

« Il y a bien des choses qui me viennent à l’esprit, a-t-il indiqué à La Presse sur un ton hésitant. Par exemple, quand les actionnaires de Fiera sont contents parce que le prix des actions a monté, qu’ils ont fait de l’argent. 

« C’est important, ça, en affaires, mais ce n’est pas nécessairement le plus satisfaisant. Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir contribué à bâtir une organisation qui fait le bonheur professionnel des centaines de gens qui se sont ajoutés chez Fiera au fil des ans. De leur avoir fourni des occasions de grandir dans leurs ambitions professionnelles et financières, tout en étant fiers de s’identifier à un success-story comme Fiera. »

« À preuve, poursuit M. Desjardins, le taux de roulement de notre personnel est très très faible pour un acteur de notre secteur d’activité. En gestion d’investissement, nous aurions beau rémunérer très bien les meilleurs professionnels, si nous ne leur fournissons pas un environnement “winner”, ils ne resteront pas. Ils iront le chercher ailleurs, à commencer chez nos concurrents. »

FIERA CAPITAL EN UN COUP D’ŒIL

Activités Gestion d’investissement et de fonds d’actifs boursiers pour des institutions financières et des fortunes privées

Actif sous gestion (au 31 mars) 90,9 milliards CA

Revenus (pour 12 mois au 31 mars) 230,5 millions (+32 % en un an)

Bénéfice net (pour 12 mois au 31 mars) 28,5 millions (+77 % en un an)

Effectif 450 employés (Montréal, Toronto, Calgary, New York, Los Angeles, San Francisco)

Valeur boursière (au 5 juin) 919 millions (Bourse de Toronto)

Principaux actionnaires Banque Nationale, Jean-Guy Desjardins (président du conseil), Mouvement Desjardins, Fonds Banque Scotia, Fonds CIBC/Dynamic, Jean C. Monty, dirigeants, etc.

Sources : Fiera Capital, Bloomberg

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