Mon clin d’œil

En décrochant le crucifix au conseil municipal de Montréal, ça va faire un trou dans le mur, symbole beaucoup plus représentatif de la métropole.

Opinion : Climat

Procrastiner, c’est nous tuer

Lettre d’un millénial à un baby-boomer au sujet de l’environnement

Salut le boomer, ça fait longtemps que l’on ne s’est pas parlé. Après tout, derrière nos comptes Instagram et nos partages de memes, il est rare qu’on se trouve des chances de communiquer.

Je ne sais pas si t’as remarqué, mais beaucoup de gens se sont déplacés, vendredi dernier, pour la grève mondiale de la jeunesse pour le climat. La génération en ligne s’est mise en ligne dans la rue pour essayer de rendre notre peuple digne. Après plusieurs années d’inaction, notre génération a essayé d’attirer ton attention.

Maintenant tu nous crois lorsqu’on te dit que notre planète ne ressemblera plus à ce qu’elle était autrefois. On a bien beau crier victoire, mais on est loin d’être sortis de nos déboires. Ce ne sont plus de simples pensées qui changeront notre réalité. Ce sont de réelles actions qui nous sauveront de notre situation.

Durant toute ta vie, tu as eu la chance de vivre sur une planète tempérée ; nous, on vivra sur un enfer coincé. T’as voulu nous élever en nous apprenant c’est quoi, l’équité ; moi, j’ai l’impression d’avoir eu une leçon sur l’hypocrisie et la tromperie. Mais assez sur le passé, parlons de ce qui semble être notre destinée.

Elles sont bien belles, tes paroles, mais soyons francs : tu l’aimes encore, ton pétrole. Pourtant, tu veux investir dans les maternelles 4 ans, mais dans 11 ans les changements climatiques vont nous rentrer dedans. Si tu tiens tant à investir en éducation, c’est que tu crois à cette institution. Pourtant, lorsque celle-ci prend position, tu l’ignores pour gagner tes prochaines élections.

Même si les scientifiques te disent que ce n’est bon à rien, tu le veux encore, ton troisième lien. Tu veux encore agrandir tes autoroutes, même si cette idée ne tient plus la route.

Tu as voté pour une coalition de l’avenir, pourtant, tu ne réalises pas que notre navire a perdu le cap et va nous détruire.

En garderie, on nous apprend à faire des compromis, mais il semble que cette simple leçon soit tombée dans ton oubli. Le développement durable, c’est faire des compromis entre l’économie, nos amis et la planète sur laquelle on vit. Si tu veux faire un projet polluant, crée des mesures d’atténuation. Si ton projet émettra autant que 150 000 voitures, ne prends pas de demi-mesures. Investis dans des infrastructures qui élimineront nos besoins en hydrocarbures.

La bonne nouvelle, c’est que si tes intentions changeaient et allaient dans la bonne direction, tu aurais l’appui de toute une génération. De la même façon que tu nous as appris à faire du vélo avant d’être ados, moi et mes amis t’apprendrons aussi à faire du BIXI. On sera présents et patients pour t'aider à faire des changements ; après tout, notre survie en dépend. On est partants pour collaborer, mais à un certain point, ça va prendre un peu de bonne volonté. Sans accommodement raisonnable, un conflit générationnel sera inévitable.

Un jour, ce sera notre tour

Un jour notre génération dirigera cette belle nation. À moins de changer tes manières, lorsqu’il y aura décisions budgétaires, nos choix seront clairs : nous penserons à nous-mêmes comme tu nous as appris à le faire. Entre te nourrir dans un CHSLD ou investir pour nous sauver, on ne va pas se mentir : tu n’auras pas grand-chose à manger. Ce choix sera sans gaieté, mais tu nous l’auras imposé…

Il m’attriste que cette dernière menace semble être la seule façon de te remettre à ta place, mais par cette intimidation, je vise seulement une conscientisation. Là est la pierre angulaire de mon argumentation, qui se veut la parole de ma génération.

C’est bien beau, dire que tu penses à l’environnement, mais le réel jugement portera sur la façon dont tu changes tes comportements. Parce que dans une course aussi serrée qu’est celle de sauver notre planète adorée, procrastiner, c’est nous tuer.

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