Opinion : Transport

Montréal doit se doter d’un vrai réseau cyclable quatre saisons

Je fais du vélo quotidiennement pour aller au travail ou à mes activités, même pendant l’hiver. Le vélo d’hiver n’a rien à voir avec les balades estivales. C’est une expérience que je compare plutôt à une activité de plein air comme la raquette ou le ski de fond. Je dois cependant avouer que bien souvent, les conditions de la route ne sont pas optimales et que je choisis parfois de laisser mon vélo à la maison.

Alors que se tenait récemment un sommet sur le vélo d’hiver à Montréal, je crois qu’il est temps de revoir sérieusement l’aménagement du réseau cyclable montréalais et les ressources consacrées par la Ville de Montréal pour le déneiger.

J’aimerais d’abord rappeler que la planification et l’aménagement du réseau cyclable sont une compétence exclusive de la ville-centre. Les arrondissements n’ont que le mandat d’entretenir le réseau et d’émettre des recommandations. C’est la même chose même pour le déneigement.

La Ville a centralisé l’ensemble des pouvoirs liés au réseau cyclable : de l’adoption des politiques jusqu’à l’octroi des contrats en passant par le contrôle budgétaire.

Tout ce que les arrondissements peuvent faire, c’est appliquer les contrats et la politique de déneigement de la Ville. S’ils souhaitent en faire davantage, ils doivent le faire à leurs frais. Cela inclut le déneigement du réseau cyclable pendant l’hiver.

Confusion en deux temps

Qu’est-ce que le réseau cyclable d’hiver ? C’est une partie de tout le réseau cyclable qui devrait être accessible à l’année. C’est ce qu’on appelle le réseau quatre saisons. Ce réseau inclut les pistes cyclables en site propre, comme celles sur De Maisonneuve, Rachel ou Boyer. Ces pistes peuvent être déneigées efficacement en toutes circonstances et sans entrave.

Il inclut aussi les bandes cyclables. C’est là que le bât blesse. En 2013, l’administration Coderre a décidé de convertir le réseau estival existant et les futures bandes cyclables en réseau quatre saisons. Pourquoi ? Parce qu’on présume que le réseau étant peint sur la rue, les déneigeuses feront le déneigement requis et qu’il sera automatiquement praticable.

Or, tous les cyclistes d’hiver vous le diront, moi y compris : c’est faux. L’aménagement ne permet pas de bien déneiger le réseau. La bande cyclable étant située entre la voie de circulation et les voitures stationnées, il y a inévitablement de la neige qui s’y accumule. Même si on pousse la neige vers les voitures deux fois par jour, celles qui arrivent et repartent ramènent toujours la neige dans la bande cyclable. Sans oublier que nous ne pouvons pas complètement enlever la neige des bandes car elles sont trop près des voitures stationnées.

Bref, peu importe les efforts, la neige se retrouve toujours sur la bande cyclable ce qui a généralement pour effet de l’amputer au moins de moitié.

Nous devons donc faire mieux. Rosemont–La Petite-Patrie s’apprête à mettre en œuvre un projet pilote avec un nouvel équipement dans les rues de Bellechasse et Saint-Dominique, à ses frais. Si cela s’avère convaincant, il faudra reproduire cette méthode partout à Montréal.

Néanmoins, sans une révision des aménagements, les bandes cyclables ne pourront jamais réellement être considérées comme faisant partie d’un réseau quatre saisons. Si on veut prétendre à un vrai réseau quatre saisons, la Ville et les arrondissements doivent plus que jamais travailler ensemble pour trouver les meilleures méthodes de déneigement et les aménagements optimaux pour permettre une pratique du vélo d’hiver sécuritaire et agréable.

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