GRAND ANGLE

Un ancien punk de Nigadoo

Elle faisait un peu pic-pic, hier, la Foire des Francos : une quarantaine de tables serrées entre la scène Ford et l’escalier de l’esplanade de Place des Arts où les artisans-bijoutiers côtoyaient les représentants de maisons de disques et autres vendeurs de t-shirts.

Le programme parle de « la 2e Foire »… Curieux. Il y en a eu plus que ça depuis 1989. L’idée a probablement été abandonnée et on l’a reprise en 2014, mais ce n’est pas encore « ça ». Sur le thème Musique, art et mode, un festival comme les FrancoFolies, dans une ville comme Montréal qui regorge de créateurs de toutes allégeances, doit s’organiser pour offrir plus – et mieux – que ce qu’on a vu dans la rue hier.

Les courtes prestations d’artistes émergents – Carl-Éric Hudon, Félix Dyotte, Ariane Zita, etc. – sont une bonne idée certes, mais le marché lui-même sent le bâclé. Qu’importe que le modèle soit le marché public, le bazar ou le souk, faudrait juste le faire comme du monde.

PAS FAITS EN CHOCOLAT 

Pour le directeur de la programmation des FrancoFolies, Laurent Saulnier, la plus belle surprise du premier week-end, par ailleurs, a été l’ampleur de la foule qui, vendredi soir, est restée pour le spectacle du rappeur Koriass et son Gros Orchestre, « dans la flotte totale ».

« Je ne me souviens pas avoir vu autant de monde sous la pluie. »

— Laurent Saulnier, directeur de la programmation des FrancoFolies en parlant du spectacle de Koriass

Il a évoqué d’autres prestations dégoulinantes, comme celle de Cœur de Pirate en 2010.

La grosse affaire reste toutefois le spectacle d’Alex Nevsky qui, entouré de Radio Radio, Fanny Bloom et Marie-Pierre Arthur, a montré la mesure de sa popularité, samedi soir sur la grande scène Bell de la place des Festivals. Imaginez un peu s’il savait parler au monde…

C’était plus tranquille hier soir même s’il y avait foule pour Brigitte Boisjoli à la scène Ford à 20 h. La petite dame est à l’aise… Le Pub Rickard’s dans le « Spectrou » (Sainte-Catherine et De Bleury) était aussi plein pour Louis-Philippe Gingras, qui fausse comme ça se peut pas et s’en fout complètement quand il chante ses histoires à boire debout.

FRANCOPHONIE CANADIENNE

En appui à la francophonie canadienne, que les Québécois nombrilistes ont tendance à oublier, les Francos ouvrent depuis quatre ans leur grande scène à l’émission jeunesse Jam de TFO, qui parcourt le Canada à la recherche de nouveaux talents. On en a vu deux vrais hier : Éléa Saunier de Vancouver et Catherine Dagenais de Montréal.

Le coup dans le plexus, toutefois, on l’a eu devant la scène Nouvelle Chanson de Sirius où se produisait à 19 h le Néo-Brunswickois Joey Robin Haché.

L’ancien punk de Nigadoo, dans la baie des Chaleurs, a une façon bien à lui de raconter ses angoisses – comme celle d’« apprendre à driver standard » –, il compose la musique qui va avec, guitare jouée à l’archet, et s’entoure de musiciens top niveau comme Guillaume Arsenault de Bonaventure, un orchestre à lui seul à la mélodica et réalisateur du CD de Haché, Repaver l’âme.

Pourrait peut-être, à sa prochaine visite, l’ami Haché, en profiter pour paver l’esplanade Clark si la ville est encore empêtrée dans le projet de patinoire-parking qui n’en finit plus de ne pas aboutir…

Entre-temps, les 27es FrancoFolies vont se continuer. En plus tranquille ce soir lundi, mais toujours avec la commandite de Molson Canadian, la bière « musicale » de la grande brasserie montréalaise : « Eau canadienne, orge des Prairies, aucun agent de conservation ».

FrancoFolies, Molson Canadian… Drôle de match, mais la lager (5 % alcool par volume), sauf erreur, s’appelait « Canadienne » à sa naissance. Clin d’œil de l’histoire au marketing ou est-ce l’inverse ?

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