COMMANDITÉ
l e D e r n i e r é c r a n

C’est arrivé dans un cours d’histoire

C’est à la suite d’un simple commentaire d’un élève que Mathieu Beauséjour, professeur d’histoire au secondaire, a vu sa vie professionnelle complètement changer. Depuis, il a mis sur pied un projet pilote qui révolutionnera peut-être la façon dont on enseigne cette matière. Regard sur l’école du futur.

Depuis 12 ans, Mathieu Beauséjour est prof d’histoire et de géographie. Il enseigne présentement au Collège Saint-Sacrement, un établissement privé de Terrebonne. En 2016, un de ses élèves, après avoir vu qu’il allait étudier la Révolution américaine, lui a fait remarquer que c’était la même époque que celle dans laquelle se déroulait son jeu vidéo. «  Il avait fait le lien entre cette fiction historique et la matière au programme, raconte l’enseignant. Pendant les vacances des fêtes, il m’a passé sa console de jeux.  »

Mathieu a immédiatement saisi l’impact qu’aurait un tel outil, et comment il pourrait utiliser le jeu pour couvrir l’arrivée des loyalistes et capter l’intérêt de son auditoire.

Il a alors plongé ses élèves dans l’univers du jeu en question, en jouant devant eux à une séquence qui se déroulait dans le Boston du 18e siècle. Les jeunes ont adoré.

Par la suite, les élèves devaient analyser les éléments figurant dans le jeu en utilisant la méthode historique pour comprendre les enjeux liés aux mouvements migratoires de l’époque. 

«  À l’ère des fausses nouvelles, l’idée de développer la pensée critique des élèves en les amenant à se questionner sur les faits et à reconnaître ce qui est de la fiction était tout indiquée.  »

R e v o i r l e s m é t h o d e s d ’ e n s e i g n e m e n t

Mathieu Beauséjour avoue qu’il a un intérêt personnel pour la neuroéducation. «  Mes lectures m’ont amené à réfléchir aux méthodes d’enseignement actuelles et à élaborer une manière de les rendre plus efficaces auprès des jeunes  », affirme celui qui enseigne actuellement à des jeunes de 11 à 14 ans.

Cette génération post-milléniaux est née dans un environnement complètement numérique. «  Leur processus d’apprentissage diffère de ce qu’on a connu jusqu’à présent, note Mathieu. On commence même à voir le mot gamification – ludification, en français – apparaître dans les documents d’études en pédagogie.  »

«  Il est prouvé que la motivation des élèves est plus grande, et la persévérance scolaire plus marquée, lorsque le cerveau des apprentis est stimulé par le plaisir plutôt que par l’imposition de contraintes.  »

– Mathieu Beauséjour, professeur d’histoire

Sa démarche a d’abord valu à Mathieu Beauséjour quelques regards dubitatifs, jusqu’à ce qu’il gagne un prix, celui de l’Excellence en histoire remis par la Société des professeurs d’histoire du Québec, et qu’il soit en lice pour un Prix du Gouverneur général du Canada.

U n n o u v e a u p r o j e t p r o m e t t e u r

Mathieu Beauséjour avoue ne pas être un adepte du jeu vidéo. Il a pourtant passé plus de 100 heures, l’été dernier, à faire de la recherche sur le sujet pour donner vie à son second projet, qui verra le jour fin novembre.

«  Ma véritable passion, ce n’est pas le jeu vidéo. C’est la mise sur pied d’un projet d’apprentissage novateur et utile. Je tiens à ce que mes élèves aient du plaisir et apprennent bien la matière.  »

Ce deuxième projet, le professeur le mène en collaboration avec une boîte réputée afin de développer un jeu éducatif exempt de violence. Celui-ci permettra de s’immerger au cœur de l’histoire et servira d’outil pédagogique pour couvrir certains concepts au programme enseigné aux 323 élèves de 1re secondaire.

Le nouveau projet de Mathieu Beauséjour intéresse déjà un groupe de recherche de l’Université de Montréal. «  On sait que l’expérience la plus puissante n’est pas le jeu en soi. C’est la combinaison du jeu et de la présence active du prof  », précise Mathieu, qui croit fermement que le développement technologique n’est pas à la veille de rendre l’humain inutile. Du moins, pas en éducation.

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