Monsieur l’inspecteur

Le retour des fourmis

Avec l’arrivée du printemps, ce sera le grand réveil des fourmis charpentières. Si quelques-unes s’aventurent à l’intérieur à la vue de tous, il y en a probablement des dizaines d’autres dans un nid pas très loin.

Les fourmis vivent dans la nature. Quand on leur ouvre la porte, cependant, elles s’invitent volontiers dans nos maisons. Une ou deux à la fois, parfois même des dizaines en file indienne. Il n’y a pas que la chaleur et la nourriture qui les intéressent.

Dans le cas des fourmis charpentières, c’est d’abord l’odeur du bois humide qui les attire. Elles y voient l’endroit idéal pour mettre au travail leurs puissantes mandibules et créer un nouveau nid. Le réseau de galeries qu’elles se grugeront dans le bois au fil des années peut dangereusement affaiblir la structure d’un balcon ou d’un toit.

Une précision d’emblée : les fourmis charpentières ne sont pas des termites. Ces derniers mangent le bois pour s’alimenter. Dans certains pays, ils ruinent des bâtiments entiers. Chez nous, leurs cousines charpentières créent des dommages de bien moindre ampleur. Elles ne grugent le bois que pour s’aménager un nid et un réseau de galeries. Elles régurgitent des sciures de bois, qui deviennent un précieux indice visuel pour repérer leur présence.

« Au début du mois de mars, avec le redoux, des fourmis charpentières se sont réveillées et nous avons eu nos premiers appels. Avec le printemps qui arrive, les appels vont se multiplier. »

— Alex Laberge, fondateur du service d’extermination Alex-Termination

Au printemps, les premières fourmis à se réveiller cherchent de la chaleur dans les aires habitables. Avec un peu de chance, elles trouveront aussi des aliments, de préférence sucrés. Elles peuvent ensuite passer l’été en plein air, puis revenir à l’automne.

Peu importe la fréquence de leurs expéditions à l’intérieur, une chose est certaine : leur nid n’est jamais loin. Et s’il se trouve dans le bois de la charpente de la maison, alors on n’a pas un seul problème, mais deux :  un nid à éliminer et une infiltration d’eau à corriger.

La fourmi charpentière est noire. Elle fait environ 10 mm. On l’appelle aussi fourmi gâte-bois. Son thorax (immédiatement derrière la tête) affiche une courbe dorsale régulière. Si le thorax a deux bosses, c’est une fourmi de gazon.

Les fourmis de gazon s’invitent dans la maison principalement pour s’alimenter. On doit boucher les trous et protéger les aliments dans le garde-manger. Pour les confondre, le biologiste retraité de l’Université du Québec à Chicoutimi Robert Loiselle suggère de laver leur sentier avec un produit contenant de l’ammoniac. On efface ainsi la trace laissée par leurs phéromones.

La présence de charpentières est plus inquiétante. Si le nid est dans la maison, c’est qu’il y a quelque part du bois humide et possiblement pourri. On doit trouver le nid, le détruire, colmater l’infiltration d’eau et remplacer tout le bois détérioré par l’humidité et le travail des fourmis.

Où chercher les nids ?

> Dans le bois du plancher ou de la structure d’un balcon qui s’égoutte mal.

> Sous une porte, dans un seuil qui n’est pas étanche (souvent sous une porte-fenêtre).

> Dans la charpente du toit, à un endroit qui prend l’eau, comme le long d’une cheminée.

> Le bois de chauffage ou de construction empilé près de la maison est aussi un milieu idéal pour établir un nid, surtout lorsqu’il traîne depuis trois ans ou plus.

Quand on voit des fourmis charpentières plutôt dodues dans la maison, le nid existe depuis au moins trois ans. « La première année, les fourmis ouvrières sont toutes petites. Avant que la reine ne ponde des œufs qui deviendront des ouvrières aussi grosses qu’elle, il s’écoule de quatre à cinq ans. »

En inspection préachat, on cherche de mauvais assemblages de matériaux par où l’eau peut s’infiltrer. On cherche aussi des sciures suspectes, qui pourraient refléter l’activité des fourmis charpentières. Comme la plupart des éléments de structure en bois d’une maison sont dissimulés derrière des murs finis, il est souvent impossible de détecter la présence de fourmis, à moins qu’elles ne se pointent pendant l’inspection.

Depuis quelques années, des fourmis charpentières et leurs galeries sont repérées aussi dans des matériaux isolants comme les panneaux de polystyrène et le polyuréthane giclé.

Les fourmis ne transportent pas de bactéries ou de virus qui peuvent nuire à la santé des humains. Cependant, quand leur présence est récurrente et que leur taille nous porte à croire que ce sont bien des fourmis charpentières, alors l’intervention d’un exterminateur est fortement recommandée.

L’exterminateur identifiera l’espèce de fourmis et cherchera les nids. Entre un nid dans la maison et un nid dans la nature, le traitement pour éliminer leur présence à l’intérieur sera très différent. Attention : la concurrence est forte entre exterminateurs, et seuls les meilleurs comprennent bien le mode de vie complexe des fourmis.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.