Jeux vidéo et divertissement numérique

Le défi du capital humain

En réponse à la récente chronique d’Alain Dubuc « Les voleurs de jobs »

Au cours des derniers jours, le débat public s’est enflammé autour de la question de la pertinence des crédits d’impôt dans le secteur du jeu vidéo, y compris dans une chronique d’Alain Dubuc dans la section Débats de La Presse+.

Plusieurs commentateurs ont fait un lien entre les crédits d’impôt du multimédia et les enjeux criants de pénurie de main-d’œuvre que connaissent certaines des entreprises du milieu technologique. Nous ressentons le besoin de réagir puisque nous représentons plus de 100 entreprises actives dans le divertissement numérique et les jeux vidéo au Québec.

Nous divergeons d’opinion avec M. Dubuc sur la « rentabilité » des crédits d’impôt pour notre secteur, qui ont permis la création de ce que nous appelons avec fierté « le miracle québécois » du jeu vidéo et fait du Québec la troisième puissance mondiale de ce secteur en une quinzaine d’années. En outre, les experts de KPMG ont fait la démonstration dans le cadre des travaux de la Commission sur l’examen sur la fiscalité que ces crédits d’impôt ont un coût nul, puisqu’ils permettent des entrées fiscales au moins équivalentes aux crédits eux-mêmes.

La vraie question aujourd’hui est celle de la difficulté à trouver de la main-d’œuvre qualifiée pour nos membres comme pour les autres entreprises du domaine de la « créativité numérique » (jeux vidéo ; effets spéciaux ; vidéo ; événements et multimédia ; etc.). Nous comprenons tout à fait le stress que cette situation de croissance accélérée suscite chez certains, sachant que l’ensemble de nos membres, petits comme grands, surmontent tous de nombreux défis de développement de nouveaux marchés, notamment ceux liés à la pénurie de main-d’œuvre et à l’attraction de talents étrangers.

Nous jugeons donc qu’il s’agit d’un enjeu de rareté de main-d’œuvre, et non de fiscalité ou d’environnement d’affaires inadéquat.

Expertise et souplesse

Nous demeurons convaincus que la clé de la prospérité pour tout le Québec innovant réside dans l’expertise et la souplesse des équipes créatives à condition, bien entendu, qu’elles soient en nombre suffisant et qu’elles soient jumelées à un climat d’affaires prévisible pour ses avantages compétitifs à long terme.

Pour saisir toute l’importance de la rareté des travailleurs qualifiés au sein de l’ensemble des secteurs technologiques, il suffit de se rappeler le rôle de l’innovation et de la créativité dans notre prospérité actuelle et future. Qu’il s’agisse des technologies vertes, de l’aérospatiale, des sciences de la santé ou du secteur financier, tous recherchent des professionnels formés en génie, en informatique ou en technologies pour aborder leurs défis de commercialisation, d’accès aux marchés et de développement de produits.

Ainsi, face à la rareté de la main-d’œuvre qualifiée au sein de plusieurs professions, la solution demeure de stimuler la relève et la valorisation des sciences auprès de nos jeunes, en plus de recourir au recrutement de travailleurs étrangers qualifiés, sachant que la population du Québec ne suffira pas à répondre à la demande. À plus long terme, l’éducation et des politiques natalistes aideront également à assurer le développement d’une main-d’œuvre locale.

Et la bonne nouvelle, c’est que la communauté des entreprises innovantes et technologiques, incluant la centaine d’entreprises de jeux vidéo du Québec, est déjà très proactive et déploie une panoplie d’initiatives dans lesquelles divers représentants de notre industrie assument un rôle de leadership.

Stimuler la relève

Les gestionnaires de studios de jeux vidéo s’investissent de manière exemplaire auprès des jeunes du Québec.

D’abord, signalons combien les facultés de génie et des sciences informatiques de toutes les universités du Québec ont au fil du temps développé des liens forts avec les leaders de l’industrie numérique afin que les cursus restent à la fine pointe des innovations et des nouvelles tendances. Il s’agit d’une démarche importante qui prend tout son sens dans la durée et dans la régularité de ces rencontres et de ces échanges.

Nos studios multiplient les ouvertures de stages et les activités de valorisation des sciences et d’initiation aux technologies auprès de groupes de jeunes allant du niveau primaire à universitaire tout au long de l’année.

Par exemple, cet été, cinq studios de jeu vidéo montréalais accueilleront une quinzaine de jeunes étudiantes de 3e secondaire pour les initier aux métiers de la programmation. Il s’agit d’une initiative que nous avons élaborée en collaboration avec l’équipe de Relève Montréal.

Unie et solidaire

La nouvelle Stratégie en matière de compétences mondiales du Canada permettra aux travailleurs internationaux hautement qualifiés qui viennent au pays d’obtenir dans un délai de deux semaines leur permis de travail temporaire.

L’Alliance numérique reste certaine que la communauté d’affaires réussira à mieux surmonter cette crise en demeurant unie et solidaire et en misant sur des initiatives de collaboration telles que les comités de travail que, par exemple, les grappes industrielles peuvent déployer.

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