Partenariat transpacifique

Le Canada n'avait pas le choix, selon des experts

C’est un « accord commercial d’une nouvelle génération » auquel le Canada n’avait pas le choix de participer, selon les experts. Mais un accord qui précède aussi un gigantesque processus de ratification pas gagné d’avance. Le PTP en trois questions.

JUSQU’À QUEL POINT LE PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE POURRAIT-IL CHANGER LE PAYSAGE COMMERCIAL DU CANADA ?

Comme pour tout accord commercial, la mesure détaillée de l’impact des gains ou des concessions négociés par le Canada dans le cadre du PTP sera longue à établir. Le Canada n’avait pas le choix et devait y participer, selon les experts. « Quand les États-Unis, le Japon et même le Mexique se sont joints aux négociations du PTP, c’est devenu trop gros et trop important pour que le Canada s’en abstienne. [Sinon], c’était le risque considérable d’être marginalisé parmi ses principaux partenaires commerciaux », résume Ari Van Assche, directeur des études internationales à HEC Montréal.

« Aucun accord de cette importance pour l’économie mondiale n’a été conclu depuis celui instituant l’Organisation mondiale du commerce [OMC] en 1994, souligne Jean-Frédéric Morin, directeur de la Chaire de recherche en économie politique internationale à l’Université Laval. Le PTP aura un effet structurel sur l’ensemble du système commercial international. »

COMMENT LE PTP SE COMPARE-T-IL AUX AUTRES GRANDS ACCORDS COMMERCIAUX ?

Pour Jean-Frédéric Morin, le PTP représente « un accord commercial de nouvelle génération » et un « nouvel étalon sur lequel seront évalués les accords futurs ». « À la différence des divers accords conclus depuis 20 ans, le PTP implique des acteurs très importants de l’économie mondiale, en raison de la taille de leur marché ou de leur taux de croissance. 

« Aussi, le PTP intègre davantage des sujets à peine abordés dans les accords existants, comme la libéralisation des services. Enfin, le PTP inclut de nouveaux sujets encore absents des accords précédents, comme la lutte contre la surpêche. »

À QUOI FAUT-IL S’ATTENDRE DU PROCESSUS DE RATIFICATION ? Y A-T-IL DES ÉCUEILS À PRÉVOIR DANS LES 12 PAYS ?

« L’accord du PTP est d’une complexité et d’une ampleur sans précédent. D’où le risque assez élevé d’embûches politiques, notamment au Canada et aux États-Unis, qui pourraient compliquer son adoption parmi les 12 pays », anticipe Ari Van Assche.

Pierre Pettigrew, ex-ministre canadien du Commerce international, aujourd’hui conseiller international chez Deloitte Touche et arbitre en litiges à l’Organisation mondiale du commerce, ne cache pas un certain scepticisme.

« Le groupe des 12 pays négociants du PTP est beaucoup plus varié, hétéroclite même, que ce que l’on a vu jusqu’à maintenant dans de grands accords commerciaux entre quelques pays voisins, a-t-il dit à La Presse.

« Est-ce que tous les compromis faits de part et d’autre tiendront la route, dans tous les pays signataires ? Ça reste à voir, d’autant que les négociations se sont déroulées surtout derrière des portes closes. »

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