Ryan Poehling

Toujours en avance

L’été dernier, les Huskies de l’Université d’État de Saint Cloud recevaient toute une infusion de talent de la famille Poehling. Ryan, qui avait alors 17 ans, débarquait dans ce collège du Minnesota avec ses frères Nick et Jack, deux jumeaux de 20 ans.

« La première fois que je l’ai vu, je pensais que Ryan était un des frères aînés ! », dit en rigolant Jon Lizotte, un des trois autres joueurs de St. Cloud invités au camp de développement du Canadien, cette semaine à Brossard.

Poehling, c’est le joueur que le Canadien a sélectionné au premier tour (25e au total) au dernier repêchage. Du haut de ses 6 pi 2 po, avec ses larges épaules et son ton assuré en entrevue, il ne fait effectivement pas ses 18 ans. Physiquement, parce qu’il a été gâté par la génétique. Et dans sa personnalité, peut-être parce qu’il a toujours frayé avec ses deux frères.

Qu’importe les causes, Poehling a toujours eu l’habitude de sauter les étapes. Il l’a fait l’an dernier en passant dans les rangs universitaires même s’il pouvait jouer une année de plus au secondaire ou dans les rangs juniors, en USHL.

Et maintenant, Poehling entend court-circuiter une autre étape. S’il n’en tient qu’à lui, pas question d’écouler ses trois dernières années d’admissibilité à l’université.

« J’ai toujours voulu décrocher un diplôme, mais mon but n’est pas seulement d’atteindre la LNH, c’est d’avoir une carrière dans la LNH, a-t-il expliqué après un entraînement, hier. Si je suis prêt à franchir cette étape, ça ne me dérangera pas de quitter l’université. Après le hockey, il y aura une vie, et l’école, tu peux toujours y retourner. Mais le hockey, ça se passe maintenant.

« Je veux pleinement me développer comme joueur avant d’atteindre la LNH, car ce n’est pas une ligue de développement. Je crois avoir besoin d’au moins un an, sinon deux. C’est ma meilleure estimation. »

C’est là une information intéressante, car dans les récents repêchages, le Canadien a souvent eu à se montrer patient envers ses espoirs qui choisissent la NCAA. En 2014, l’équipe a sélectionné trois futurs étudiants : le défenseur Nikolas Koberstein, le gardien Hayden Hawkey et l’attaquant Jake Evans. Les trois retourneront sur les bancs d’école en 2017-2018. Ce sera une dernière saison pour Evans, tandis que Hawkey et Koberstein pourraient y jouer jusqu’en 2019.

Pour Poehling, il importe surtout de gagner du muscle en attendant. Il pèse 189 lb et aimerait jouer à 200 lb. « J’ai une bonne ossature, mais je dois la remplir. Je ne suis pas un gars qui va vous épater au gymnase en soulevant des poids », admet-il.

Un homme dans un corps d’adolescent

Poehling ne doit pas trop se sentir dépaysé cette semaine à son premier camp de développement à Brossard. Ses coéquipiers de St. Cloud Robby Jackson, Jon Lizotte et James Schuldt ont tous reçu une invitation pour la semaine. Les trois sont en admiration devant leur jeune coéquipier.

« Il a dépassé nos attentes dès le début, a estimé Jackson. On savait qu’il était plus jeune, donc je m’attendais à un gars de 5 pi 5 po, 128 lb. Il est arrivé à 6 pi, lourd comme moi ! Il m’a épaté dès le début. On s’attendait à une plus longue période d’adaptation, mais après trois ou quatre matchs, il était déjà à l’aise. »

« En fin de saison, il commençait à dominer. Il est très combatif. Sa taille, son talent et son sens du hockey sont incroyables. Ça ira seulement en s’améliorant. »

— James Schuldt, coéquipier de Ryan Poehling avec les Huskies de l’Université d’État de Saint Cloud

Ses coéquipiers s’attendent tous à le voir parmi les meneurs de l’attaque de St. Cloud la saison prochaine, peut-être même dans un rôle de premier centre. Et Poehling souhaite justement développer l’aspect offensif de son jeu.

« Je me vois comme un joueur offensif. Je sais que l’équipe apprécie le fait que je puisse jouer défensivement, mais je veux être un joueur offensif pour le Canadien », martèle-t-il.

Poehling était effectivement un joueur offensif au secondaire, où il a amassé 54 points en 25 matchs à sa dernière année. Dans les rangs universitaires, en tant que plus jeune joueur de la NCAA la saison dernière, il a été limité à 13 points en 35 sorties.

Histoire de famille

Les questions familiales sont au cœur du parcours de Poehling. Assez rare pour un joueur de pouvoir faire équipe avec ses deux grands frères ! Le quatrième frangin, Luke, n’a que 13 ans et privilégie quant à lui le golf. « C’est plus simple aujourd’hui, maintenant que trois d’entre nous jouent au même endroit, reconnaît-il. Mais nos parents nous ont toujours soutenus. »

Mais Tim et Kris, les parents de cette famille de quatre enfants, ont été importants pour une autre raison.

« Quand j’étais jeune, mon père avait un travail à l’extérieur, il partait le lundi et revenait le vendredi. Donc, notre mère s’occupait de nous. Mon père a fini par se tanner et a abandonné cet emploi, mais il a ensuite appris qu’il avait une tumeur au cerveau. Il a subi des traitements pendant plus d’un an. Son entraînement quotidien était de marcher autour du bloc une fois. C’était dur de voir ça, quand c’est ton modèle.

« Aujourd’hui, il va mieux, il a même démarré une entreprise qu’il a vendue en septembre. Il est maintenant retraité. De voir le chemin qu’il a parcouru, c’est formidable. »

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