La rupture avec Coderre en trois enjeux
La mairesse Valérie Plante rompt avec des décisions prises par l’administration Coderre dans plusieurs dossiers, dont ceux des calèches du Vieux-Montréal, de la Formule E et du réaménagement de la rue Sainte-Catherine.
Les calèches devront partir
Moins de quatre mois après l’adoption d’un règlement sur les calèches, la mairesse de Montréal entend en interdire la circulation. En rencontre éditoriale avec La Presse, Mme Plante a toutefois précisé qu’elle ne bousculerait personne, compte tenu des emplois qui sont en jeu.
« On va faire une sortie progressive. Bien qu’il s’agisse d’une petite industrie privée – on a 24 calèches dans le Vieux-Montréal –, il faut faire une sortie progressive. Je ne donnerai pas d’échéancier, mais on va le faire », a-t-elle déclaré.
En 2016, trois mois après avoir renouvelé les permis de calèches, le maire Denis Coderre avait annoncé un moratoire. Mais il avait vite rebroussé chemin car les propriétaires de calèches avaient obtenu gain de cause devant les tribunaux. C’est ainsi que, l’été dernier, son administration avait proposé, puis adopté de nouvelles règles : obligation de laisser les chevaux au repos lorsque le thermomètre atteint 28 degrés Celsius, examen vétérinaire deux fois par an, écuries climatisées en été et chauffées en hiver, ainsi qu’une formation et un uniforme obligatoires pour les cochers.
Malgré ce nouvel encadrement, Mme Plante estime qu’il faut retirer les chevaux de la circulation du Vieux-Montréal.
Exit la FORMULE E ?
Pour ce qui est de la course de Formule E, il est loin d’être certain que les Montréalais la revoient dans les rues de la ville l’été prochain. La possibilité d’abandonner l’événement qui a soulevé la controverse politique est envisagée.
« Tous les scénarios sont sur la table, à savoir quel est le geste le plus responsable à faire pour les Montréalais et en respectant leur portefeuille, a affirmé Mme Plante. La façon dont le projet a été géré par la précédente administration nous laisse avec des décisions difficiles à prendre. »
Un tel événement revêt pourtant un potentiel intéressant pour faire la promotion de l’électrification des transports, a d’abord indiqué la mairesse. Mais le hic, selon elle, se situe dans la voie suivie par son prédécesseur pour développer le projet qui est ainsi devenu « complexe ». « C’est Montréal qui a été le promoteur, critique Valérie Plante. C’est très inhabituel et moi, je considère que ce n’est pas la bonne façon de faire. »
La Ville de Montréal a injecté plus de 24 millions dans l’événement, notamment pour aménager la piste de course au centre-ville – avec tous les inconvénients de congestion que cela a provoqués –, installer et démonter les clôtures. C’est toutefois un organisme à but non lucratif (OBNL), Montréal c’est électrique, qui en a été le gestionnaire et qui se retrouve maintenant en difficulté financière. Mme Plante s’est bornée à dire que la Ville est présentement en discussion avec l’OBNL pour régler la situation.
Une décision sur l’avenir de la Formule E sera connue très prochainement, compte tenu qu’il y a une échéance à la mi-janvier pour déterminer où devrait avoir lieu la course en 2018.
LA « TOUCHE PLANTE » rue sainte-catherine
Lorsqu’il a été question du réaménagement de la rue Sainte-Catherine, la nouvelle mairesse a démontré de l’enthousiasme tout en soulignant qu’elle entendait bien revoir le projet pour y imprimer sa vision. « Il y a eu beaucoup de travail fait en amont, des consultations. Tout ça tient, mais on va y ajouter une touche de l’administration Plante », a-t-elle indiqué.
Le réaménagement de la rue Sainte-Catherine est un projet d’envergure qui concerne le tronçon entre Atwater, à l’ouest, et De Bleury, à l’est. Le projet est en marche depuis déjà quelques années, et le chantier devrait être lancé en 2018. Il s’agit de remplacer des infrastructures souterraines, mais surtout de moderniser cette rue emblématique qui contribue fortement à l’identité de Montréal.
La mairesse est demeurée vague sur ce que signifie la « touche Plante ». Cela pourrait concerner la gestion du chantier, par exemple. L’aménagement de la rue est ciblé, a-t-elle confirmé, mais la piétonnisation n’est pas le modèle qu’elle privilégie.
Plus largement, Mme Plante parle de vitalité commerciale à revoir, d’animation de Sainte-Catherine comme espace public. Elle rappelle les changements profonds qui ont été réussis du côté du Plateau Mont-Royal, où l’augmentation du coût des parcomètres a servi à investir dans la revitalisation commerciale.
« Elle ne peut pas passer inaperçue, notre rue Sainte-Catherine. Il faut absolument qu’elle se démarque dans toute la métropole et dans la région métropolitaine comme un lieu de destination », lance-t-elle avec un large sourire.