SCIENCE

Rodinia, Laurentie, Pangée et Laurasie

Durant l’année internationale de la Terre qui, malgré son nom, a duré de 2007 à 2010, des géologues canadiens ont lancé un projet ambitieux : un livre scientifique destiné au grand public qui décrit l’histoire du Canada depuis 2,5 milliards d’années. Les versions française et anglaise des livres sont parues l’automne dernier.

« Avec la puissance de plus en plus grande des ordinateurs, on a pu, depuis 10 ans, combiner les informations de plusieurs modèles pour créer des cartes en trois dimensions des phénomènes géologiques qu’on observe en profondeur », explique Michel Malo, géologue spécialiste des Appalaches à l’Institut national de la recherche scientifique, qui a contribué à trois chapitres de l’ouvrage Quatre milliards d’années d’histoire. « On commence à avoir une assez bonne idée de ce qui s’est passé depuis le cambrien, et même au-delà, jusqu’à l’archéen. » La région la moins connue du Canada est l’Arctique, où il n’y a pas eu beaucoup d’échantillonnages aux fins de cartes géologiques.

1 milliard

Le Canada se trouvait, il y a plus d’un milliard d’années, à l’équateur, au cœur d’un supercontinent appelé Rodinia, qui regroupait toutes les terres de la planète.

Sa dislocation, il y a 750 millions d’années, a laissé isolée la Laurentie, qui regroupait les États-Unis, le Groenland et le Canada. Le Canada était alors décalé d’un quart de tour par rapport à maintenant : les Maritimes se trouvaient au sud et la Colombie-Britannique, au nord.

Ensuite, les continents ont continué à dériver et la Laurentie s’est rapprochée du continent Gondwana, l’actuelle Afrique. Une nouvelle région a vu le jour il y a 250 millions d’années lorsque l’Arctique et le Groenland se sont liés à la proto-Scandinavie, à la Russie et à la Chine pour former la Laurasie. Cette dernière, avec le Gondwana, formait le supercontinent Pangée. Par la suite, la Laurasie s’est séparée de la Pangée, avant de se scinder en deux à cause d’une mer intérieure qui allait du Yukon au Texas. L’Atlantique Nord est finalement apparu il y a 65 millions d’années, laissant l’Amérique du Nord à peu près dans sa forme actuelle.

Plus les géologues remontent dans le temps, plus leurs conclusions sont toutefois imprécises. Par exemple, on ne sait pas exactement où se trouvaient les différentes régions de Rodinia. « On en est même rendus à penser que les mouvements des continents n’ont pas été toujours régis par la tectonique des plaques, les déplacements des plaques tectoniques, dit M. Malo. Une récente étude de collègues de Québec semble confirmer qu’à l’archéen, il y a 2,5 milliards d’années, il y avait de la tectonique verticale plutôt qu’horizontale. » Tout le centre du Canada, le Bouclier canadien, s’est formé lors de la période de l’archéen.

Un autre champ d’études très prolifique cherche à élucider ce qui se passe à 1000 ou 2000 mètres de profondeur. « On veut mieux ausculter ce qui se passe en profondeur, explique M. Malo. Par exemple, comment certains fluides comme le gaz de shale ou le pétrole migrent vers la surface, comment les réservoirs se forment. Comment les gisements d’or ou de cuivre, par exemple, se forment par précipitation : on sait qu’ils sont dans des fluides et qu’en rencontrant certaines roches, il se produit une réaction physico-chimique, mais on ne connaît pas les détails. Quand on ouvre une mine, parfois les galeries ne se présentent pas toujours comme on l’avait imaginé à partir des sondages et des analyses géophysiques. »

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