Red Wings-Lightning

À une victoire des retrouvailles

TAMPA — Hier après-midi, dans le vestiaire du Lightning de Tampa Bay. Un septième match aura lieu d’ici à peine 24 heures dans cet aréna contre les Red Wings de Detroit. Et pourtant...

Le marché floridien étant ce qu’il est, on compte tout au plus une douzaine de journalistes dans le vestiaire. Trois caméras de télévision. Bref, un contingent qui ressemble à celui d’un entraînement optionnel du Canadien en décembre.

Dans ce vestiaire, Cédric Paquette, un héros obscur du sixième match contre les Red Wings, attend le représentant de La Presse en toute tranquillité, pendant que les journalistes de l’endroit s’arrachent les vétérans Brian Boyle et Ryan Callahan. Une entrevue seul à seul de sept minutes, en séries éliminatoires ? C’est la beauté des petits marchés.

« Mes proches me disent de gagner pour affronter le Canadien encore. Moi, je leur dis qu’on prend ça un match à la fois, qu’on a gagné le sixième match, mais qu’il en reste un autre », explique Paquette.

« Mais ça donne une petite motivation de plus. Quand tu as la chance d’affronter Montréal, ça donne un petit quelque chose de plus aux Québécois. Je l’ai vécu l’an passé, j’aimerais le revivre cette année, mais avec un autre résultat. Cette fois, ça serait une bonne série. »

L’APPRENTISSAGE QUI RAPPORTE

Ce seront là les seuls mots de Paquette sur un possible duel face au Tricolore. La tâche immédiate est beaucoup trop grande pour penser plus loin. Ce soir, il disputera un septième match pour la première fois de sa carrière chez les pros.

Paquette a tout intérêt à ne pas perdre sa concentration, car ça se déroule plutôt bien pour lui jusqu’ici. Le Gaspésien de 21 ans est par exemple l’homme de confiance de Jon Cooper en désavantage numérique – il joue trois minutes par match dans cette situation depuis le début de la série contre les Red Wings.

Une autre marque d’appréciation : en troisième période du match de lundi, quand son équipe devait protéger une avance d’un but, puis de deux buts, Paquette a eu droit à 11 présences. Aucun autre attaquant de son clan n’a été plus souvent sur la patinoire ! Et comme récompense, il a marqué dans un filet désert pour confirmer la victoire.

« Il me fait confiance dans un rôle défensif, physique, simple. Et plus il me fait confiance, plus j’ai confiance en moi. »

— Cédric Paquette au sujet de l’entraîneur-chef du Lightning, Jon Cooper

Aux yeux de Cooper, le Paquette que l’on voit sur la patinoire est un produit de l’élimination rapide du Lightning l’an passé, justement aux mains du Canadien. Même s’il n’avait que deux matchs d’expérience dans la LNH, Paquette avait disputé les quatre contre le CH. L’aventure s’était terminée dans l’amertume, puisque Max Pacioretty avait inscrit le but gagnant dans le quatrième match pendant une pénalité au Québécois.

Un an plus tard, le Lightning reçoit son retour sur l’investissement.

« Quand on l’a fait jouer l’an passé, c’était aussi pour donner de l’expérience à nos jeunes pour l’avenir, a admis Cooper, hier. On voulait tout de même gagner. Mais ces quatre matchs d’expérience ont été un apprentissage, il est maintenant habitué à ce type de situation sous pression et il mérite amplement son temps d’utilisation. »

LE VÉCU DES VÉTÉRANS

Comme Paquette, Tyler Johnson, Alex Killorn et Ondrej Palat disputeront aussi leur premier match ultime. En fait, des 12 attaquants en uniforme lors du dernier match, la moitié n’ont toujours pas disputé de septième match dans la LNH, en plus du gardien Ben Bishop.

« Quand tu es petit et que tu joues dans ta cour arrière, tu ne marques jamais le but gagnant du deuxième match. Tu marques le but gagnant en prolongation du septième match, illustre Steven Stamkos, qui disputera une troisième rencontre du genre dans sa carrière. On doit se rappeler cela, réaliser qu’on vit un rêve de disputer un septième match et travailler fort. »

Les entraîneurs du Lightning ont pris les grands moyens en ce sens lors de la réunion d’équipe, hier. Joueurs et entraîneurs ont témoigné de leurs expériences en septième match. Il y avait Valtteri Filppula, qui en a disputé six, dont un avec les Red Wings en finale de la Coupe Stanley en 2009, qu’il a perdu. Il y avait Anton Stralman (5-0) et Brian Boyle (4-0), tous deux invaincus dans des matchs ultimes, qu’ils ont disputés avec les Rangers de New York.

« Il y en a de toutes les sortes, rappelle Paquette. Certains ont gagné, certains ont perdu, d’autres sont invaincus. Les vétérans nous donnent de petits conseils et ça fait du bien. »

Malgré ces conseils, Paquette l’admet : il y a un peu de nervosité. « Je suis enthousiaste, on l’est tous, mais je suis aussi un peu nerveux. Notre saison est en jeu. On va donner notre 100 % à chaque présence. Tu ne peux pas sortir de là avec le regret de ne pas avoir donné le maximum. »

De Joel Ward à Alec Martinez en passant par Benoît Pouliot et Nino Niederreiter, les septièmes matchs sont souvent l’occasion de se démarquer pour des joueurs de soutien. Ce soir, Cédric Paquette aura la chance – pour la première fois – d’ajouter son nom à cette liste.

Red Wings de Detroit

Kronwall suspendu

Stéphane Quintal avait un dossier délicat entre les mains : sanctionner ou blanchir le meilleur défenseur des Red Wings de Detroit – un vétéran respecté, de surcroît – en vue d’un septième match. Le responsable de la sécurité des joueurs a finalement tranché : Niklas Kronwall a écopé d’une suspension d’un match pour sa percutante mise en échec à l’endroit de l’attaquant Nikita Kucherov, du Lightning. Dans sa vidéo explicative, la LNH souligne que les patins de Kronwall n’étaient plus sur la patinoire au moment de l’impact, ce qui constitue un assaut. De plus, on a estimé que Kronwall avait visé la tête plutôt que le corps. C’est sans oublier que le défenseur suédois n’a pas été puni pendant le match pour son geste. Les Wings devront donc se débrouiller sans leur patineur le plus sollicité. Depuis le début de la série, Kronwall a joué en moyenne 23 min 35 s par match.

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