Grand angle

Vers un Sommet de la nuit ?

Lyon a sa Charte de la vie nocturne ; São Paulo, son Manifestu da Noite. Londres a formé un groupe d’étude sur l’économie nocturne. Paris a son « maire de la nuit », Clément Léon, qui, avec les militants de la nuit, essaie de faire contrepoids aux Pierrots de la nuit, qui se promènent en ville en apostrophant tout le monde avec des CHUT ! D’un côté, des organismes comme Stop à la bistrophobie ! Gardons Paris vivant ! ; de l’autre, des placards qui disent « La nuit, le bruit nuit » ou « Chut ! Je ne m’entends plus rêver ».

« La nuit est devenue un territoire de revendication à cause du phénomène de l’embourgeoisement », dira Will Straw, professeur de communication à McGill et directeur du groupe de recherche multidisciplinaire et interuniversitaire The Urban Night. En août, le groupe a organisé le colloque La nuit urbaine : culture, sécurité, inclusion. Hier, avec Culture Montréal, The Urban Night tenait un atelier dans le cadre de Pop Montréal : « Les nuits culturelles de Montréal – Un appel à l’action ».

Un groupe ad hoc a commencé à travailler sur une déclaration qu’on veut éventuellement faire entériner – dans un sommet ? des états généraux ? – par tous les acteurs de nuit, tenanciers, travailleurs, etc., et autres intéressés, comme les résidants. Les enjeux : cohabitation et tolérance, et reconnaissance de la nuit comme tremplin économique et culturel.

L’été dernier, un projet-pilote a vu certains bars des rues Saint-Denis et Crescent rester ouverts jusqu’à 6 h ; la Société des alcools n’a pas donné son aval à la chose, entre autres parce que le projet montréalais, dit-on, n’était pas complet en ce qui touche le transport et la sécurité. En suspens.

Le maire Denis Coderre, on s’en doute bien, a d’autres chats à fouetter, mais il n’en a pas moins comme (autre) défi de s’occuper de cette partie de la vie de sa métropole, dont la réputation « culturelle », historiquement, doit beaucoup à son night life.

BACH À LA JAZZ

Le tout jeune Orchestre Nouvelle Génération, fondé par Yuli Turovski en 2011, s’est donné comme mission de sortir la musique classique des sentiers battus, tant dans l’interprétation de ses jeunes virtuoses que dans le choix du répertoire.

Pour sa première rencontre de l’ancien et du moderne cette saison, l’ONG – qui n’est pas vraiment une organisation non gouvernementale… – propose demain à la salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal la soirée Bach à la jazz, du titre de la pièce que le pianiste Matt Herskowitz a écrite pour le film d’animation Les Triplettes de Belleville, en 2003.

« La richesse rythmique de la musique de Bach fait que ses pièces s’adaptent bien à toutes sortes de grooves », nous dira le pianiste, joint hier à Alliance, en Ohio, où il donnait un concert solo qui, comme toujours, couvrait un vaste champ stylistique : Bach, Chopin et Schumann, Brubeck et Gershwin…

Demain, le programme de Herskowitz dépassera largement Bach à la jazz. « J’ai arrangé des pièces de Bach dans plusieurs styles et contextes, des mélanges à moi qui, au-delà de l’interprétation, mènent à des ambiances tout à fait différentes, mais dans lesquelles Bach est toujours reconnaissable. La complexité du contrepoint (juxtaposition des lignes mélodiques) dans sa musique offre plein de possibilités »… que le Montréalais originaire d’Albany se fait un bonheur d’exploiter.

Dans la portion Straight Bach du concert (20 h) : le Concerto brandebourgeois no 3 et le Concerto pour trois violons (en ré majeur). Après Bach à la jazz jouée en solo, Matt Herskowitz et l’ONG interpréteront, entre autres, le premier mouvement (Vivace) du Double concerto pour violons, avec les solistes Robert Margaryan et Yubin Kim.

À 40 $ du billet – 25 $ pour les étudiants –, admettons que ça ne fait pas cher la note…

24 HEURES DE VINYLE

Depuis 2007, le DJ montréalais Lexis – Alexis Charpentier – s’est créé, avec son site Music is my Sanctuary, un réseau international de tout premier ordre chez les research junkies, ses semblables, toujours en quête du microsillon rare pour illuminer leurs soirées, qu’ils soient seuls ou avec d’autres.

Fort de ces contacts, des habitués de sa webradio mensuelle, DJ Lexis a lancé en 2011 à Montréal ses « 24 heures de vinyle », auxquels ont participé des sommités comme Kid Koala et Poirier. Porté par le succès artistique du projet, Lexis a ensuite monté des « 24 heures » à Toronto, Vancouver et Paris.

Aujourd’hui, Lexis est dans un studio du quartier SOMA de San Francisco pour ses 11es « 24 heures de vinyle », auxquelles participent une quinzaine de DJ de la Bay Area. De 22 h ce soir à 22 h demain sur le site Music is my Sanctuary. De la musique comme vous n’en aurez jamais entendu. Garanti.

À L’AGENDA

Sur Félix – À l’occasion du 100e anniversaire de naissance de Félix Leclerc, la faculté de musique de l’UQAM organise, du 25 au 27 septembre, le colloque Pieds nus dans l’aube au XXIe siècle. Une vingtaine de conférenciers se pencheront sur différents aspects de l’œuvre et de la carrière de celui que l’on appelle « le père de la chanson québécoise ». En clôture : un concert-hommage avec le chanteur Claud Michaud et l’Orchestre philharmonique des musiciens de Montréal.

Lanois à Laval – Daniel Lanois, l’Outaouais le plus connu du monde musical, se produit dimanche à la Salle André-Mathieu où, comme il l’a fait en ouverture du Festival de jazz en juin, il interprétera les pièces de son disque à paraître cet automne. Suzanne Vega, elle, chante à la Maison des arts de Laval jeudi.

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