Sylvain Martel
Avec son équipe de Polytechnique, il a mis au point une technique pour faire circuler des appareils chirurgicaux minuscules dans le corps. Ces travaux, qui représentent une avancée en nanorobotique, ont été publiés dans la revue Science Robotics. Sylvain Martel est notre personnalité de la semaine.
La recherche québécoise en nanorobotique a franchi une nouvelle frontière récemment. Une équipe de Polytechnique, pilotée par Sylvain Martel, a en effet trouvé comment faire circuler des appareils chirurgicaux minuscules dans le corps grâce au magnétisme. La technologie est distincte de celles conçues par le chercheur dans le passé, parce que ses applications sont différentes.
On pense ici à des cathéters, de la fibre optique dans les vaisseaux sanguins pour filmer des zones difficiles d’accès, des appareils pour débloquer des vaisseaux bloqués ou réparer des anévrismes et autres interventions chirurgicales, que l’on réussit à faire bouger de façon efficace et avec une parfaite précision grâce à des aimants…
Les travaux de l’équipe de Sylvain Martel ont été publiés dans la revue Science Robotics.
Sylvain Martel, notre personnalité de la semaine, est né il y a 60 ans à Québec. Il est l’aîné d’une famille de trois enfants dont le père était directeur de banque.
Enfant, il aimait tout à l’école, raconte-t-il. « Et j’inventais des jeux, plutôt que de jouer avec, et je laissais les autres jouer. »
Quand est arrivé le temps de choisir où il irait au cégep, il ne savait pas où aller. Tout l’intéressait. Il rêvait tout autant d’être pilote d’avion, paléontologue ou entomologiste qu’ingénieur. « C’est comme quand je vais au restaurant, que je regarde le menu et que je trouve que tout a l’air bon », raconte le chercheur.
Finalement, c’est le génie électrique qui a gagné et c’est à l’Université du Québec à Trois-Rivières que le futur ingénieur a décroché son diplôme de premier cycle avant d’aller étudier pendant deux ans en informatique à McGill, à Montréal. Puis il est revenu au génie et a obtenu une maîtrise puis un doctorat en génie électrique biomédical.
Le chercheur est ensuite parti poursuivre ses travaux, en génie mécanique, cette fois, à Boston, en postdoc au MIT. Il y a travaillé en tout pendant 10 ans.
« Être là-bas [au MIT], ça m’a vraiment ouvert l’esprit. Là, il n’y a pas de limite à la technologie, tout est possible. »
— Sylvain Martel
Aussi dans l’armée
Fait inhabituel : pendant tout ce temps, Sylvain Martel était aussi dans l’armée, dans la réserve de la marine où il est entré à 17 ans, un engagement qui lui permettra même d’être commandant de navire. Il y est resté 29 ans. « Oui, j’ai réussi à combiner tout ça », explique-t-il. « J’y trouvais discipline, travail d’équipe. J’aimais aller sur l’eau. » Dans ces activités totalement à l’extérieur de son laboratoire, il trouvait paix, calme. « Ça me changeait les idées. »
Pendant deux ans, à la fin de son séjour américain, Martel a aussi fait la navette toutes les semaines entre Montréal et Boston, histoire de clore ses travaux au MIT, tout en amorçant un nouveau chapitre à Polytechnique, où il travaille depuis. « Je voulais vraiment mener à terme mes projets. »
À Montréal, il plonge dans la recherche sur le tout petit et il dirige aujourd’hui le Laboratoire de nanorobotique de Polytechnique Montréal. Là, ses travaux permettront de trouver, notamment des techniques pour faire circuler avec précision, dans le corps, des médicaments contre des cancers. La technique – des véhicules microscopiques, qui sont faits soit de polymères biodégradables, soit de bactéries autopropulsées armées de médicaments – permet en effet de transporter des molécules de traitement au cœur des cellules des tumeurs, ce qui n’était pas possible auparavant.
« Je touche à tout », explique le chercheur.
Au génie, bien sûr, mais aussi à la biologie, la biochimie, la médecine, l’imagerie médicale, la physique…
Son monde est interdisciplinaire. Et il continue de l’enrichir. « J’ai l’impression d’être toujours à l’école », dit celui qui passe son temps à dévorer les articles scientifiques en tous genres. « Et je pense qu’on devient meilleur pour apprendre, à force d’apprendre. »