Alimentation 

Le grand appétit de Viandes Rheintal

Nous avions rencontré Guylaine Buecheli en 2009, au tout début de son entreprise qui s’appelait alors Ferme Rheintal et se spécialisait en production de viande biologique, surtout du porc. Les années ont passé, l’entreprise a quitté la ferme et est devenue Viandes Rheintal il y a deux ans, mais Guylaine est toujours là à créer de délicieux saucissons, tous bios, et à les multiplier.

Elle semble très loin l’époque où Guylaine Buecheli faisait la route entre Nicolet et Montréal, dans sa petite voiture avec à bord un bébé et deux glacières remplies de viande. La femme d’affaires allait vendre ses produits en ville et cogner aux portes des commerces spécialisés de la métropole. 

« Je devais parfois arrêter pour allaiter sur le bord de la route et repartir », raconte la jeune femme rencontrée dans les bureaux de son entreprise, à Bécancour. C’est aussi dans cet espace industriel que toute la viande est transformée. « Je ne referais pas ce j’ai fait, mais je suis très heureuse de l’avoir fait. »

Durant la dernière décennie, il s’est passé beaucoup de choses dans la vie de l’entrepreneure, fille d’agriculteurs suisses installés dans cette partie du Centre-du-Québec. Beaucoup de choses qui l’ont menée à maintenant gérer seule sa petite entreprise de transformation dont les produits – viandes fraîches, sauce à spaghetti, rillettes, pâtés, saucisses, cretons, jambons et autres saucissons secs – se retrouvent maintenant dans certains grands supermarchés de Montréal et dans plusieurs boutiques, petites ou grandes, d’aliments sains. 

Au total, les produits signés Viandes Rheintal sont distribués dans 200 points de vente de la province. L’entreprise offre aussi toujours le service de livraison à domicile.

Une dizaine d’éleveurs bios

Au départ, Rheintal voulait transformer la viande que produisait sa ferme. « Mon conjoint, précise-t-elle, s’occupait de l’élevage et de la culture. » Guylaine a elle-même développé toutes les recettes des saucisses et fait la mise en marché. Il faut croire qu’elle a été efficace, car rapidement, la demande excédait la production de la ferme. Rheintal s’est alors associée avec d’autres producteurs bios du Québec. Aujourd’hui, ils sont une dizaine d’éleveurs qui travaillent en régie biologique à lui fournir sa viande. 

Après une formation en Europe, l’achat d’un séchoir et d’une étuve, Guylaine s’est lancée dans le saucisson sec, son dada. Ils sont faits avec des épices certifiées biologiques, mais aussi avec des épices boréales, comme le poivre des dunes, de la graine de myrica ou de l’épinette. La patronne tient à utiliser des produits d’artisans, comme du miel d’Anicet, ce fameux apiculteur de Ferme-Neuve, dans les Laurentides, pour son chorizo. Elle utilise aussi des fromages de la ferme Les Brousailles de l’Estrie et de L’Ancêtre, une fromagerie biologique située tout près, à Bécancour.

Cet amour des produits du terroir lui vient de ses parents.

« Quand mon père et ma mère allaient en Suisse, ils rapportaient toujours du fromage et des produits de charcuterie qu’ils emballaient dans du papier journal. »

— Guylaine Buecheli

Viandes Rheintal a maintenant 15 employés à temps plein et deux camions réfrigérés – finie l’époque des glacières ! Le chiffre d’affaires frôle les 3 millions de dollars et l’entreprise veut continuer de développer ses marchés. 

« J’ai toujours fait des plans d’affaires, dit-elle. Je savais chaque année ce que je voulais atteindre, je connaissais mes chiffres d’affaires. »

Un plaisir épicurien

Éventuellement, Guylaine veut se procurer un permis fédéral qui lui permettrait de vendre partout au Canada. 

Mais comment une entreprise dont la matière première est la viande, et de la viande rouge, planifie-t-elle son expansion dans un monde où les statistiques confirment la diminution de la consommation de viande rouge au pays, année après année ? 

« Moi-même, je conseille de manger moins de viande ! », lance tout de go Guylaine Buecheli, qui considère même ajouter un saucisson végétarien à sa gamme. 

« La viande reste une excellente protéine. Il faut juste changer notre façon de la faire. On ne retirera jamais complètement la viande de l’assiette, mais ceux qui veulent en manger moins se tournent vers le biologique. Nos viandes proviennent d’animaux qui sont allés au pâturage. Pour la composition de la viande, notamment pour les oméga-3, ça change tout. Et c’est pour ça qu’on peut continuer notre croissance. La charcuterie, c’est très épicurien. »

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