CHRONIQUE

Un Davos québécois de la technologie

Quelque 160 PDG de PME technologiques québécoises participent cette semaine à une rencontre au sommet à Mont-Tremblant pour discuter des grands enjeux entourant le développement de leurs affaires. Sans prétention aucune, l’événement est décrit par ses organisateurs comme un « Davos de la technologie ».

Pour une 19e année consécutive, l’Association québécoise des technologies (AQT) tient, à partir de mercredi, son sommet annuel baptisé Vision PDG durant lequel des entrepreneurs technologiques vont participer à une trentaine d’ateliers et discuter entre eux des grands enjeux auxquels ils font face quotidiennement.

Gaétan Campeau est PDG de TelcoBridges, un équipementier qui offre des solutions technologiques aux grands acteurs des télécommunications. Son entreprise est active depuis 2002 et compte des clients dans une centaine de pays.

« C’est la cinquième année que je participe à cette rencontre et à chaque fois, je reviens au bureau et j’implante une solution que j’ai apprise durant la conférence. C’est un lieu de ressourcement incroyable. »

— Gaétan Campeau, PDG de TelcoBridges

« On est tous des entrepreneurs, on partage tous des parcours différents et on peut apprendre des autres. C’est vraiment un moyen de développer des nouvelles compétences », expose Gaétan Campeau.

J’ai rencontré Gaétan Campeau la semaine dernière en compagnie de trois autres PDG d’entreprises de technologies qui ont tous participé au forum Vision PDG au moins cinq fois, et chacun est emballé d’y participer à nouveau encore cette année.

Ann Marie Colizza a fondé Deltacrypt en 2000. L’entreprise œuvre dans la cybersécurité et développe des logiciels pour sécuriser les données numériques de ses clients. Elle a comme clients importants la Défense nationale canadienne et l’armée américaine.

Mme Colizza est présidente du comité organisateur de Vision PDG 2019 et elle constate une évolution certaine dans la représentativité de l’événement.

« La première fois que j’ai participé, il y a sept ans, il y avait seulement 6 femmes parmi les 150 participants. L’an dernier, on était 19 entrepreneures et cette année, on va être 25. »

— Ann Marie Colizza, présidente-fondatrice de Deltacrypt

Tous les participants sont unanimes. Le sommet annuel de Tremblant leur fait prendre un peu d’altitude par rapport à leur entreprise et leur industrie de façon générale. Ils en sortent grandis et enrichis.

« Plusieurs participants n’hésitent pas à ouvrir leurs livres pour démontrer par exemple à un collègue combien leur a coûté l’embauche de représentants des ventes aux États-Unis. On vit vraiment dans un contexte d’échange et d’ouverture. Il y a aussi des partenariats qui se créent », observe pour sa part Nicole Martel, PDG de l’AQT.

Fait à souligner, les 160 entrepreneurs qui participent au sommet de cette année sont des PDG d’entreprises qui cumulent 1,5 milliard de chiffre d’affaires et qui font affaire dans plus de 100 pays.

Des enjeux communs

Les thèmes principaux de la rencontre de trois jours vont tourner autour d’enjeux qui touchent directement ces PDG dans leur quotidien : l’attraction de talents et l’immigration, l’instabilité géopolitique mondiale, les tensions commerciales internationales, la cybersécurité, le financement…

Chose certaine, à l’heure de la quatrième révolution industrielle, ils sont tous bien conscients du rôle important que leur entreprise doit jouer au Québec et ailleurs dans le monde.

Jean Magny, PDG de Genius – qui en est à sa septième participation au sommet Vision PDG – développe des solutions logicielles pour le secteur manufacturier. Son entreprise s’est attaquée au marché américain il y a cinq ans et réalise aujourd’hui 80 % de ses revenus dans ce marché extrêmement porteur.

« Avec les tensions entourant la renégociation de l’accord de libre-échange, on a dû réagir pour conserver nos parts de marché en ouvrant un bureau américain au Delaware. L’ouverture de cette nouvelle place d’affaires en sol américain a considérablement simplifié nos opérations et là, on va pouvoir poursuivre notre croissance américaine », explique Jean Magny.

Matthieu Chouinard est PDG d’In Fidem, une firme de service-conseil en cybersécurité qui réalise la presque totalité de ses activités au Canada.

« Les États-Unis ne représentent que 5 % de notre chiffre d’affaires, mais on a décidé qu’il était maintenant le temps de développer ce marché. Je compte bien profiter de notre rencontre de trois jours pour discuter de financement. »

— Matthieu Chouinard, PDG d’In Fidem

« J’ai fondé l’entreprise avec deux associés en 2005, et on n’a jamais eu recours à du financement extérieur. On est rendus là dans notre développement », constate l’entrepreneur technologique.

Une belle unanimité s’est dessinée durant ma rencontre avec ces quatre entrepreneurs, celle de la pénurie de main-d’œuvre. Jean Magny, le PDG de Genius qui a son siège social à Québec, est bien placé pour en parler.

« L’an dernier, je n’ai pas eu le choix, j’ai participé à une mission au Brésil où j’ai embauché 10 ingénieurs et programmeurs informatiques parce que je n’en trouvais pas au Québec.

« Heureusement, ils parlent anglais mais ils doivent suivre des cours de français le midi parce qu’ils veulent s’intégrer. Ce n’est pas le temps d’imposer des limites à l’immigration », plaide l’entrepreneur.

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