Crise des migrants

Comment aider les Syriens ?

Est-il possible, pour un citoyen québécois, de parrainer un migrant sans lui être apparenté ? Ce n’est vraiment pas évident. Comment, dans ces conditions, lui venir en aide ? Si faire pression sur les gouvernements est une voie à privilégier, selon certains intervenants, d’autres appellent la population à faire des dons pour aider sur le terrain les millions de réfugiés syriens.

Québec doit, dès les prochains jours, élargir le programme de parrainage pour permettre aux Syriens d’ici de faire venir non seulement leurs enfants, parents ou grands-parents, mais aussi leurs frères, sœurs, neveux et nièces, comme cela s’est fait lors du tremblement de terre en Haïti.

C’est ce que plaide Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.

Heureux de constater que le premier ministre Philippe Couillard s’est montré déterminé, ces derniers jours, à faire davantage, il espère que des assouplissements aux programmes actuels seront décidés dès le prochain Conseil des ministres.

Nombreux sont ceux qui se demandent aujourd’hui s’ils ne pourraient pas eux-mêmes parrainer une famille. Ici, répond M. Reichhold, c’est très difficile. « Ceux qui tenteraient le coup auraient probablement tôt fait de se heurter à un mur. » C’est qu’au Québec, nous avons notre propre programme, un programme de parrainage collectif en vertu duquel des groupes de deux à cinq personnes ou un organisme sans but lucratif peuvent faire venir des réfugiés.

Seulement, explique M. Reichhold, le programme québécois privilégie nettement les gens qui veulent faire venir un proche parent, et non pas de purs inconnus. 

« À moins que ça ne change au cours des prochains jours, la principale façon de contribuer à faire venir un Syrien ici, c’est de s’associer à une famille syrienne qui décide de faire venir un parent. » 

— Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes

D’un point de vue légal, ce n’est pas évident, prévient M. Reichhold. Les parrains et les personnes parrainées doivent répondre à plusieurs conditions et les citoyens québécois doivent faire la preuve qu’ils ont assez d’argent – quelques dizaines de milliers de dollars au bas mot – pour faire vivre les nouveaux venus, qui ne se trouveront pas nécessairement un emploi rapidement.

Comme il est très difficile pour de simples citoyens de parrainer un migrant, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes demande au gouvernement québécois qu’il double sa cible de réfugiés pris en charge par l’État pour la faire passer de 1650 à 3000 en 2015 et à 5000 pour 2016.

Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, a également été ravie d’entendre l’ouverture manifestée par Philippe Couillard. « Le Québec et le Canada doivent ensemble assouplir autant que faire se peut et rapidement les règles permettant aux réfugiés syriens de venir ici », dit Mme David, qui ajoute que la ministre de l’Immigration Kathleen Weil devra être particulièrement proactive au cours des prochaines semaines.

Du temps des réfugiés de la mer, ajoute Mme David, « le Québec a accueilli des dizaines de milliers de personnes. Il n’y a pas de raison pour que nous ne soyons pas capables d’en faire autant cette fois-ci. C’est une question de volonté politique ».

Aux Québécois qui pourraient se sentir impuissants face à l’énormité de la crise, Mme David rappelle que ce qui peut aussi faire une différence, c’est de se pencher sur la position de chaque chef de parti fédéral sur cette crise humanitaire et de voter en conséquence.

APPEL À LA GÉNÉROSITÉ

La guerre fait rage en Syrie depuis plus de quatre ans. Quatre ans de combats, de destruction et de désastre humanitaire sans précédent. Sous-financées pour faire face à ce flot continu de réfugiés, les ONG sollicitent la générosité des Québécois pour contribuer à réduire la misère des Syriens. 

« C’est la plus grosse opération de toute l’histoire d’Oxfam touchant les réfugiés. C’est d’une ampleur énorme, sur plusieurs pays aux problématiques différentes. » 

— Justine Lesage, porte-parole d’Oxfam Québec

La section canadienne de la Croix-Rouge a lancé récemment une campagne de fonds destinée uniquement aux réfugiés syriens. « On fournit un service de premiers soins, de la nourriture, de l’eau, des couvertures. On fournit même des abris temporaires », indique le porte-parole Denis Desilets.

Vous voulez faire un don aux nombreuses ONG sur le terrain, comme UNICEF, Médecins sans frontières, ou même au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ? C’est possible en quelques clics par internet ou encore par téléphone. Pour ceux qui sont prêts à donner temps ou argent, divers organismes communautaires sont également à pied d’œuvre à Montréal pour aider les réfugiés et les immigrants accueillis chez nous.

L’organisme Action réfugiés Montréal peine notamment à traiter toutes les demandes de parrainage de réfugiés qui affluent depuis le début de la crise et aurait besoin de 40 000 $ pour embaucher un deuxième employé. 

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.