Chronique

Le Québec brille dans l’innovation à Davos

Davos, — Suisse — Deux thèmes majeurs émergent à Davos cette année : le populisme et ses nombreuses conséquences toxiques, ainsi que l’immense potentiel économique que l’innovation va générer au cours des prochaines décennies. 

Le Québec s’est illustré hier dans la deuxième et plus sympathique thématique en décrochant des mandats mondiaux de recherche et développement de la part de deux grandes multinationales : Microsoft et ABB.

La semaine dernière, Microsoft a annoncé l’acquisition de la firme Maluuba, de Waterloo, en Ontario, qui a ouvert l’an dernier un centre de recherche à Montréal, spécialisé en apprentissage profond et plus précisément en reconnaissance du langage.

En apprenant la nouvelle, je me suis spontanément dit : tiens, ça va faire comme Softimage, la célèbre entreprise québécoise de création de logiciels d’animation qui avait été rachetée à fort prix par Microsoft avant que ses activités ne soient totalement absorbées par le siège social de la multinationale à Seattle.

« C’était un contexte différent et des technologies différentes », a rétorqué Brad Smith, président de Microsoft, lorsque j’ai évoqué cette éventualité.

Ce dernier était emballé d’annoncer que Microsoft entend doubler d’ici deux ans l’équipe de 40 ingénieurs qui travaillent au centre de recherche de Maluuba à Montréal.

Montréal deviendra donc l’un des centres d’excellence mondiaux de Microsoft en matière de développement de l’intelligence artificielle (IA), le domaine d’avenir le plus convoité de la quatrième révolution industrielle.

« On veut enseigner aux ordinateurs à communiquer avec le langage humain. Montréal et ses centres de recherche universitaires ont développé une expertise dans ce domaine qui a guidé notre choix. »

— Brad Davis, président de Microsoft

Microsoft va non seulement faire de Montréal un centre d’excellence en IA, mais la multinationale va aussi accorder un financement de 6 millions sur cinq ans à l’Université de Montréal et 1 million à l’Université McGill pour réaliser des recherches dans le domaine.

« Cela confirme notre positionnement dans ce secteur de pointe », a noté la ministre de l’Économie Dominique Anglade, qui souligne que plus de 100 chercheurs dans la région de Montréal sont actifs dans l’apprentissage profond (deep learning).

Au total, le Québec compte plus de 2000 scientifiques qui travaillent dans des secteurs reliés à la quatrième révolution industrielle, que ce soit les métadonnées, les procédés industriels ou les applications médicales et financières.

ABB mise sur le Québec

Quelques heures après cette annonce tonifiante de Microsoft pour l’économie montréalaise et québécoise, une autre multinationale, la société helvético-suédoise ABB, a renchéri sur les atouts technologiques de Montréal puisqu’elle a décidé de faire de la métropole son centre d’excellence nord-américain en matière de mobilité électrique.

ABB est une entreprise industrielle colossale avec ses 135 000 employés établis dans une centaine de pays. La société fabrique des rabots industriels, conçoit des systèmes de production automatisés dans les secteurs de l’automobile, du pétrole, des mines et métaux, tout comme elle fabrique des turbines électriques.

L’entreprise compte 4500 employés au Canada, dont 3000 au Québec, et c’est à Montréal qu’elle a implanté son siège social canadien.

Le siège social montréalais profitera d’un investissement de 90 millions de la maison mère de Zurich en vue de sa transformation en centre d’excellence mondiale en recherche et développement dans le secteur de l’électrification des transports, ce qu’on désigne aussi sous le nom d’e-mobility.

De fait, le siège social montréalais aura une double vocation, centre mondial de l’e-mobility et centre nord-américain pour tout ce qui touche la recherche et le développement. ABB emploie un total de 30 000 personnes en Amérique du Nord.

C’est le président mondial du groupe, Ulrich Spiesshofer, qui est venu en personne nous en faire l’annonce hier après-midi en plein centre des congrès du Forum économique mondial.

« On va regrouper à Montréal toutes nos activités dans le secteur de l’électrification des transports. On va y réaliser la recherche, les tests, la fabrication et la commercialisation de nos technologies novatrices. »

— Ulrich Spiesshofer, PDG d’ABB

« On est les leaders mondiaux dans le domaine de l’e-mobility puisque nos solutions sont implantées dans plus d’une cinquantaine de pays. Montréal et le Québec offrent tous les avantages pour que nous développions davantage ces solutions », a précisé le PDG d’ABB.

Franchement, entre populisme et innovation, le Québec est sorti grand gagnant aujourd’hui dans le choix des thèmes que le destin lui a réservés.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.