Perdant-perdant

En affaires, la tendance est fortement aux bonnes pratiques où l’on trouve des solutions gagnant-gagnant pour toutes les parties. Pourquoi les gouvernements ne s’en inspirent-ils pas ? Ça aiderait à rétablir la confiance en plus de redorer le système.

— Manon Arcand

Opinion : Échangeur Turcot

La dalle-jardin n'est pas un luxe

Lorsque les plans du nouvel échangeur Turcot ont été dévoilés en 2010, il y figurait une dalle-parc, passerelle pour piétons et cyclistes reliant les quartiers avoisinants.

Aujourd’hui, cette passerelle ne figure plus dans les plans parce que le gouvernement estime que les coûts de ce projet sont trop élevés. Ce type d’aménagement urbain favorise les déplacements actifs et une meilleure qualité de l’environnement, ce qui a une incidence directe sur la santé et le mieux-être de ceux qui pourraient l’utiliser. À ce titre, on devrait donc parler d’un investissement plutôt que d’une dépense.

Retirer la dalle-jardin de cet immense projet routier va à l’encontre de l’engagement de prévention en santé et de mobilité durable auquel le gouvernement s’est engagé récemment.

Avec l’adoption de la politique pangouvernementale de prévention en santé, nous étions convaincus que les transports alternatifs à l’automobile seraient pris en considération par le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, surtout lorsqu’il s’agit de projets aussi imposants que celui de l’échangeur Turcot. Notons d’ailleurs que « mobilité durable » fait maintenant partie du titre de ce ministère.

Cette dalle-jardin n’est pas un ornement de luxe. Elle est nécessaire pour favoriser et valoriser le transport actif et, par le fait même, la santé des Montréalais.

Les experts sont unanimes : la proximité et la sécurité des infrastructures ont un effet déterminant sur le choix d’un mode de transport actif, comme la marche ou le vélo. Il est impératif de penser à des solutions qui pourront contribuer au désengorgement des villes et favoriser l’activité physique dans les déplacements utilitaires ou de loisirs, et ce, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Une erreur aux conséquences durables

Le projet Turcot est une œuvre pharaonique, certes, mais en retirer la dalle-jardin est, à notre avis, une grande erreur dont les citoyens paieront les conséquences pour les 50 prochaines années au moins. Collectivement, nous méritons ce qu’il y a de mieux en matière d’aménagements pour favoriser la mobilité active, mais également pour éviter de recréer une frontière urbaine entre le centre-ville et plusieurs quartiers résidentiels de la métropole.

Il serait temps que le Ministère démontre dans tous ses projets qu’il traite les piétons, les cyclistes et les automobilistes sur un pied d’égalité.

Au nom de la santé des citoyens et pour permettre une meilleure circulation interquartiers, nous souhaitons fortement que le ministère des Transports réintègre la dalle-jardin dans les plans de l’échangeur Turcot. Cette décision donnerait le ton quant à l’engagement du gouvernement pour la mobilité durable et permettrait du même coup de soutenir son adhésion à l’accord de Paris sur le climat.

* Laure Waridel, écosociologue et auteure ; Steven Guilbeault, cofondateur et porte-parole, Équiterre ; Suzanne Lareau, PDG, Vélo Québec

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