Portfolio Aluminium

« On a des emplois à offrir… »

Soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser, machinistes et vérificateurs d’usinage et d’outillage, tôliers, ingénieurs métallurgistes et des matériaux, outilleurs-ajusteurs… L’industrie de l’aluminium n’échappe pas au phénomène grandissant et préoccupant de la rareté de la main-d’œuvre, tout comme l’ensemble des grands secteurs de production et de transformation partout au Québec.

« On a des emplois à offrir et il s’agit d’intéresser les jeunes, et aussi les adultes, à venir travailler dans nos entreprises », souligne Malika Cherry, directrice d’initiatives en main-d’œuvre à AluQuébec.

Elle ajoute : « La question est de savoir comment on va s’y prendre pour trouver des solutions, toujours dans l’objectif de pourvoir ces postes au sein de la filière. On veut passer à l’action, valoriser les métiers de notre industrie, les rendre plus attrayants. »

Une vision que partage Arthur Gobeil, à la tête du comité de travail qui a ciblé 28 métiers et professions, très demandés, mais considérés comme « en déséquilibre » en fonction de la disponibilité de la main-d’œuvre, en plus de formuler 29 recommandations afin de « mieux former » cette main-d’œuvre appelée à travailler dans la grande industrie et la PME, que ce soit dans le secteur primaire ou celui de la transformation.

« On sait tous qu’il y a beaucoup d’emplois disponibles, des emplois bien rémunérés, convient le président de la Table de concertation en adéquation formation-emploi dans la filière de l’aluminium. On a également compris qu’il faut donner une formation adéquate aux candidats, non seulement avant de les embaucher, mais aussi sur les lieux de travail. »

« Si on veut former de la main-d’œuvre compétente, il faudra que les maisons d’enseignement investissent davantage dans l’acquisition d’équipements à la fine pointe de la technologie, pour mieux préparer leurs élèves. »

— Arthur Gobeil

Courtiser jeunes et retraités

Vanessa Poulin, directrice au développement organisationnel chez Dynamic Concept, à Jonquière, ne cache pas qu’il faut « user de beaucoup de stratégies » pour recruter des employés compétents et motivés.

« On va dans les universités, les centres de formation, dit-elle. On intervient en amont, on s’assure de trouver nos employés avant qu’ils ne sortent de l’école ! »

La PME de 50 employés, qui fabrique des équipements pour des entreprises de l’aluminium, va même jusqu’à puiser dans le bassin des… retraités pour enrichir son personnel.

« On leur confie des mandats, on les jumelle avec des travailleurs moins expérimentés, explique-t-elle. C’est efficace. »

2350 postes à pourvoir

Dans un sondage réalisé auprès de 300 entreprises de l’aluminium, celles-ci ont estimé qu’elles avaient 2350 postes à pourvoir en 2019. Les entreprises sondées – dans le secteur de la transformation – ont dit faire face à un enjeu « critique » de recrutement d’employés spécialisés.

Source : Baromètre de la transformation de l’aluminium 2018 d’AluQuébec, la grappe industrielle de l’aluminium au Québec

Des emplois plus technologiques

À l’Association de l’aluminium du Canada, le PDG Jean Simard fait valoir, pour sa part, que les prochains postes à pourvoir dans l’industrie seront de plus en plus spécialisés.

« On s’en va vers l’automatisation et la robotisation, avec le virage 4.0, précise-t-il. Le profil d’emploi est en voie de changer. La main-d’œuvre sera davantage technologique, et on a bon espoir d’attirer une relève qui va venir travailler dans nos entreprises, sachant que l’aluminium, c’est l’avenir. »

Il considère toutefois que l’industrie, qui verse « les plus hauts salaires » – au-delà de 100 000 $, note-t-il –, arrive à un tournant pour le recrutement d’employés en vue de pourvoir les postes laissés vacants par les nombreux départs à la retraite.

« Or, c’est le plein emploi partout, dit-il. Ce n’est pas simple. Et ce qui rend notre tâche plus difficile, c’est que nos activités, nos usines, sont éloignées des grands centres. On se rend vite compte que le bassin de main-d’œuvre régional tombe à sec plus rapidement. »

Un fait demeure : la valorisation des métiers de l’aluminium passera par une façon plus dynamique de présenter le choix de carrières dans ce secteur d’activité, estiment ses principaux acteurs.

« Pour faire image, dit Malika Cherry, les jeunes veulent moins se salir les mains et travailler davantage avec les outils technologiques. Et il faut être plus imaginatifs dans la façon de gérer les ressources humaines. C’est là qu’on est rendus : on doit bouger ! »

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