Le 15 février, Hockey Richelieu, qui chapeaute l’Association de Varennes, convoque Louis-Charles. Deux hommes, Jacques Hébert et Denis Proulx, respectivement président et vice-président de Hockey Richelieu, désirent rencontrer Louis-Charles seul, avec les parents dans la pièce voisine.
Jacques Hébert assure aux parents par courriel qu’il agira « comme un grand-papa qui discute avec son petit-fils » et que l’organisation veut connaître ses véritables états d’âme. Paul et Nicole acceptent, avec réticence.
La rencontre – enregistrée – débute avec les deux hommes qui demandent à Louis-Charles qui il regarde, en raison de son œil qui louche, et s’il est vraiment capable de suivre une rondelle.
Entendu lors de la rencontre avec Louis-Charles :
« Louis-Charles, c’est à quel prix que tu vas te faire justice ? Que tu vas te faire mal ? Ça va être difficile, je te le dis. Admettons que tu mets fin à la saison, tu vas dire que les parents ont gagné, c’est ce que tu te dis [Louis-Charles dit oui]. Mais si tu n’y vas plus, tu vas te dire : “J’oublie cette saison-là, ça m’a servi d’apprentissage.” […] On enligne la prochaine année. […] Tu vas avoir de la pression, Louis-Charles, ça va être effrayant, ce que tu vas vivre à la fin de l’année. […] Ça va faire mal. Ce qui t’arrive, un petit gars de ton âge, je n’ai jamais vu ça. Ce n’est pas facile, ce que tu vis. Est-ce que la fuite est la meilleure solution ? Peut-être. Est-ce que rester et entendre encore la pression des parents, parce que les parents n’arrêteront pas, c’est toi qui vas décider. J’aimerais ça, entendre de toi quel choix tu prends, pourquoi tu prends ça. »
Et plus tard, au cours de la rencontre :
« Comment tu vois ta fin d’année ? » Louis-Charles : « Je le sens moins bien. Ça me gosse de penser ça parce que le hockey, c’est mon sport préféré. »
Louis-Charles, plus tard : « J’en ai entendu parler et ça me dérange vraiment qu’ils pensent ça de moi. Je fais des efforts, mais ils ne voient pas ça, ils voient juste le talent. »
Louis-Charles finit par accepter de cesser de jouer au hockey, à la condition que les parents impliqués soient sanctionnés. Les responsables de Hockey Richelieu acquiescent à sa demande, en assurant une « réprimande », sans toutefois offrir plus de détails. On consent à étudier l’article 1.9 qui permet de refuser des membres, sans rien promettre. M. Hébert a refusé la demande d’entrevue et nous a dirigé vers Hockey Québec.
Hockey Québec jure avoir directement abordé cette rencontre avec les principaux intéressés.
« Je serai bien transparent. Dans nos règles de comités de discipline, on reçoit des jeunes et ils doivent absolument être accompagnés d’un adulte. On va se limiter à ça, c’est dans nos règles d’audition. L’idée est que le jeune de 12 ou 13 ans, comment il reçoit les choses, comment il les comprend, les transmet, ça peut être différent. »
— Yvan Dallaire, de Hockey Québec, réagissant à cette rencontre
Messieurs Hébert et Proulx cosignent ensuite, notamment avec Michel Hogue, un rapport d’événement en date du 27 juin 2018. Le comité conclut que personne n’a « conspiré et mis une pression indue sur la direction et le personnel d’entraîneurs pour forcer le retrait de Louis-Charles de l’équipe ». On juge plutôt que l’état de santé de Louis-Charles a inspiré un mouvement de sympathie. Pour le jeune gardien, on rappelle qu’il s’est retrouvé dos au jeu. Pourtant, dans une conversation avec Paul et Nicole, M. Hogue a dit ceci :
« Je n’ai jamais entendu dire qu’il a reçu des rondelles derrière la tête. Je n’ai jamais entendu parler de risque parce qu’il était tourné au jeu. Je ne l’ai pas vu. J’ai entendu parler de risque plus que d’autre chose. »
Le rapport poursuit : Louis-Charles montre des signes de désintéressement et l’autre gardien permet à l’équipe de « s’exprimer sans aucune contrainte » dans son style de jeu. On va jusqu’à prétendre que Louis-Charles n’aime pas le hockey, ce que messieurs Proulx et Hébert savent faux.
Conclusion : on formule un blâme à l’endroit des parents Davignon pour leur manque d’assiduité, problème qui ne doit pas se répéter, et on précise que les autres parents auraient pu restreindre leurs commentaires. On souligne ensuite le professionnalisme de l’équipe d’entraîneurs. Au bout du compte, on ne recommande aucune sanction autre que des correspondances de sensibilisation. Tous les enfants pourront se réinscrire la saison suivante, y compris Louis-Charles, « malgré son handicap ».