Étude

Les critiques négatives nuiraient aux hyperactifs

Les enfants ayant un déficit d’attention sont moins susceptibles de voir les effets de la maladie réduits si leurs parents leur font beaucoup de commentaires critiques, selon une nouvelle étude américaine. Ces résultats montrent l’importance de la psychothérapie familiale pour éviter ces écueils, selon les auteurs de l’étude.

« La mauvaise nouvelle, c’est que les commentaires critiques des parents affectent beaucoup d’enfants atteints du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), explique Erica Musser, de l’Université internationale de Floride, auteure principale de l’étude publiée dans le Journal of Abnormal Psychology. La bonne nouvelle, c’est que les parents inquiets sans être critiques ne semblent pas avoir d’impact sur la trajectoire du TDAH. »

Les chercheurs ont suivi 388 enfants pendant trois ans, interviewant chaque année le patient, ses parents et son professeur répondant à l’école. Les commentaires des parents étaient classés comme « critiques » s’ils étaient négatifs envers leur enfant plutôt qu’envers ses comportements. Par exemple, si les parents déploraient sa tendance à oublier ses cahiers, ce n’était pas classé comme une critique.

Est-il possible que les enfants plus hyperactifs ou plus oppositionnels suscitent plus de critiques ? « Nous avons tenu compte de la sévérité initiale du TDAH dans nos analyses, dit Mme Musser. Mais il peut certainement y avoir des interactions plus subtiles avec les caractéristiques familiales. Il faut éviter de se concentrer sur la responsabilité des parents, simplement constater qu’il existe des signaux montrant qui a besoin d’aide pour mieux appuyer son enfant atteint d’un TDAH. »

Alain Lesage, psychiatre de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal à qui La Presse a demandé de commenter l’étude, n’a pas aimé la référence aux commentaires critiques.

« Il faut éviter de stigmatiser les parents. Ils font déjà face à beaucoup de désapprobation par des gens qui considèrent qu’ils ont cédé à l’industrie pharmaceutique parce que leur enfant est médicamenté. »

— Alain Lesage, psychiatre de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal

Cela dit, ces résultats montrent la difficulté qu’ont de nombreux parents face au syndrome d’opposition qui touche 30 % des enfants atteints de TDAH, selon le psychiatre montréalais. « Il faut une formation de groupe en capacités parentales pour éviter l’escalade des conflits », dit le Dr Lesage, qui fait une comparaison avec une formation donnée aux parents de schizophrènes, elle-même calquée sur une formation donnée au personnel des ailes psychiatriques des hôpitaux. « Malheureusement, ce type de formation de groupe n’est pas offert automatiquement ici. Il faudrait que tous les enfants ayant un diagnostic de TDAH soient évalués et que les parents qui en ont besoin aient accès à cette formation en CLSC au début de l’année scolaire, idéalement en août, avec des horaires qui conviennent aux parents qui travaillent, pas à 14 h parce que les gens du CLSC terminent à 16 h 30. »

Les psychologues de Miami veulent maintenant évaluer les caractéristiques des enfants très oppositionnels qui ont des parents critiques, mais voient tout de même leur TDAH s’amenuiser avec l’adolescence. « Nous allons suivre ces enfants pendant quelques années encore, dit Mme Musser. On pourrait peut-être déceler des mécanismes d’autorégulation de l’anxiété et de l’opposition chez ces enfants, qui ont un effet protecteur contre les critiques parentales. »

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