Hausse des cas de myélite flasque aiguë

Le Québec n’est pas épargné

Une hausse des cas de myélite flasque aiguë – une maladie virale qui cause la paralysie et qui touche surtout les enfants – est observée actuellement aux États-Unis et au Canada. Le Québec n’est pas épargné. Les symptômes peuvent au départ être confondus avec ceux de la grippe et d’autres virus. La Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue du CHU Sainte-Justine, nous aide à y voir plus clair.

Nombre de cas signalés en hausse

Depuis le début de l’année, 38 cas de « myélite flasque aiguë » (MFA) ont été rapportés à l’Agence de la santé publique du Canada, dont 22 ont été confirmés. Les autres font toujours l’objet d’une analyse. L’Agence a indiqué par voie de communiqué à la fin du mois dernier qu’il s’agissait d’une hausse de cas signalés par rapport aux années précédentes, mais pas encore une augmentation des cas confirmés. Au Québec, l’Hôpital de Montréal pour enfants a déjà traité cinq cas cette année – dont le cinquième est toujours analysé –, et le CHU Sainte-Justine, deux. Aux États-Unis, 155 cas ont été rapportés depuis janvier, dont 62 ont été confirmés. Chez nos voisins du Sud, les cas sont en hausse depuis 2014. Les médecins ne s’expliquent pas à quoi est attribuable cette hausse.

Apparition « brutale »

On appelle myélite flasque aiguë l’apparition brutale d’une faiblesse musculaire d’un ou de plusieurs membres résultant d’une inflammation de la moelle épinière, responsable de la transmission des messages en provenance et en direction du cerveau, explique l’Agence de la santé publique du Canada. Cette faiblesse musculaire peut être causée par une maladie auto-immune ou par une exposition à des toxines environnementales. Elle peut aussi être attribuable à une infection par divers virus, entre autres des entérovirus (dont le D68 et le 71) et le virus du Nil occidental. Et parfois, l’origine de la maladie demeure inconnue. « Les enfants d’âge préscolaire sont particulièrement touchés », explique la Dre Caroline Quach, microbiologiste-infectiologue du CHU Sainte-Justine. D’ailleurs, le D68 est responsable d’au moins l’un des cas traités à l’hôpital de Montréal pour enfants.

Pourquoi maintenant ?

« On savait déjà que la grande famille des entérovirus pouvait causer des symptômes neurologiques, mais ce qui est moins connu – et qu’on observe cette fois-ci –, c’est qu’ils causent des paralysies flasques aiguës », souligne la Dre Quach. Il y a des éclosions d’entérovirus chaque année où les patients vont souffrir de problèmes respiratoires, de mal de gorge et même de méningite, sauf que la majorité d’entre eux ne développeront pas la MFA, ajoute-t-elle. On parle d’une complication rare d’une infection à un virus fréquent.

Des symptômes similaires à d’autres virus au départ

Les premiers symptômes – fièvre et état de faiblesse générale – ressemblent à ceux du rhume ou de la grippe. Cela étant dit, la différence majeure, c’est que l’enfant ressentira bien vite une faiblesse musculaire aux bras, aux jambes, ou les deux à la fois, et la diminution ou l’abolition des réflexes musculaires des membres, explique la Dre Quach. Il pourrait aussi ressentir des picotements dans les membres. Parfois, les traits du visage s’affaissent.

Fiez-vous à votre baromètre

« Dans les premiers 24 à 48 heures de fièvre, si l’état général de l’enfant est bon – ce dernier est éveillé et il joue –, hydratez-le et n’allez pas à l’urgence, indique la Dre Quach. Cela peut être un rhume ou une grippe. Je vous dirais, et c’est ce que je répète souvent, fiez-vous à votre baromètre de parents. Si vous n’avez jamais vu votre enfant dans un état général aussi faible et que ce dernier se dégrade rapidement, consultez. »

Comment guérir de la MFA ?

Pour l’instant, cela ne se traite pas avec des antiviraux, dit la Dre Quach. Certaines personnes touchées récupèrent rapidement alors que d’autres continuent de souffrir de faiblesse musculaire et nécessitent des soins de façon permanente, selon l’Agence de la santé publique du Canada. À l’hôpital, les médecins vont offrir des « soins de support » comme une assistance ventilatoire puisque la faiblesse des muscles peut entraîner de grandes difficultés à respirer, explique-t-elle. Mais cela demeure une complication rare.

Mêmes précautions que pour la grippe

« Ça ne saute pas sur les gens, illustre la Dre Quach. La transmission se fait principalement par la voie fécale-orale. » Les médecins recommandent de prendre les mêmes précautions que celles de la saison du rhume et de la grippe, soit de se laver souvent les mains ainsi que de tousser et d’éternuer dans leurs coudes, et non dans leurs mains. Il faut aussi éviter de se toucher le visage avec les mains.

Une maladie à ne pas confondre avec la poliomyélite

Bien qu’elles aient des symptômes similaires, puisqu’elles atteignent toutes les deux la moelle épinière, il ne faut pas confondre la myélite flasque aiguë et la poliomyélite. Elles sont causées par des virus différents, précise la Dre Quach.

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