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Un ordre des ostéopathes en 2018 ?

Une pétition – signée par près de 19 000 personnes – réclamant la création d’un ordre professionnel des ostéopathes a été déposée à l’Assemblée nationale le 31 mai dernier. Bien que les démarches progressent auprès de l’Office des professions, les ostéopathes souhaitent que le gouvernement confirme publiquement son intention d’encadrer leur pratique.

« On comprend que le processus est long et que tout le monde fait son travail, mais on veut que la ministre de la Justice réponde par écrit à notre demande et s’engage à créer l’ordre », explique Marc Gauthier, président d’Ostéopathie Québec, qui regroupe environ 1300 des 1700 ostéopathes québécois.

Protection du public

Alors que des cas d’infractions d’ostéopathes ont été médiatisés au cours des derniers mois, il rappelle la nécessité de protéger le public. « Un ordre nous donnerait les outils pour éviter les risques de préjudices, dit-il. Présentement, nous n’avons pas de levier pour sanctionner les ostéopathes fautifs, puisque les associations ont pour mission de protéger leurs membres. »

Un ordre permettrait aussi de normaliser la formation. « Les membres d’Ostéopathie Québec respectent toutes les règles de l’Organisation mondiale de la santé, mais on ne connaît pas les exigences des autres associations. Certains font des formations de six mois sur internet, sans jamais pratiquer avec des patients ! D’autres ont des formations d’une ou deux années. Je ne mets pas les autres associations au banc des accusés, mais tout le monde n’a pas la même rigueur. »

La création d’un ordre a plusieurs autres objectifs : établir des critères d’admission des ostéopathes étrangers, rendre plus accessibles des services presque exclusivement offerts au privé actuellement, inspecter les conditions de pratique et permettre une meilleure collaboration interprofessionnelle. 

« On doit s’entendre avec les médecins, les physiothérapeutes, les chiropraticiens, les infirmiers et les ergothérapeutes sur les champs d’action partagés et réservés. Chacun défend son champ de pratique. Et nous voulons montrer l’utilité de l’ostéopathie et ce qu’elle apporte de différent. »

— Marc Gauthier

Longue démarche

Entre 2008 et 2011, un comité d’experts a d’ailleurs eu le mandat de définir l’ostéopathie au sens professionnel, soit d’établir un cadre de pratique. L’année suivante, des représentants des cinq corps professionnels mentionnés ci-dessus se sont réunis avec des ostéopathes pour mesurer l’impact des recommandations du comité d’experts sur le système de santé.

En 2013, une enquête a été réalisée dans les écoles d’ostéopathie pour connaître leur profil. Et depuis décembre 2014, des représentants des différentes associations d’ostéopathes – regroupant près de 90 % des spécialistes – s’activent pour finaliser les recommandations qui seront faites au gouvernement. « Le gouvernement seul prendra la décision finale de créer un ordre, et non l’Office des professions », précise son porte-parole Stéphane Boivin.

« À la fin du processus »

Pendant ce temps, les ostéopathes reçoivent des informations sur l’évolution des travaux au compte-gouttes. « L’Office des professions est très avare de commentaires, affirme Marc Gauthier. On nous dit que les travaux avancent bien. Les ministères impliqués nous répètent la même chose. De notre côté, on leur a envoyé un code de déontologie et un référentiel de compétences pour faire évoluer les choses. On est conscients qu’il y a beaucoup à faire. »

Lorsqu’on demande au porte-parole de l’Office des professions si les délais – bientôt 10 ans – se comparent au temps nécessaire pour créer d’autres ordres professionnels, il répond que chaque processus est unique. « On ne peut pas comparer des métiers, dit Stéphane Boivin. Ce qui se passe avec les ostéopathes semble long, mais la création d’un ordre est quelque chose de majeur. Tous les critères doivent être évalués. »

Sans fournir d’échéancier précis, il affirme que la progression est importante. « Plusieurs étapes ont été franchies et on arrive à la fin du processus. »

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