Éducation

Y a-t-il trop de journées pédagogiques ?

Vingt journées pédagogiques par an, c’est trop, estime Éric Bouchard-Lefebvre, père de trois enfants. « J’aimerais que ce nombre soit abaissé à ce qu’on trouve en moyenne en Ontario, soit de quatre à six jours », fait-il valoir.

« L’impact des journées pédagogiques sur la productivité, l’organisation et les finances des familles me semble énorme pour des bénéfices douteux, dit l’entrepreneur de Sherbrooke. Plusieurs indicateurs démontrent que le Québec est sous-performant en ce qui touche l’éducation (décrochage scolaire, taux d’obtention de diplômes universitaires, etc.). »

Y a-t-il vraiment 20 journées pédagogiques par an ? Oui, dans la plupart des commissions scolaires du Québec. Depuis 1971, le calendrier scolaire comporte 200 jours, dont 180 jours de classe et au maximum 20 journées pédagogiques, selon un document du Conseil supérieur de l’éducation.

En Ontario, le calendrier scolaire 2014-2015 prévoit un maximum de 6 journées pédagogiques et 188 journées d’enseignement.

« ON MANQUE DE TEMPS »

Chez nous, ces 20 journées « revêtent une importance capitale pour les enseignants », affirme une fiche de l’Alliance des professeurs de Montréal, qui représente 9000 membres.

« Est-ce qu’il y en a trop ? Je vais vous répondre non, affirme Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement, qui regroupe 35 syndicats d’enseignants. On manque de temps personnel pour faire ce qu’on doit faire comme enseignant. »

« On ne veut pas augmenter le nombre de journées pédagogiques parce qu’on sait quels problèmes ça pose aux parents, précise Mme Scalabrini. Mais on voudrait au moins qu’on nous redonne notre autonomie, pour décider du contenu de ces journées. Avant, les journées pédagogiques servaient à se mettre à jour, à faire de la correction, à terminer les évaluations. De plus en plus, ce sont les commissions scolaires et les directions d’école qui se sont approprié ces journées pour des réunions, des formations, des suivis de dossier. »

DEUX « PÉDAGOS » LE MÊME MOIS

Pourquoi y a-t-il souvent deux journées pédagogiques en mars, en plus de la semaine de relâche ? Et deux journées pédagogiques en avril, en plus du congé de Pâques ? « Avec 10 mois d’école et 20 journées pédagogiques, il se peut qu’il y ait plus d’un congé par mois », répond Alain Perron, responsable des relations de presse à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).

Pourquoi ces jours sans classe tombent-ils parfois au beau milieu de la semaine, au lieu d’être systématiquement les lundis ou vendredis ? « Il y a autant de raisons qu’il y a d’écoles, dit M. Perron. Par exemple, une école avec un projet scientifique qui organise une expo-science un mercredi pourrait décider de placer une journée pédagogique ce jour-là. »

FIXER LES DATES

Qui fixe les journées pédagogiques au calendrier ? Dans les écoles primaires de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), selon l’Alliance : 

• Deux journées pédagogiques sont fixées par la CSDM.

• Six journées pédagogiques sont placées avant la rentrée (vers le 25 août) et après la fin des classes (fin juin).

• Trois journées pédagogiques sont fixées par les directions d’école.

• Neuf journées pédagogiques sont fixées « par démarche consensuelle entre la direction et les enseignants ». Le comité des parents est seulement consulté.

Lors des journées pédagogiques, M. Bouchard-Lefebvre s’arrange pour travailler à la maison ou faire garder ses deux plus jeunes. « Mes enfants n’aiment pas le service de garde scolaire, trop bébé et restrictif, explique-t-il. En milieu familial, ils peuvent jouer dehors, courir, se chamailler… Bref, être des enfants. »

Mais le résultat, c’est que, à la fin du primaire, les petits Québécois ont moins fréquenté l’école que les petits Ontariens. En effet, 8 jours de moins par an, pendant 7 ans, ça fait 56 jours de classe perdus.

Pour connaître le nombre de journées pédagogiques par commission scolaire : 

DES FRAIS NON DÉDUCTIBLES

« Les coûts supplémentaires engendrés par une sortie lors d’une journée pédagogique (ex. : autobus, billet d’entrée à une activité, etc.) ne sont pas inclus dans le reçu de frais de garde pour les impôts », indique Alain Perron, responsable des relations de presse à la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Pourquoi ? « L’activité organisée par le service de garde est facultative, répond M. Perron. Les parents qui ne désirent pas que leur enfant participe à l’activité peuvent le laisser à l’école, au coût de 7,30 $ par jour. Il n’y a donc que le 7,30 $ qui est pris en compte pour le reçu d’impôt. »

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