Agressions sexuelles

Une policière qui va à la rencontre des victimes

Seulement 5 % des victimes de crimes sexuels portent plainte contre leur agresseur, notamment parce qu’elles peuvent être intimidées et angoissées à l’idée de se présenter au poste de police.

Pour faciliter leurs démarches, une policière du quartier Hochelaga-Maisonneuve a pris l’initiative de se déplacer pour prendre leur déposition dans les locaux de l’organisme Trêve pour elle, qui soutient les victimes d’agressions sexuelles. Parce que « ce sont des événements qui ne sont pas évidents à raconter », souligne Nathalie Legros, policière au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) depuis 21 ans, qui a pris cette initiative il y a quelques mois.

Seule une infime minorité d’agresseurs sexuels sont condamnés pour leurs gestes en raison des difficultés à traiter ce type de dossiers. Tout ce qui peut aider pour que les crimes soient dénoncés et que les criminels soient traduits en justice peut donc faire une différence.

L’agente sociocommunautaire nous explique comment elle y contribue.

Pourquoi avez-vous commencé à prendre les dépositions dans les locaux de Trêve pour elle ?

Une victime d’agression sexuelle qui se présente au poste pour porter plainte sera normalement rencontrée dans une salle à part. Elle peut être accompagnée si elle le désire. Mais quand j’ai rencontré les intervenantes de Trêve pour elle à mon arrivée dans le quartier, elles m’ont demandé si ça pouvait se faire dans leurs locaux, parce que le premier contact avec la police peut être stressant. J’ai trouvé que c’était une bonne idée.

Quelle différence cela semble-t-il faire pour les plaignantes ?

Ce sont des événements qui ne sont pas évidents à raconter. C’est sécurisant pour la victime de faire ça dans un lieu où elle se sent à l’aise. Et la présence d’une intervenante fait aussi une différence.

Que faites-vous d’autre pour faciliter le dépôt de la plainte ?

Je prends le temps d’écouter, sans les presser. Elles peuvent prendre une pause si nécessaire. J’ai de l’empathie pour les victimes et ce que je fais me tient à cœur. Quand la victime n’est pas certaine de vouloir porter plainte, je ne mets pas de pression. Je lui explique le processus, et elle peut me rappeler quand elle est prête. Je peux revenir trois fois si nécessaire. La personne vit quelque chose de difficile, mais si je peux contribuer à ce qu’elle se sente soutenue, qu’elle voie un peu de lumière dans son épreuve, c’est positif pour moi. J’ai choisi ce métier pour aider.

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