Agressions sexuelles

Un deuxième traumatisme

Pascale* affirme avoir été violée par son ex-copain, après lui avoir annoncé qu’elle voulait rompre. Mais selon la police, aucun crime n’a été commis : sa plainte a été jugée non fondée et son dossier a été fermé après quelques semaines.

Elle a pourtant reçu des prestations pendant deux ans du programme d’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC), qui a reconnu qu’elle souffrait de stress post-traumatique à la suite de l’agression et a même payé son déménagement, parce que son ex-copain savait où elle habitait.

« J’étais suicidaire, je faisais de l’insomnie, j’avais de plus en plus de crises de panique », confie-t-elle.

Pascale a porté plainte contre son ex neuf mois après les événements. Il lui a fallu un certain temps, raconte-t-elle, avant de réaliser qu’elle avait été victime d’une agression sexuelle dans un contexte conjugal. Et avant d’être capable de prendre son courage à deux mains pour se rendre au poste de police.

Quand l’enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) lui a annoncé, après quelques mois, qu’on fermait son dossier sans déposer d’accusations, en lui disant : « Tu vas te retrouver un autre chum, t’en fais pas », Pascale a subi un autre choc. « Ça m’a replongée dans la détresse », dit-elle.

Nous avons tenté d’obtenir la version du SPVM sur la plainte de Pascale, mais un porte-parole nous a répondu qu’il ne pouvait commenter un cas particulier.

Traumatisme

« En allant récupérer mes effets personnels chez mon copain, je voulais lui expliquer pourquoi je le quittais, en espérant rester en bons termes. Mais je me suis sentie mal pendant la soirée. » 

« J’ai fait une crise de panique, je tremblais de partout. Mais au lieu de m’aider, il a profité de moi. »

— Pascale

« Même si je suis restée avec des marques sur les bras et sur les parties génitales, je n’ai pas réalisé tout de suite ce qui s’est passé ce soir-là. Mais j’ai commencé à ressentir divers symptômes. J’étais suicidaire, je faisais de l’insomnie, j’avais de plus en plus de crises de panique. J’ai été hospitalisée en psychiatrie, et c’est là que j’ai eu un diagnostic de choc post-traumatique. J’ai aussi consulté un centre de crise en violence conjugale, qui m’a informée sur l’indemnisation que je pouvais recevoir de l’IVAC. »

Courage

« J’ai eu beaucoup de mal à me relever de cette histoire, et je n’en suis pas tout à fait remise. Ça m’a pris neuf mois pour avoir le courage d’aller porter plainte. » 

« J’avais peur de sortir de chez moi après l’agression, alors imaginez comment ç’a pu être difficile de me rendre au poste de police ! »

— Pascale

« Ça s’est bien passé avec le premier policier que j’ai rencontré, mais j’ai eu de la difficulté à faire ma première déclaration. Je ne savais pas quels détails divulguer. Ensuite, l’enquêteur qui s’est chargé de mon dossier semblait convaincu que j’étais désespérée et que je voulais obliger mon ex à revenir. Pourtant, j’ai des textos prouvant que c’est moi qui l’ai laissé. Je leur ai aussi donné des noms de personnes de notre entourage qui avaient été témoins de certains de ses agissements envers moi, mais je ne crois pas qu’ils ont rencontré qui que ce soit. »

Crédibilité attaquée

« On dirait que les enquêteurs se sont fait une idée dès le départ, sans regarder tous les éléments. Ils ont déterminé que ma plainte n’était pas crédible, mais sur quoi ils se sont appuyés pour établir ma crédibilité ? Je ne le sais pas. »

« Ma première déclaration était incomplète, mais on m’a dit que je ne pouvais pas la refaire. J’ai donc préparé un document de cinq pages avec toute la chronologie, mais je crois que les enquêteurs ne l’ont pas lu. J’ai eu l’impression qu’ils ne comprenaient pas les effets d’un choc post-traumatique pour une victime. On peut mal réagir à l’interrogatoire, notre cerveau occulte certains détails par mesure de protection, on n’est pas toujours capable de tout décrire. »

« Le système n’est pas fait pour traiter des plaintes d’agressions sexuelles. Ce n’est pas un crime comme un autre. »

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