Dur début de saison pour les gardiens
Les temps sont durs pour les gardiens de la LNH : le taux d’arrêts des gardiens s’établit à .904 depuis le début de la saison, alors que la moyenne des trois dernières années frôlait les .915.
Des gardiens établis, comme Marc-André Fleury, Ben Bishop, Craig Anderson, Brian Elliott, Semyon Varlamov, Jaroslav Halak, Steve Mason et Cam Ward, ont tous des moyennes de buts alloués supérieures à trois buts par match.
D’autres, comme Jonathan Quick, Mike Smith, Tuuka Rask, Jonathan Bernier, Anton Khudobin, Jeff Zatkoff et Andrew Hammond, sont tombés au combat.
« C’est un peu surprenant, tout d’un coup, des anomalies avec autant de gardiens numéro un en début de saison », a confié l’entraîneur des gardiens du Lightning, Frantz Jean, à La Presse.
L’entraîneur des gardiens à Tampa remarque une agressivité accrue des attaquants à l’endroit des gardiens de la LNH.
« Ils ont une présence plus musclée devant les gardiens. Les équipes ont mis l’accent là-dessus dans leur préparation estivale. Ça fait maintenant partie de la stratégie et c’est pire cette année. »
— Frantz Jean, entraîneur des gardiens du Lightning
« Ça crée beaucoup de déviations, ça devient difficile de performer de façon constante, poursuit l’entraîneur des gardiens du Lightning. Quand les jeux ne sont pas clairement dessinés, le gardien doit réagir et, essentiellement, c’est moins fluide. Tu fais des mouvements inhabituels. D’où le risque de blessures. »
Frantz et ses gardiens Ben Bishop et Andrei Vasilevskiy doivent en conséquence s’ajuster. « Tant que les règlements ne changent pas, il faut développer un système de jeu qui va contrer cette tendance, et continuer à travailler à l’entraînement avec beaucoup de circulation devant les gardiens. »
Beaucoup de blessures
L’entraîneur des gardiens de l’Avalanche du Colorado, le vénérable François Allaire, observe le même phénomène.
« Ça n’est pas un phénomène nouveau, on l’observe depuis les changements de règlements, lance Allaire avec dépit au bout du fil. Beaucoup de gardiens ont été blessés dans les dernières années à cause de contacts avec les joueurs. Déjà cette année, nos gardiens se sont fait frapper souvent par un gars qui venait de côté. Le gardien est concentré sur la rondelle et tu as un gars qui arrive d’un angle impossible. C’est dur pour un gardien de dire "je n’arrête pas la rondelle parce qu’un adversaire arrive à pleine vitesse de côté". »
Frantz Jean souhaite une meilleure protection pour les gardiens de la LNH.
« Un joueur devrait écoper d’une punition mineure de deux minutes dès qu’il touche au gardien, que le geste soit volontaire ou non. Tu inciterais les joueurs à freiner avant le demi-cercle. »
— Frantz Jean, entraîneur des gardiens du Lightning
« En plus, avec le nouveau protocole des commotions cérébrales, une équipe pourrait désormais "sortir" un gardien à un moment clé de la saison ou des séries, poursuit-il. Vous l’avez vu à Montréal il y a quelques années. Kreider a foncé les deux patins devant sur Carey Price comme s’il sautait dans un coussin gonflable. »
S’inspirer d’autres sports
Frantz Jean souhaite qu’on s’inspire du baseball. « On a finalement décidé de protéger les receveurs. Les coureurs ne se préoccupaient même plus de la balle et ils fonçaient sur le receveur même s’ils étaient retirés par deux mètres. C’était dangereux pour le receveur et c’est en train de le devenir pour les gardiens. »
François Allaire est parfaitement d’accord. « La problématique n’est toujours pas résolue. Ça s’est réglé dans d’autres sports. Dans la NFL, les receveurs de bottés peuvent faire un signe pour éviter d’être frappés. Le quart-arrière ne se fait plus frapper non plus quand il est dans une position vulnérable parce que c’est une position importante. Si jamais il y a une augmentation significative des blessures chez les gardiens, j’imagine qu’on va en parler à la prochaine réunion des DG. »
Il n’y a pas que l’obstruction qui réduise l’efficacité des gardiens. Le talent des joueurs y est également pour quelque chose.
« Le talent et les habiletés des nouveaux joueurs, c’est du jamais vu dans l’histoire, dit Franz Jean. Ça fait une différence. Les chances de qualité sont supérieures. »
« Toutes les équipes misent désormais sur la jeunesse et la vitesse, affirme François Allaire. Il y a de jeunes joueurs très talentueux, McDavid et Matthews, qui amènent une autre dimension offensivement, mais il y a un paquet de joueurs qui produisent plus. Mais en même temps, ils en donnent autant… »
Gardiens avec un taux d'arrêts de .900 ou moins
(min. 6 parties)
Michal Neuvirth, Philadelphie .865
Steve Mason, Philadelphie .878
Cam Ward, Caroline .882
Louis Domingue, Arizona .887
Brian Elliott, Calgary .889
Frederik Andersen, Toronto .891
Ben Bishop, Tampa .891
Jaroslav Halak, NYI .898
Semyon Varlamov, Denver .900