Enseignement universitaire

Peu de progrès vers l’équité hommes-femmes

L’équité entre les femmes et les hommes dans les collèges et les universités a progressé à pas de tortue au cours des 10 dernières années, révèle une étude de l’Association canadienne des professeurs d’université, dont La Presse a pris connaissance en primeur. Il y a un peu de progrès, mais c’est tellement lent que c’est déprimant, commente Valérie Dufour, directrice des communications de l’Association. Coup d’œil sur les principales données.

90 cents

Chez les profs d’université à temps plein, le pourcentage de femmes qui occupent un poste de professeur adjoint a fait un bond de 43 % à 48 %, de 2006 à 2016. Il est passé de 36 à 43 % chez celles qui ont un poste de professeur agrégé, mieux payé que celui de professeur adjoint. Et de 20 à 28 % pour celles qui ont un poste de professeur titulaire, encore mieux payé. « [En somme], les femmes profs gagnent moins cher que leurs collègues masculins : 90 cents contre un dollar », indique Mme Dufour. Fait à noter : l’étude ne permet pas d’isoler les données pour les universités québécoises.

68 cents

La représentation des communautés visibles au sein du corps enseignant a enregistré une hausse dans les universités, passant de 17 %, en 2006, à 21 %, en 2016. Cela correspond à l’augmentation de la proportion de ces membres dans la population active canadienne de plus de 25 ans. Mais les personnes racisées sont nettement sous-représentées dans les collèges, où elles ne constituent que 15 % de l’ensemble des professeurs. « Le groupe de femmes racisées est le plus sous-représenté de tous les groupes dans le corps professoral, note Mme Dufour. Au total, elles gagnent 68 cents pour un dollar gagné par un homme blanc. »

123 000 $

Force est de constater que les femmes qui occupent des postes de professeur à temps plein dans les universités gagnent encore moins que leurs collègues masculins. En dollars courants, le salaire annuel est passé de 92 000 $, en 2006, à 123 000 $, en 2016, pour les femmes. Et de 104 000 $ à 137 000 $, pour les hommes. Pourquoi ? « Les administrations et les associations de professeurs doivent examiner d’un un œil critique les causes de ces inégalités, affirme Mme Dufour. Ce n’est pas normal qu’en 2018, les femmes hautement diplômées ne gagnent pas le même salaire que les hommes qui ont les mêmes compétences. »

1,4 %

Ce qui est vrai pour les femmes est encore plus vrai pour les femmes issues des minorités visibles et pour les autochtones, qui demeurent sous-représentés au sein du corps enseignant dans les établissements postsecondaires. En 2016, les autochtones représentaient 1,4 % du personnel enseignant dans les universités et 3 % dans les collèges, alors qu’ils forment 3,8 % de la population active. « Quand un professeur va partir à la retraite, il va falloir que l’équité devienne un critère d’embauche important pour créer un équilibre », avance la directrice des communications de l’Association canadienne des professeurs d’université, qui compte 70 000 membres en provenance de 122 universités.

2019

L’étude de l’Association se base sur des données recueillies par le Système d’information sur le personnel d’enseignement dans les universités et les collèges (personne enseignant à temps plein), et sur le recensement fédéral de 2016. Dans les universités, les cibles pour atteindre la parité entre les hommes et les femmes existent depuis belle lurette, mais il n’y avait pas de conséquences si elles n’étaient pas atteintes, explique Laurent Lewis, vice-doyen à la recherche et à la création de la faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal. Les choses ont changé avec l’élection du gouvernement Trudeau. « Aujourd’hui, on n’a plus le choix, dit-il. C’est le bâton après la carotte ! » Les chaires de recherche du Canada ont jusqu’à la fin 2019 pour atteindre les objectifs fixés par le gouvernement dans quatre catégories : femmes, personnes handicapées, autochtones et membres des minorités visibles. « Je ne suis pas inquiet, on va les atteindre », assure M. Lewis.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.