Politique internationale

L’économie d’abord dans les relations avec l’étranger

Le gouvernement Legault confirme dans sa nouvelle politique internationale, dévoilée vendredi matin à Montréal par la ministre Nadine Girault, sa détermination à donner la priorité absolue à l’économie dans les relations du Québec avec l’étranger.

Dans le document d’une soixantaine de pages, intitulé Le Québec : fier et en affaires partout dans le monde, il émane clairement une vision affairiste du rayonnement du Québec à l’étranger.

Avec le gouvernement caquiste, on vient de passer d’une ère de diplomatie d’« influence », plus politique, à une diplomatie économique, basée sur une relation d’affaires entre le Québec et le monde.

En mêlée de presse après avoir présenté la nouvelle politique à un parterre de gens d’affaires à la Maison des régions à Montréal, la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, a insisté sur le fait que la diplomatie économique venait s’ajouter à ce qui se faisait déjà dans les délégations québécoises et non pas remplacer tout le reste.

« On faisait certaines activités économiques de manière sporadique, maintenant, ça devient un focus, mais on continue à faire notre diplomatie d’influence aussi. »

— Nadine Girault, ministre des Relations internationales

« La base, la fondation de notre travail demeure. Ce qu’on fait, c’est qu’on s’en sert comme levier, dans les endroits où on a la capacité de le faire pour mettre un étage économique au-dessus », a poursuivi Mme Girault.

Afin d’appuyer davantage le virage économique de l’annonce, la ministre était entourée du président du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), Pierre Lemonde, et de la vice-présidente à la stratégie et aux affaires économiques de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Kathy Megyery.

« L’action internationale du Québec contribuera ainsi davantage à la fois à attirer les investissements étrangers, à accroître les exportations, à recruter la main-d’œuvre et les talents ainsi qu’à promouvoir l’innovation québécoise, le tout dans une perspective de développement durable », peut-on lire dans le document.

Présence économique

Dans son mot de présentation, le premier ministre François Legault donne le ton dès la première phrase : « Depuis plus d’un an, notre gouvernement s’affaire à renforcer la présence économique du Québec à l’étranger. Notre équipe de ministres multiplie les missions pour présenter les atouts du Québec et pour faire rayonner notre culture, nos talents et nos entreprises. »

Essentiellement, les grands axes de la politique étaient déjà connus : attirer davantage d’investisseurs étrangers et trouver de nouveaux marchés pour les PME du Québec.

En matière d’exportations, le gouvernement se donne des objectifs ambitieux.

En 2018, la valeur des exportations internationales de biens et de services représentait près de 30 % du PIB. D’ici cinq ans, Québec veut faire grimper cette proportion à 50 % de la valeur du PIB.

Le gouvernement cherchera à diversifier les marchés d’exportation, conscient que 70 % des biens exportés par le Québec vont vers les États-Unis.

Une stratégie précise viendra plus tard « aider nos entreprises à s’implanter dans de nouveaux pays ».

Le gouvernement Legault veut « décupler la force économique du Québec à l’étranger », en faisant en sorte d’être beaucoup plus proactif dans les démarches effectuées pour attirer d’éventuels investisseurs.

Réseau diplomatique

Comme jamais, le réseau diplomatique du Québec sera mis à contribution pour la prospection d’investisseurs et de nouveaux marchés.

Les chefs de poste devront assurément soutenir activement le virage économique du gouvernement. Ils auront désormais des cibles à atteindre sur leur territoire respectif.

Le Québec compte 33 représentations implantées dans 18 pays, soit 8 délégations générales, 5 délégations (dont 4 aux États-Unis), 13 bureaux, 5 antennes et 2 représentations en affaires multilatérales. Il n’est pas question pour le moment d’apporter des changements au réseau.

« On n’est pas rendu là. Il va découler de la stratégie internationale une stratégie de développement des marchés étrangers, et là, on va regarder vraiment comment on se positionne dans chacun des pays », a précisé la ministre Girault.

En attendant, le gouvernement dit vouloir « réinventer » ses représentations du Québec à l’étranger, pour en faire des carrefours d’appui, qu’il s’agisse d’artistes, d’investisseurs ou d’entrepreneurs.

Investissement Québec

Pour assurer ce rayonnement économique, Investissement Québec ne sera jamais loin, notamment par l’intermédiaire de sa nouvelle filiale Investissement Québec International.

Investissement Québec disposera à terme de moyens renforcés pour déployer ses actions au sein du réseau des délégations. On verra à accompagner les entreprises étrangères non présentes au Québec pour les aider à s’y implanter.

On visera également les filiales d’entreprises étrangères installées sur le territoire québécois, afin qu’elles y réinvestissent et y fassent croître leurs activités.

L’objectif retenu par le gouvernement est de doubler d’ici cinq ans les investissements privés sous contrôle étranger effectués au Québec.

Le gouvernement multipliera donc dans les prochaines années les missions à l’étranger et accueillera davantage de délégations d’investisseurs étrangers.

On ouvrira aussi les bras aux diverses organisations internationales, pour les inviter au Québec, et augmentera le démarchage destiné à accueillir chez nous davantage d’événements internationaux, source importante de retombées économiques.

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