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Les joueurs du Tricolore ont conclu hier la deuxième journée sur glace du camp d’entraînement. Compte rendu.

Hockey  Le Canadien

Hudon et le plafond de verre

La route vers la LNH peut être sinueuse. Si Charles Hudon a le moindre soupçon de découragement, il n’a qu’à regarder autour de lui pour s’en convaincre.

Voilà maintenant trois saisons de suite qu’Hudon termine au deuxième rang des marqueurs du club-école du Canadien. Mais il n’a eu droit qu’à six matchs dans la LNH. Pour plusieurs, le Québécois est victime d’un purgatoire injustifié, d’une attente beaucoup trop longue pour un joueur offensif au sein d’une équipe justement en mal d’attaque.

Pourtant, Hudon n’est pas seul. Dans son entourage immédiat, il y a deux bons exemples de patience, de joueurs qui ont longuement attendu leur tour dans la Ligue américaine. Un de ces exemples, c’est Tomas Plekanec, le centre d’Hudon depuis le début du camp. Le Tchèque a disputé 233 matchs dans l’antichambre de la LNH avant de s’établir à temps plein dans le circuit Bettman.

« Il a fait des saisons dans la Ligue américaine et il est dans la Ligue nationale depuis longtemps. Mon but, c’est de faire la même chose que lui. Mon but, c’est de ne pas retourner dans la Ligue américaine », a mentionné Hudon, rencontré hier après-midi à l’issue de la deuxième journée sur glace du camp d’entraînement du CH, à Brossard.

L’autre, c’est Chris Terry, compagnon de trio d’Hudon la saison dernière à St. John’s, qui patine dans le même groupe que lui au camp. Terry a dû disputer cinq saisons complètes dans la Ligue américaine avant que les Hurricanes lui fassent une place à temps plein dans la LNH, en 2014-2015. Pourtant, il multipliait les succès offensifs : 47, 64, 59, 60 et 69 points.

« Il y a une raison pour laquelle la LNH est la meilleure ligue au monde, rappelle Terry, ancien choix de cinquième tour, comme Hudon. De mettre le pied dans la porte, d’obtenir un rôle à temps plein et d’aider l’équipe tous les soirs, c’est difficile. Charles l’a fait dans la Ligue américaine grâce à ses habiletés offensives, et ce genre d’attribut ne disparaît pas. Il va continuer à marquer des buts. »

Indices favorables

La donne va-t-elle changer pour Hudon cette saison ? Le principal intéressé avait visiblement un pressentiment avant le début du camp.

« J’étais nerveux avant de partir pour le camp, j’ai même appelé mes parents pour leur en parler, a admis l’ancien des Saguenéens. Mais ce n’était pas la même nervosité que pour les matchs. »

« C’est une nervosité où je sens que c’est mon moment, mon temps. Les deux derniers entraînements, je me sens plus rapide, plus fort et j’ai plus de confiance en mon tir. »

— Charles Hudon

Jusqu’ici, trois indices laissent croire qu’Hudon avait raison de pressentir un changement.

• Il faisait partie des joueurs invités au tournoi de golf annuel de l’équipe, lundi dernier. De façon générale, seuls les joueurs établis du Canadien y sont admis.

• Depuis le début du camp, il forme un trio avec Plekanec et Artturi Lehkonen. Pendant ce temps, Terry évolue avec Daniel Carr et Markus Eisenschmid, deux joueurs étiquetés Ligue américaine.

• Nouveauté cette saison : Hudon devra passer par le ballottage si le Canadien souhaite le rétrograder à Laval.

« L’opportunité est plus grande, mais mentalement, c’est la même chose : je dois me créer un poste, affirme Hudon. J’attends ces semaines-là depuis le mois de mai. J’ai le couteau entre les dents, je veux me tailler un poste, bien jouer, bien m’entraîner. Ce que je fais de bien dans la Ligue américaine, je veux le faire ici aussi. »

Si près...

Hudon semblait pourtant en voie d’obtenir sa chance l’an dernier. Rappelé en novembre, il avait disputé trois matchs avec le CH et devait accompagner l’équipe pour un voyage de cinq matchs à Detroit et dans l’Ouest. Mais une bête blessure survenue à l’entraînement – Terry lui faisait une passe et il a été atteint au sternum par la rondelle – l’a empêché d’accompagner ses coéquipiers. Deux semaines plus tard, une fois guéri, il était rétrogradé.

« J’ai déjà été dans ses souliers il y a quelques années, je sais qu’il mérite sa chance, estime Terry. Il était une pièce importante de notre équipe à St. John’s. Il a été malchanceux l’an passé quand il a été rappelé. Il a pleinement mérité sa chance. »

« Il a un bon camp jusqu’ici, il a eu deux bonnes journées, a ajouté Claude Julien. Il cogne à la porte. Je ne connaissais pas son attitude, son approche avant, mais jusqu’ici, je n’ai aucun problème avec ce que je vois. »

« Il semble avoir beaucoup de confiance. Il sait qu’il joue pour un poste. »

— Claude Julien, entraîneur-chef

Le défi d’Hudon est néanmoins de taille. Le Canadien compte neuf attaquants parfaitement capables d’évoluer au sein des trois premiers trios. On pourrait ajouter comme 10e nom à cette liste Ales Hemsky, un joueur capable d’amasser près de 40 points quand il est en santé.

Dans ce contexte, la philosophie de l’entraîneur pourrait jouer pour beaucoup. Hudon ne serait pas nécessairement en position de succès au sein d’un quatrième trio purement défensif, comme on le voyait l’an passé avec des joueurs comme Torrey Mitchell, Brian Flynn et Steve Ott. Par contre, si Julien opte pour une quatrième unité ayant du mordant, la porte pourrait s’ouvrir encore plus grand pour Hudon.

« On va lui donner toutes les chances de se démarquer, de nous prouver qu’il a sa place ici », a assuré Julien.

Hockey  Le Canadien

Weber, mentor de Mete

Parmi les joueurs dépaysés à ce camp d’entraînement, on peut compter Shea Weber. Imaginez : il est passé d’un partenaire de 38 ans à un autre… de 19 ans. D’une génération à l’autre !

Dans le contexte du départ d’Andrei Markov, qui laissait Weber sans partenaire, ce duo Weber-Victor Mete fait drôlement jaser au camp du Canadien.

Pas que quiconque imagine Mete dans le Bleu-blanc-rouge, le 5 octobre prochain à Buffalo. Après tout, Marc Bergevin s’est toujours montré très patient avec ses jeunes défenseurs en développement. Mais le simple fait de jumeler Mete au pilier de la défense montréalaise montre bien à quel point le CH tient son jeune espoir en haute estime.

« Ça va lui donner la chance de se faire valoir de la bonne façon », expliquait Claude Julien, vendredi.

On ignore toujours qui sera le partenaire de Weber quand la saison s’amorcera, et l’expérience menée par Julien prolonge le suspense. Mete, par ses talents de patineur et sa propension à appuyer l’attaque, aurait le profil parfait, si seulement il avait quelques années de plus.

En attendant, Weber profite de l’occasion pour donner au suivant. « À Nashville, je retirais beaucoup de fierté à travailler avec les jeunes défenseurs, car les Predators en ont repêché plusieurs au premier tour. J’essayais de les aider le plus possible. Quand j’étais jeune, je m’inspirais des vétérans, et ça signifiait beaucoup à mes yeux. »

Deux formats

Weber fait 6 pieds 4 et pèse 230 livres. Un « homme-montagne », décrivait Mike Babcock l’an dernier. Mete, lui, fait 5 pieds 9 et pèse 184 livres.

Pas besoin de s’appeler Larry Robinson pour comprendre que si Mete s’établit dans la LNH, ce ne sera pas en pratiquant le style de Weber. Ce dernier n’est pas du genre à transporter la rondelle et à se porter en attaque. Il marque l’écrasante majorité de ses buts en décochant ses boulets de canon de la ligne bleue.

Mete a tout de même beaucoup à apprendre du numéro 6 du CH.

« [Shea Weber] m’a montré comment lire les descentes à trois contre deux, comment mieux jouer avec mon bâton en zone défensive. Ces petites choses peuvent faire une grande différence. »

— Victor Mete

« Je pense que je peux beaucoup apprendre de lui. Il est dans la ligue depuis longtemps, il peut me montrer des choses dans les trois zones. Jouer avec lui est une des meilleures situations pour moi. Ce que je vais apprendre, je pourrai l’appliquer dans le junior si on me renvoie, ou ici l’an prochain. »

La bonne attitude

Il n’y a pas que sur la patinoire que Weber et Mete sont aux antipodes. Devant les caméras, le premier a tendance à s’éteindre. C’est quand il ne reste plus que des enregistreuses et des calepins de notes que ses réponses deviennent plus longues. À ses premiers pas dans la LNH, Weber affichait donc l’attitude parfaite du jeune nouveau, jumelé à Kimmo Timonen.

« Kimmo était déjà une étoile à cette époque, se souvient Weber. J’étais nerveux. Je ne voulais rien dire. Je me disais : “La ferme, écoute, regarde-le s’entraîner et apprends les petites choses.” Mais il a toujours été très gentil avec moi ! »

Mete, lui, ne semble nullement intimidé par l’objectif des caméras et les nombreux micros. Il dégage une confiance certaine, sans tomber dans l’arrogance. Mais c’est visiblement différent en privé !

« Victor est très respectueux et tranquille, explique Weber. Je le sens nerveux quand il vient poser des questions, mais ça va finir par passer. C’est un bon jeune et un bon joueur. »

Le développement des joueurs est un maillon faible chez le Canadien depuis quelques années. On verra si ce genre d’initiative contribuera à infléchir la tendance.

Rendez-vous au Centre Bell

Les joueurs du Canadien sont conviés à leur plus grand test du camp aujourd’hui : la traversée du pont Champlain et de l’échangeur Turcot. C’est que l’action se déplace de Brossard au Centre Bell, où aura lieu un match intraéquipe en après-midi. Ne sursautez pas si vous ne voyez pas Claude Julien derrière le banc des Blancs ou des Rouges. L’entraîneur-chef a plutôt l’intention d’observer l’action du haut de la passerelle de presse. Les joueurs disputeront deux périodes de 30 minutes, à la veille de leur premier match préparatoire, lundi soir à Québec. 

Les bons mots de Ruff sur Hemsky

Le nouveau venu Ales Hemsky commence visiblement le camp dans les bonnes grâces de Claude Julien. Hemsky a passé les trois dernières saisons à Dallas sous les ordres de Lindy Ruff, qui a notamment côtoyé Julien chez Hockey Canada. « Lindy et moi sommes bons amis, on s’est souvent parlé cet été, a raconté l’entraîneur-chef du Canadien. Il avait de bons mots pour Ales, qui a beaucoup progressé dans ses années avec lui là-bas. Il a appris beaucoup de nouvelles choses. » Hemsky, 34 ans, est arrivé à Montréal cet été en vertu d’un contrat d’un an, d’une valeur d’un million de dollars.

Schlemko sur la touche

La situation sur le flanc gauche de la défense montréalaise était déjà compliquée, et le portrait pourrait se brouiller davantage. David Schlemko a raté la séance d’hier en raison d’une blessure à une main. Claude Julien a parlé d’une simple « contusion », mais a rapidement esquivé la question. La durée de son absence demeure inconnue.

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