Hockey Coupe du monde

Négligés un jour, négligés toujours

TORONTO — Dans une équipe où les joueurs viennent de pays sans grande tradition de hockey comme le Danemark, la Slovénie ou la Norvège, le rôle de négligé est la norme.

Équipe Europe a campé ce rôle à merveille depuis le début de la Coupe du monde, et le campera plus que jamais en finale contre le Canada, à compter de demain.

Les Européens peuvent-ils espérer battre le Canada deux fois au cours des trois prochains matchs ? Si on se fie aux éléments les plus expérimentés du groupe, rien n’est impossible. Ils en sont la preuve incarnée.

Ralph Krueger a dirigé pendant une douzaine d’années l’équipe nationale de la Suisse, jusqu’en 2010. Or, la Suisse du début du millénaire n’était pas celle d’aujourd’hui, qui a envoyé 13 joueurs dans la LNH la saison dernière.

À la tête d’un programme émergent, Krueger s’était donc amené aux Jeux de Turin, en 2006, en tant que grand négligé. De cette équipe, les amateurs de hockey de la LNH ne connaissaient que peu de noms, hormis les gardiens Martin Gerber et David Aebischer. Mark Streit était encore un obscur choix de neuvième tour du Canadien, qui n’avait marqué qu’un petit but dans la LNH. Et Paul DiPietro était surtout connu pour ses exploits à Montréal en 1993, et pas grand-chose d’autre.

« Je peux comparer notre équipe avec celle de la Suisse, car dans les deux cas, notre mentalité est de causer des surprises, a analysé Krueger. Par contre, je n’ai jamais dirigé un groupe aussi doué et intelligent [qu’Équipe Europe]. Notre caractère est sans commune mesure. Mais mis à part la profondeur en matière de talent, l’esprit est le même. »

À Turin, après une victoire surprise contre la République tchèque, la Suisse a carrément causé la commotion en défaisant le Canada 2-0. Pour y parvenir, le bon vieux DiPietro avait dû marquer deux fois contre un certain Martin Brodeur.

Pendant ce temps, Gerber bloquait 49 tirs, dont 7 de Chris Pronger et de Brad Richards, et 7 autres de Jarome Iginla.

« Nos expériences de Turin et de Vancouver, où on s’est rendu en tirs de barrage contre le Canada, m’ont assurément aidé à faire croire aux joueurs que le hockey est un sport honnête, et ce, tous les jours. »

— Ralph Krueger, entraîneur-chef d’Équipe Europe

« Au bout du compte, le talent et les habiletés ne permettront pas de battre l’équipe qui travaille le plus fort. C’est pour cela que l’on se bat. »

Krueger et Streit tenteront maintenant de reproduire cette magie.

KOPITAR AUSSI

Le capitaine de l’Europe, Anze Kopitar, a lui aussi déjà vécu une victoire de type David contre Goliath.

C’était à Sotchi en 2014. La Slovénie comptait alors 2 millions d’habitants, dont 150 qui jouaient au hockey, et qui se partageaient les 7 patinoires du pays.

Ça n’avait pas empêché Kopitar et les siens de signer une victoire historique de 3-1 sur la Slovaquie, au tour préliminaire. Historique, car c’est à ce jour la seule du pays dans un tournoi olympique. L’équipe l’avait d’ailleurs célébrée pratiquement comme une conquête de la Coupe Stanley.

« Il y a assurément des comparaisons à faire, a répondu Kopitar. Personne n’aurait cru qu’on se rendrait aux quarts de finale [à Sotchi], et on l’a fait. Ici, personne ne croyait qu’on se rendrait en finale, et on l’a fait. Mais ce n’est pas facile ! On doit jouer notre meilleur hockey. Notre gardien a été incroyable… et il devra l’être encore ! »

Ironiquement, cette victoire de la Slovénie avait été enregistrée contre Jaroslav Halak, celui-là même qui aura pour mission d’affronter le Canada cette semaine.

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