Témoignage

Le cannabis m’a volé mon fils

Je suis la mère de deux beaux jeunes de 19 et 17 ans qui ont tout devant eux. Notre vie est celle de tout le monde : aucun grand drame, aucun grand deuil, de petits accrochages, des réajustements… mais, comme dirait mon amoureux, rien qui n’arrive pas chez les autres. Famille normale. Mère présente et aimante. Depuis toujours, j’ai encouragé mes enfants à se surpasser. Je les ai encouragés dans leurs rêves sportifs, leur ai permis de voyager pour s’ouvrir au monde qui les entoure, je les ai épaulés, écoutés, aimés et consolés. Une recette gagnante quoi !

Depuis toujours, mon fils a été, tout comme ma fille, un enfant doux, généreux, aidant, poli et aimable. Il a passé son permis de conduire, s’est trouvé un petit emploi à 12 heures par semaine et je me suis portée garante pour l’achat de sa voiture. Et là, tout a basculé. Sa nouvelle liberté, ses mauvaises fréquentations, son goût de tester les limites… tout ça l’a amené à consommer. Il s’est mis à rentrer de plus en plus tard, à manquer ses cours, à rester couché toute la journée, à vivre de nuit. Secondaire 5, il a abandonné l’école en avril. 

J’ai tenté par tous les moyens, doux et moins doux, de le raisonner. Rien à faire. Je soupçonnais une dépression. J’ai contacté plusieurs psychologues pour finalement en trouver un qui voudrait bien rencontrer un ado qui consomme, mais ce dernier m’a bien fait comprendre que si le besoin venait davantage de la mère que du fils, la thérapie ne donnerait rien. J’ai pleuré au téléphone. Je n’avais aucune issue pour aider mon enfant.

Je n’ai pas vécu de grands drames.

Pas (encore) de psychose, pas de tentative de suicide, pas de justice mêlée à tout ça, mais mon fils, qui jouait au soccer 15 heures par semaine dans son programme d’étude est devenu, en quelques mois, amaigri et sans vie.

Il a perdu plusieurs emplois et a refusé toute aide extérieure. Avec l’aide de son enseignante, j’ai réussi à le motiver assez pour qu'il aille passer ses derniers examens de juin et le DES est arrivé par la poste. Petite victoire pour maman. Par contre, depuis le printemps, mon grand garçon de 17 ans et 8 mois ne travaille plus et ne s’est pas inscrit à l’école. Il a abandonné tous ses rêves de devenir policier un jour.

En tant que mère et enseignante, je trouve très difficile de le voir s’écrouler et s’enfoncer ainsi. Je tente, depuis plusieurs mois, de garder le contact avec lui. Je suis patiente et compréhensive. Je me dis que mon garçon est caché quelque part derrière ce grand jeune homme que je ne reconnais pas… mais après une discussion qui a failli me coûter un œil au beurre noir, j’ai dû abandonner l’idée que je pouvais encore l’aider. Mon fils est devenu un être agressif et enragé. Je suis anéantie.

Que faire ?

À 17 ans, je ne peux pas l’emmener de force en thérapie, je ne peux pas le forcer à se scolariser et je ne peux pas aller travailler à sa place. On fait quoi en tant que parent lorsqu’aucune solution n’est disponible ? On attend que notre fils nous frappe pour appeler le 911 ? On attend de le retrouver dans un fossé parce qu’il conduit sous l’effet du cannabis ?

Je n’ai aucune solution devant moi, plus aucun espoir. Et je continue de lire que le gouvernement est fier de légaliser cette foutue merde qui nous vole nos jeunes. Je n’y comprends rien.

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