Centre universitaire de santé McGill

Une nouvelle directrice des finances issue de SNC-Lavalin

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a récemment embauché une ex-directrice de SNC-Lavalin pour gérer les finances de l’hôpital. Le PDG de l’établissement assure que jamais elle n’a été mêlée de près ou de loin au contrat de construction du nouvel hôpital, obtenu par SNC-Lavalin au terme d’un processus décrit comme « la plus grande fraude de corruption de l’histoire du Canada » à la commission Charbonneau. En entrevue à La Presse, le nouveau PDG du CUSM, Pierre Gfeller, a âprement défendu sa collègue, la qualifiant même de future « étoile du réseau de la santé ».

À la suite du départ à la retraite de l’ancien directeur des finances du CUSM au printemps dernier, un appel de candidatures a été lancé. « Le décret ministériel à ce sujet a été suivi », note M. Gfeller.

Budget annuel du CUSM (soins et recherche)

1,1 milliard

Nombre d’employés

11 000

Dans un premier temps, quatre candidatures provenant du réseau de la santé ont été analysées. Puis une quinzaine de candidats extérieurs ont manifesté leur intérêt, dont Dawn Singerman, qui travaillait depuis 2010 chez SNC-Lavalin. « On a rencontré quatre candidats. Mme Singerman s’est nettement démarquée », affirme M. Gfeller. La nomination de Mme Singerman a été confirmée cet automne.

Outre ses grandes compétences professionnelles – Mme Singerman, qui est comptable professionnelle agréée, a une formation en finances et maîtrise tant le français que l’anglais –, le comité de sélection du CUSM a été impressionné par sa personnalité et sa grande intelligence émotionnelle, note M. Gfeller. « Alors que le réseau connaît des problèmes de recrutement, Mme Singerman est une candidate inespérée pour nous », affirme-t-il.

Aucun lien avec la corruption

En 2014, des enquêteurs de la commission Charbonneau révélaient que deux anciens dirigeants de SNC-Lavalin avaient versé 22,5 millions à deux anciens dirigeants du CUSM pour obtenir le contrat de construction du nouvel hôpital en partenariat public-privé. Les enquêteurs avaient alors parlé de « la plus grande fraude de corruption de l’histoire du Canada ».

Quand on lui demande si le comité de sélection du CUSM s’est inquiété du fait que Mme Singerman avait œuvré chez SNC-Lavalin, M. Gfeller répond : « SNC-Lavalin, c’est immense. Il y a 55 000 employés. On parle d’un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards. Mme Singerman n’a jamais été associée de près ou de loin au projet de SNC au CUSM. »

Encore un déficit cette année

À peine arrivée au CUSM, Mme Singerman fait face à un important défi. Au cours des dernières années, le CUSM a éprouvé des ennuis budgétaires, cumulant les déficits.

Déficits du CUSM

2015-2016 : 44 millions

2016-2017 : 22 millions

2017-2018 : 8,6 millions

Cette année, M. Gfeller prévoit un déficit « à peu près à la même hauteur » que celui de l’an dernier. Mais avec l’aide de Mme Singerman, il a bien l’intention d’améliorer la situation. « Depuis mon arrivée [en mai 2018], on s’est recentrés sur notre rôle. On a mis fin aux projets à gauche, à droite et à l’international. On se concentre à offrir des services de qualité, des soins tertiaires et quaternaires, à faire de la recherche », énumère M. Gfeller.

Ce dernier affirme que le nouveau gouvernement a déjà signifié à ses PDG d’hôpitaux son désir d’aller de l’avant avec le financement à l’activité dans le réseau. Selon le PDG du CUSM, puisque Mme Singerman est une « experte du coût de revient des activités », elle sera la personne tout indiquée pour aider le CUSM dans cette transition.

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