GRANDE ENTREVUE MADELEINE PAQUIN, PDG DE LOGISTEC

Logistec pourrait voir plus loin encore

Un modèle de régularité. Depuis son inscription en Bourse, en 1969, Logistec n’a jamais enregistré un exercice déficitaire. L’entreprise qui exploite plus de 40 sites de manutention de marchandises dans 31 ports de l’est de l’Amérique du Nord est depuis quelques années déjà dans la ligne de mire de la Caisse de dépôt, qui souhaite l’accompagner dans son expansion internationale. La PDG du groupe de logistique, Madeleine Paquin, soupèse cette éventualité.

Depuis les 15 dernières années, les profits annuels de Logistec Corporation affichent un taux de croissance annuel composé de plus de 11 %. Au cours des cinq dernières années, la valeur de son titre boursier a progressé de plus de 400 %.

Il y a un mois, la Caisse de dépôt a acheté sur le marché pour 70 millions d’actions de Logistec pour ainsi devenir, avec 12 % des titres en circulation, le 2e actionnaire du groupe en importance. Il faut dire que Logistec est considérée comme un investissement en infrastructures, une catégorie d’actifs que privilégie la Caisse de dépôt.

« Depuis quelques années, on a bâti des relations avec la Caisse, dit Madeleine Paquin. Je ne cache pas que ses dirigeants nous poussent à prendre de l’expansion à l’international. Je ne suis pas un Serge Godin, de CGI, ou un Alain Bouchard, de Couche-Tard. »

« Chez Logistec, on est plus prudents. Mais si on peut se développer de façon structurante, c’est certain que l’on va regarder les occasions. »

— Madeleine Paquin, PDG de Logistec depuis 1996

C’est son père Roger Paquin qui a fondé l’entreprise à Québec, en 1952, où il offre ses services de manutention de marchandises aux producteurs forestiers et d’amiante, dans le port de Québec.

Son père décide de consolider le marché en acquérant certains concurrents et en élargissant sa base géographique. Il obtient du financement d’une société de capital de risque et réalise son entrée en Bourse en 1969.

DÉVELOPPEMENT DE MONTRÉAL

Avec les années, Logistec a poursuivi cette politique de diversification. L’entreprise qui réalisait essentiellement du transbordement de vrac est devenue un important manutentionnaire de marchandises en conteneurs ainsi que de cargo général.

« On a présentement une capacité d’entreposer 1,4 million de boîtes de 20 pi. Avec les travaux d’agrandissement que l’on réalise au quai Viau, à Montréal, on va hausser notre capacité à 2 millions de conteneurs », précise la PDG.

Ce projet de 42 millions est chapeauté par Termont, une coentreprise de Logistec et de son principal client, le groupe européen MSC, qui est également le plus grand armateur de porte-conteneurs au monde. Termont est aussi le gestionnaire du site Maisonneuve du Port de Montréal.

Logistec exploite aussi MtlLINK, une installation intermodale, située à proximité du port de Montréal où l’on construit également un nouvel entrepôt pour desservir ses clients.

« L’une des forces de Logistec, c’est la diversité de sa clientèle. Que ce soit dans le secteur minier ou dans les produits transformés, on se rapproche des secteurs en croissance, comme celui de la biomasse.

« C’est certain que lorsqu’un gros client comme Cliffs Natural Ressources a des problèmes, il faut se retourner. L’idée, à la fin de l’année, c’est d’être allé en chercher plus que ce que tu as perdu », souligne avec une grande sagesse la PDG.

À Montréal, Logistec compte sur de gros clients tels que Sucre Lantic, les entreprises du secteur de l’acier et les producteurs de sel à glace.

Avec beaucoup de ses actifs situés dans la grande région de Montréal, Madeleine Paquin a accueilli avec une tiédeur évidente certaines des propositions formulées dans la Stratégie maritime du gouvernement Couillard, dont celle notamment de créer un pôle logistique à Vaudreuil.

« La création d’un mégacentre de distribution à Vaudreuil viendrait affaiblir la position de Montréal. Nous, on souhaite répliquer le modèle du port de Savannah, en Géorgie, qui est l’exemple à suivre en matière de logistique.

« Le port de Savannah était anciennement très associé au transport des matières premières. Ils ont créé un centre de logistique et de distribution hautement efficace, ce qui a attiré quantité de nouveaux clients et a permis de relancer les activités du port », soulève Madeleine Paquin.

L’AVENIR DE LOGISTEC

La PDG de Logistec entrevoit par ailleurs l’avenir avec optimisme. L’intérêt de la Caisse face à l’expansion du groupe de logistique est pour le moins rassurant.

« La Caisse pourrait devenir un investisseur stratégique important pour nous, on va voir aller les choses. »

— Madeleine Paquin, PDG de Logistec

D’ici là, Logistec entend intensifier sa présence aux États-Unis où elle retire présentement 30 % de ses revenus annuels. Madeleine Paquin entrevoit même une expansion du côté de l’océan Pacifique où Logistec pourrait démarrer des activités.

Et au-delà de la logistique, il faut rappeler que Logistec a aussi une autre branche d’activités en expansion du côté de l’environnement. Le groupe est propriétaire de Sanexen, une entreprise spécialisée dans la restauration de sites contaminés et la réhabilitation de conduites de distribution d’eau.

« Cette division nous a rapporté 127 millions de revenus l’an dernier et on prévoit réaliser des ventes de 150 millions cette année. Ça va très bien et on est très contents de la performance de nos activités dans le secteur de l’environnement », précise la PDG.

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