Soccer l'Impact

Changement dans la continuité, encore

C’était écrit. Frank Klopas, le candidat du compromis – celui dont la philosophie n’était toujours pas vraiment comprise –, est venu, n’a jamais réellement convaincu, et rentrera chez lui fort probablement déçu. Si l’Impact conserve toujours quelque part l’espoir de suivre un jour le plan à long terme de son entraîneur, les résultats médiocres du onze montréalais en une saison et deux tiers sous la gouverne de Klopas auront précipité l’intervention des dirigeants du club.

Malgré une campagne dépassant les attentes en Ligue des champions, il semble que les jours de Klopas ont commencé à être comptés par l’état-major à partir du moment où l’Impact s’est soudainement mis à échapper des points au stade Saputo, la période de sursis de l’entraîneur venant rapidement à expiration. Or faut-il reprocher au « comité technique exécutif » d’avoir cédé au sentiment de panique qui s’est installé alors que l’équipe allait clopin-clopant depuis 11 matchs ? Excusez-la, mais il fallait l’écrire au moins une fois avant que tout ne soit terminé.

Le souvenir de la descente aux enfers de 2013 – après une superbe entame de saison – aura certainement joué dans l’esprit des dirigeants montréalais.

L’Impact de Marco Schällibaum, brièvement si brillant, s’était complètement écroulé dans le dernier tiers de la campagne. Bref, devant l’histoire qui semble se répéter, et un Klopas de plus en plus fataliste en regardant la liste des blessés, on choisit cette fois d’agir dans le but de redonner un élan à cette équipe à la dérive. Et c’est en confiant la destinée du club à un habitué des hauts et des bas de l’organisation qu’on espère trouver le salut. Mauro, svp, fais-nous (encore) rêver !

BIELLO ET LE COMITÉ

Panique ou pas, Mauro Biello représente probablement l’homme-clé dans cette situation. Ceux qui remettent en question son bagage d’expérience ou ses qualifications passent complètement à côté de la question : qui peut aspirer à piloter l’Impact sans conflit incessant avec la direction ? La réponse est Mauro Biello, et pas seulement par intérim.

L’Impact se dit en quête de continuité. Or il est ironique de constater que si les titres ont changé, la façon de faire les choses, elle, est essentiellement la même.

Du coup, il serait illusoire de penser qu’un nouveau candidat sorti d’un chapeau puisse s’adapter à la réalité du « comité technique exécutif » montréalais.

Sans manquer de respect à messieurs Braz et Legendre – un tandem éloquent en conférence de presse –, le président Joey Saputo et Nick De Santis, maintenant VP, ont une influence nettement plus lourde sur ledit comité. Moins actifs que jadis ? Fort probablement, mais toujours aussi influents. N’allez pas penser que Klopas est celui qui est allé chercher Didier.

Devant cet état de fait, l’entraîneur de l’Impact se doit d’être pragmatique, voire rusé. Inutile de me faire part de vos frustrations ou de suggérer en vain des noms qui s’acharneraient à modifier cette situation. Qu’on le veuille ou non, l’Impact n’est pas une organisation comme on en voit dans les livres de gestion. If you can’t beat them, join them. À ce titre, Mauro Biello fait déjà partie du cercle intime de la direction et il sait très bien qu’il devra choisir ses batailles afin de faire passer ses idées et convaincre ses patrons que sa vision est celle qu’il faut employer. Les résultats positifs serviront à renforcer sa crédibilité.

Pour l’heure, le plus urgent à faire pour Biello, c’est de changer l’atmosphère qui s’est installée dans le vestiaire. Le système de jeu et la philosophie peuvent attendre. Les joueurs du bleu-blanc-noir doivent vite retrouver le plaisir de jouer et le moyen de gagner. Alors, qu’il leur passe une vidéo de son héros Roberto Baggio ou des extraits de ses meilleures réalisations contre les Raging Rhinos, peu importe… Qu’est-ce que ça peut bien changer si ça fonctionne pour les motiver ?

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