Maltraitance alléguée au CHSLD de Beauceville

La famille d’une victime porte plainte

QUÉBEC — La famille d’une résidante du CHSLD de Beauceville porte plainte pour des actes de « violence gestuelle et verbale » qu’aurait commis une préposée aux bénéficiaires, poussée à la retraite récemment.

Comme La Presse l’a révélé la semaine dernière, cette employée aurait maltraité 11 résidants. Deux collègues de travail l’ont dénoncée à la fin du mois dernier.

« Dès que la direction a été informée de gestes inadéquats, elle a débuté une enquête interne et a pris immédiatement des mesures pour assurer la sécurité » des résidants, selon le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches. Il a diffusé un communiqué sur « la situation de maltraitance au CHSLD de Beauceville » après la publication du reportage de La Presse.

La préposée a été suspendue avec salaire, avant de partir à la retraite de façon anticipée au début du mois de mars, à la suite d’une rencontre avec ses supérieurs. Le dossier a été transmis à la Sûreté du Québec.

« Violence gestuelle »

La famille d’une victime, qui témoigne sous le couvert de l’anonymat, soutient que la direction du CHSLD l’a informée de la situation le 2 mars. Elle a porté plainte quatre jours plus tard auprès de la commissaire locale aux plaintes et à la qualité des services du CISSS, Brigitte Landry.

Elle dénonce « des interventions de violence gestuelle et verbale » faites par l’employée auprès de la résidante, des actes qui lui ont été confirmés par la direction elle-même à l’issue de son enquête. « C’est avec une grande tristesse qu’[on] a reçu cette révélation », écrit la famille dans sa plainte.

La résidante concernée, qui « ne peut plus marcher », « est une personne anxieuse, et des gestes envers elles ont été posés de sorte qu’elle le soit encore plus. »

« Comme en la tournant et en la laissant sur le bord du lit. Elle avait peur » de tomber. « C’est inacceptable. »

Toujours selon la plainte, la résidante était prise de vomissements soudains qui pourraient être liés aux mauvais traitements. « Il arrivait des fois qu’elle vomissait, et on nous disait qu’on ne savait pas pourquoi […]. A-t-elle eu assez peur pour en vomir ? » se demande la famille.

Selon elle, la préposée « ridiculisait » la résidante. Souffrant de troubles de mémoire, elle demande souvent aux employés leur nom. La préposée répondait : « Je ne vous le dis pas » ou « le père Noël », lit-on dans la plainte.

Pendant combien de temps ?

La famille est soulagée que la préposée ne soit plus employée du CHSLD. Elle se demande toutefois depuis combien de temps les mauvais traitements étaient connus de la direction et des employés. « On s’est fait dire que ce n’était pas la première fois » que des gestes lui étaient reprochés et qu’« elle avait déjà été rencontrée » par la direction dans le passé, soutient un membre de cette famille. Il y a eu un fort roulement de personnel à la tête du CHSLD dans les dernières années. La directrice actuelle, Manon Trudel, est en poste depuis décembre.

Les proches de la victime espèrent que « les soins qui seront prodigués à l’avenir seront faits par des personnes aimantes et patientes comme on en voit [à] cet étage » du CHSLD de Beauceville. « Pour le peu de temps qui lui reste à vivre, j’espère qu’elle pourra se sentir aimée autant qu’elle nous a aimés et qu’on l’aime », écrit la famille.

Elle a obtenu un accusé de réception de sa plainte, qui est maintenant à l’étude. La commissaire Brigitte Landry n’a pas rappelé La Presse, hier. À son bureau, on rappelle que les plaintes sont confidentielles.

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