Marché du travail

Un record... qui peut être battu

Le Québec affiche en juillet un taux de chômage historiquement bas de 5,8 %, le plus bas depuis que ces statistiques existent. Peut-il baisser encore ? Oui, disent les spécialistes.

Deux facteurs militent en faveur d’une poursuite de cette tendance à la baisse, explique Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. « Le bassin de main-d’œuvre diminue à cause du vieillissement de la population, et l’économie va continuer de croître à moyen terme. On ne peut pas fermer la porte à d’autres baisses du taux de chômage. »

À 5,8 % de chômage, le Québec est en situation de plein emploi, estime Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Financière Banque Nationale. « Ça signifie, notamment, que le manque de travailleurs qualifiés va devenir plus aigu. »

Il croit lui aussi que le taux de chômage a encore un potentiel baissier. « Le Québec est la seule grosse province au Canada où le bassin de la population en âge de travailler [les 15-64 ans] diminue et elle ne réussit pas à retenir tous les immigrants qu’elle choisit. »

La bonne nouvelle, selon lui, c’est que Montréal a repris son rôle de locomotive économique, après avoir longtemps été à la traîne du reste du Québec. La métropole est en meilleure position pour attirer et retenir les travailleurs qualifiés.

« Sur les 124 300 emplois créés au Québec depuis un an, 115 000 l’ont été dans la région de Montréal. »

— Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Financière Banque Nationale

C’est nettement supérieur à la création nette d’emplois dans les autres principales régions métropolitaines du pays, Toronto (45 000) et Vancouver (37 000).

Les salaires ont aussi crû davantage à Montréal. La rémunération horaire moyenne a augmenté de 3,3 %, comparativement à la moyenne canadienne de 1,3 %.

Ces indices, conjugués au fait que Montréal est une ville où le coût de la vie est plus abordable, aident à réduire la migration interprovinciale.

Un marché du travail trop serré génère habituellement d’autres problèmes, comme des pénuries de main-d’œuvre et de l’inflation. « On n’est pas rendus là, croit Stéfane Marion. Il est possible d’éviter ça si on réussit à faire croître notre bassin de main-d’œuvre », dit-il.

Pénurie et rareté

Dans la région de Québec, le taux de chômage s’est établi à 4,0 % en juillet, en baisse de 0,4 % par rapport au mois précédent. Ce n’est pas un record, précise Louis Gagnon, économiste principal de Québec International. « On a déjà vu 3,4 % pour un mois. »

Selon lui, la meilleure indication que la région de Québec vit le plein emploi, c’est que 90 % de la main-d’œuvre dans la force de l’âge, soit ceux qui ont entre 25 et 54 ans, est au travail. « Autrement dit, 9 personnes sur 10 qui peuvent travailler ont un emploi. C’est le taux le plus élevé au Canada. »

La main-d’œuvre est rare, mais pas introuvable, précise-t-il. « On parle de rareté de main-d’œuvre, pas de pénurie. »

Même s’il pense lui aussi que le taux de chômage de la région de Québec peut encore baisser, l’économiste de Québec International croit qu’il pourrait difficilement plonger en bas de 3 %.

D’une ville à l’autre

Taux de chômage de juillet 2017 (juin 2017)

Gatineau : 5,5 % (inchangé)

Québec : 4,0 % (4,4 %)

Sherbrooke : 5,6 % (inchangé)

Trois-Rivières : 6,3 % (inchangé)

Montréal : 6,3 % (6,5 %)

Un creux de neuf ans au Canada

Le marché du travail a ralenti en juillet dans l’ensemble du pays, après plusieurs mois d’augmentations massives. Le taux de chômage au Canada a baissé en juillet pour s’établir à 6,3 %. C’est le taux le plus bas depuis neuf ans, soit depuis 2008-2009.

Contraste parmi les provinces

Le portrait de l’emploi est contrasté parmi les provinces canadiennes. Le taux de chômage le plus élevé est celui de Terre-Neuve-et-Labrador, à 15,7 %, et le plus bas, celui du Manitoba, à 5,0 %.

Taux de chômage provincial (données de juillet)

Manitoba : 5,0 %

Colombie-Britannique : 5,3 %

Québec : 5,8 %

Ontario : 6,1 %

Nouveau-Brunswick : 6,5 %

Saskatchewan : 6,6 %

Alberta : 7,8 %

Nouvelle-Écosse : 7,9 %

Île-du-Prince-Édouard : 8,2 %

Terre-Neuve-et-Labrador : 15,7 %

124 000 emplois de plus au Québec

Depuis un an, le nombre d’emplois net a augmenté de 124 000 au Québec (3 %), soit plus rapidement que dans l’ensemble du pays (2,1 %).

Principales hausses de l’emploi au Québec

Services professionnels : 27 300

Administration publique : 24 700

Commerce : 21 600

Information, culture et loisirs : 15 100

Finance, assurance, immobilier : 14 600

Au travail plus longtemps

Au Canada, l’emploi continue de progresser chez les travailleurs plus âgés, et ceux qui ont plus de 65 ans sont plus nombreux au sein du contingent des travailleurs. C’est une tendance qui s’observe partout en Amérique du Nord, mais pas pour les mêmes raisons, selon Stéfane Marion, de la Financière Banque Nationale. « Au Canada, c’est plus par choix que pour des raisons financières que les gens continuent de travailler après 65 ans, estime-t-il. C’est positif, parce que ça réduit l’impact du vieillissement de la population. »

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