Opinion  Connaissances scientifiques

Une société du savoir, vraiment ?

On apprenait récemment dans un sondage mené par un groupe de chercheurs de l’Université de Montréal que seulement 44 % des Canadiens croient que l’activité humaine est la principale responsable des changements climatiques.

Les résultats varient selon les régions, mais au final, près d’un Canadien sur deux n’est pas convaincu par l’abondance des preuves scientifiques témoignant de l’impact de l’activité humaine sur le réchauffement climatique. Dans une société « du savoir » qui vante ses cerveaux, il s’agit d’un énorme problème. 

Le manque de culture scientifique touche de multiples sujets au-delà de l’enjeu majeur que représentent les changements climatiques. Nous n’avons qu’à penser à ceux qui remettent en question les vaccins ou qui refusent des traitements pharmacologiques pour privilégier des méthodes alternatives qui ne sont pas reconnues par la médecine.

À qui la faute ? On pourrait montrer du doigt les médias qui laissent parfois trop de place aux climato-sceptiques, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Le problème est en effet beaucoup plus en amont et beaucoup plus systémique. 

Le véritable problème est que les gens n’ont pas le bagage scientifique pour comprendre les faits et critiquer les opinions d’autrui rationnellement.

Or, nous vivons dans une société dictée par la science. La science est dans nos téléphones intelligents, dans les avions de la C Series de Bombardier, dans notre assiette, dans nos routes : elle est partout. Pourtant, en tant que population, nous ne comprenons pas les concepts de base de la méthode scientifique. Nous oublions comment la science a permis au fil des siècles de régler des problèmes et de faire avancer la société. 

OUTILLER LES CITOYENS

Il est ainsi essentiel que nos dirigeants prennent la science en compte dans leurs prises de décisions, que ce soit dans le développement de politiques économiques efficaces ou pour diminuer les émissions de GES. Au final, nous avons besoin de gens qui comprennent la science et qui lui laissent la place qu’elle mérite dans notre société.

Comment régler le problème ? Il faut complètement revoir la place de la science dans le système scolaire et y accorder une plus grande place au gouvernement.

On parle souvent de l’importance de l’enseignement du français pour nos jeunes, mais le langage universel est le langage scientifique. Il faut que nos enfants baignent dans la science. Il ne s’agit pas ici de former des scientifiques ou des chercheurs, mais simplement des citoyens qui ont des connaissances de base en science afin de les outiller pour mieux comprendre la société et son évolution. 

À une époque où les gouvernements agissent trop souvent de façon électoraliste, donner un savoir scientifique à la population permet d’exercer une pression positive sur les politiciens.

Les plus pessimistes diront que les retombées de la science et du développement technologique ont causé les changements climatiques, mais les plus optimistes, dont je fais partie, diront que c’est la science qui nous permettra de nous dépasser et d’affronter nos défis pour les siècles à venir.

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