Ski de fond  finales de la Coupe du monde de québec

À quelques heures du coup d’envoi des épreuves qui se déroulent ce week-end à Québec, La Presse s’est entretenue avec celui qui sera le favori de la foule sur les plaines d’Abraham, Alex Harvey, pendant que les autres fondeurs du circuit peinaient à gagner la capitale, résultat de la tempête qui s’abat sur la province depuis mardi soir. Résumé de la journée.

Ski de fond  Coupe du monde de Québec

Le calme avant la tempête

Le nouveau champion du monde Alex Harvey aura le bonheur de conclure la plus belle saison de sa carrière devant les siens dans le cadre des finales de la Coupe du monde de Québec, de demain à dimanche.

Saint-Ferréol-les-Neiges — Alex Harvey n’a même pas eu à déblayer ses marches. Un petit voisin s’en occupe depuis le début de l’hiver, cadeau de Noël de sa belle-mère. De toute façon, la tempête a relativement épargné Saint-Ferréol-les-Neiges : une trentaine de centimètres était tombée hier midi.

Les vents avaient quand même fait monter la neige jusqu’à cinq pieds dans la porte-fenêtre à l’arrière. Harvey et son ami Devon Kershaw observaient le tout d’un œil amusé, un peu étonnés qu’un journaliste, parti de Montréal au petit matin, soit à l’heure au rendez-vous. Leur entraîneur Ivan Babikov avait mis 11 heures la veille pour faire le trajet en autocar entre l’aéroport Trudeau et la capitale nationale…

Après un entraînement sur les pistes du Mont-Sainte-Anne, les deux fondeurs préparaient leur espresso du début d’après-midi. Tranquilles, ils avaient deux heures devant eux avant de prendre la route de Québec, où ils ont rejoint leurs coéquipiers en vue des finales de la Coupe du monde, de demain à dimanche.

En théorie, ils auraient dû se trouver en Sibérie pour cette dernière semaine de compétition de la saison. Mais comme Tioumen s’est désisté dans la tourmente des scandales de dopage dans le sport russe, Québec s’est porté volontaire pour organiser trois épreuves féminines et masculines sur les plaines d’Abraham.

Le 15 janvier, quelques heures après avoir appris qu’il viendrait terminer l’hiver chez lui, Harvey a gagné le sprint par équipe à la Coupe du monde de Toblach, en Italie, sa première victoire en près de trois ans. « Ça fait une belle histoire romantique, mais ce n’est pas inventé, c’est arrivé comme ça », a souligné l’athlète de 28 ans.

Une victoire individuelle et un podium historique au relais ont suivi une semaine plus tard en Suède. Puis, il y a 10 jours, en conclusion des Mondiaux de Lahti, en Finlande, Harvey a remporté l’or au 50 kilomètres, le Saint Graal du ski de fond. Le scénario n’aurait pu mieux s’écrire.

« Je ne plane plus sur un nuage, mais la saison pourrait se terminer là et il n’y aurait aucun problème », a-t-il résumé. Sa médaille est déjà rangée dans un tiroir de sa chambre, partie rejoindre les trois autres gagnées en 2013 et 2015. Seule sa première médaille d’or, conquise avec Kershaw en 2011, repose dans un cadre.

Une troisième place à assurer

Harvey affiche quand même de l’ambition pour les trois courses de cette fin de semaine, un sprint en style libre (demain), un 15 km départ groupé en classique (samedi) et une poursuite de 15 km en style libre (dimanche), à l’issue de laquelle un gagnant de ce « minitour » sera désigné.

Le héros local veut bien sûr monter sur le podium, comme il l’avait fait au même endroit l’an dernier devant quelque 50 000 spectateurs. Il cherchera aussi à assurer son troisième rang au classement cumulatif final de la Coupe du monde, position acquise après sa sixième place au 50 km d’Holmenkollen, samedi dernier à Oslo.

Le Finlandais Matti Heikkinen le suit de près à sept points, mais le format des compétitions favorise grandement Harvey, qui n’a pas l’intention de la jouer trop stratégique.

« À la fin, en ski de fond, ce sont les jambes qui parlent. »

— Alex Harvey

Seule fausse note, le Norvégien Martin Johnsrud Sundby et le Russe Sergey Ustiugov, assuré de terminer premier et deuxième au classement général, seront absents à Québec.

Un peu déçu, Harvey comprend « le raisonnement » de l’un et de l’autre : « Ustiugov, c’est un geste politique [envers la fédération internationale], c’est certain. Chaque fois qu’il gagne, il dit qu’il le fait pour ses compatriotes suspendus [pour dopage]. Sundby a de jeunes enfants, il est vraiment déçu de ses championnats du monde et je pense que ça aurait été quand même dur pour lui de gagner [le minitour]. D’après moi, il ne veut pas finir la saison en terminant quatrième au Canada. J’aurais probablement fait les choses différemment, mais je ne peux pas me mettre dans ses souliers. »

Si tout se déroule comme prévu, Harvey sera donc seul à monter sur le podium quand viendra le temps de couronner les trois meilleurs de la saison 2016-2017, dimanche après-midi. « C’est dommage et ce serait un peu bizarre, mais ça affecterait plus la FIS que moi. »

Quoi qu’il en soit, beau temps mauvais temps, le nouveau champion mondial prévoit déjà célébrer comme il se doit la plus belle saison de sa carrière. « Avec mes amis que je n’ai pas vus de l’hiver, on a hâte de faire le party sur la Grande Allée. Ça va être un peu plus le fun qu’un party en Sibérie. »

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