CINÉMA

Précision

Dans le numéro du 7 octobre dernier, nous avons écrit que Catherine Pogonat jouait dans Autrui, le prochain long métrage de Micheline Lanctôt. Or, il s’agit plutôt de l’actrice Brigitte Pogonat. Toutes nos excuses.

ARTS VISUELS/Heather Dewey-Hagborg

C’est l’ADN qui nous mène, qui nous mène…

Studio XX et le centre Turbine présentent l’artiste américaine Heather Dewey-Hagborg dont la démarche, avec son projet Stranger Visions, questionne l’utilisation de l’ADN en surveillance biologique.

Les artistes visuels travaillent généralement avec des pinceaux ou des gouges. Pas l’Américaine Heather Dewey-Hagborg. Sa matière de base se trouve plutôt dans une gomme mâchée, des cheveux ou des mégots de cigarette.

Elle y débusque l’ADN de l’humain à qui l’objet a « appartenu », le traite en laboratoire et le numérise pour en arriver à créer, à l’aide d’une imprimante 3D, le visage de l’inconnu(e). 

Ces masques étranges forment l’étape finale de son projet Stranger Visions, mais c’est tout le processus pour y arriver qui est au centre des préoccupations éthiques et politiques de la New-Yorkaise maintenant établie à Chicago.

« Je commence toujours un projet par une question, ce qui ressemble à une démarche scientifique, dit-elle. Je cherche les outils nécessaires pour y répondre et Stranger Visions a fait de moi une « pirate » amateure de biohacking [génétique libre]. Je voulais voir ce qu’on pouvait apprendre d’une personne à partir d’un simple cheveu. »

ATELIER PUBLIC

Dans l’atelier qu’elle présentera demain au Studio XX, Heather Dewey-Hagborg et ses apprentis utiliseront des données génétiques qui se trouvent déjà sur le web afin de créer le masque d’un visage en 3D. 

« Nous analyserons les données, comme je le fais dans mon travail, en tenant compte de la généalogie des gens, dit-elle. Les questions raciales, par exemple, deviennent un sujet hautement délicat, mais important, quand on étudie les données génétiques. »

La police, les grandes sociétés et les gouvernements pourraient facilement faire de même, souligne-t-elle. Et l’absence de réglementation à ce sujet, aux États-Unis notamment, a de quoi inquiéter. Le profilage racial existe, le fichage d’ADN aussi.

« Mon travail, note-t-elle, se veut une critique de l’usage qu’à peu près n’importe qui peut faire de l’ADN et de données génétiques. C’est un domaine ouvert qui touche pourtant au plus intime et personnel des gens. Des règles devront être rapidement adoptées. C’est un enjeu politique et éthique important. »

INVISIBLE

Heather Dewey-Hagborg continue d’ailleurs d’explorer ce champ « génétique » dans son travail. Son projet Invisible traite de la possibilité d’effacer son ADN grâce à un produit dit de « contre-surveillance ». 

« Ce qui m’intéresse, souligne-t-elle, c’est de voir ce qui relève de la science et ce qui relève des marges, des aspects plus “spéculatifs” de la génétique. Comment cela peut-il changer ou influer la vie des gens ? Je souhaite qu’on en parle dans le cadre de débats publics. »

Heather Dewey-Hagborg présentera son travail aujourd’hui, 15 h, avec une autre artiste « branchée », Ana Rewakowicz, et donnera un atelier demain, de 9 h à 16 h, au Studio XX.

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