Stylisme déco

Le bon objet au bon endroit

À l’heure d’Instagram et de Pinterest, le stylisme déco – avec ses agencements inspirants – est dans l’air du temps. Sans compter l’influence des nouvelles prêtresses du style, dont Emily Henderson, auteure de Styled. Après les intérieurs épurés où « presque tout » était camouflé, les objets déco soigneusement choisis réinvestissent nos espaces de vie.

Réhabilitée, la décoration coïncide avec un juste retour des choses, observe Jean Therrien, professeur agrégé à l’École de design (option design d’intérieur) de l’Université de Montréal. « Il y a un nouveau rapport à l’espace qui s’établit, en raison de la révolution numérique. De sorte que l’être humain éprouve un besoin accru de confort, de stabilité et d’objets intimes, en compensation du virtuel où la quantité d’information est surhumaine et bouge à une vitesse démesurée », analyse le designer d’intérieur et historien du design.

Designer, décorateur, styliste… 

Comment départager les approches et qui consulter selon le type de projet ? D’abord, le designer d’intérieur, dûment qualifié, peut rénover, réorganiser les divisions ou dessiner une maison neuve, avec l’aide d’experts, tel un ingénieur en structure, précise M. Therrien. 

Quant à l’aspect décoration… « Les designers d’intérieur ont pris une distance par rapport au terme “décoration” depuis la naissance du design, même si cette dimension fait partie de leur pratique », estime le spécialiste.

Aussi, un designer d’intérieur peut (selon sa démarche) peaufiner les détails et les agencements d’accessoires.

« Le stylisme fait partie d’une étape importante de mon travail, affirme Andréane Beaudin, qui cumule un DEC en design de présentation et un bac en design d’intérieur. Cette étape, bien qu’elle soit la dernière du processus d’aménagement, n’est pas à négliger. C’est en dénichant des accessoires originaux et personnalisés que j’apporterai la touche finale à l’espace traité. »

« Design d’intérieur, décoration, stylisme… Tous les types d’intervention sont reliés. Après l’étape de la déco (qui comprend le choix des finis, des couleurs, du mobilier…), le stylisme vient, telle la cerise sur le gâteau, apporter le dernier coup de pinceau au projet », résume Louise Curodeau, enseignante au programme de Décoration intérieure et Présentation visuelle, au CFP Pierre-Dupuy. 

Parmi les notions de composition qui permettent d’obtenir un agencement harmonieux des objets, cette dernière indique qu’il y a, entre autres, la répétition, l’équilibre des volumes, la répartition des couleurs et des textures… Sans oublier certains principes utilisés en présentation visuelle, comme le « point focal », l’organisation triangulaire et la disposition en nombre impair.

Le bon objet…

« Le stylisme déco, c’est la mise en valeur d’un lieu grâce à la disposition du bon objet au bon endroit. C’est l’étape finale qui permet de personnaliser un aménagement intérieur et, surtout, de créer un sentiment de bien-être et de confort visuel chez l’occupant », renchérit Nathalie Martin, enseignante en Techniques de design de présentation, au cégep du Vieux Montréal. 

En somme, le bon styliste possède la compétence et l’« œil » pour choisir les accessoires, les agencer et agrémenter l’espace de petites compositions d’objets ou « vignettes » qui attirent l’attention.

Trouver son style 

Avant même de se lancer dans un projet, il peut être bon de définir ses goûts et ses ambiances préférées. Et bien sûr, on peut craquer pour plus d’un style déco : scandinave, mid-century, rustique, bohème… 

« Je suggère à mes clients de sélectionner des images, de noter les détails qu’ils préfèrent et aussi ceux qu’ils n’aiment pas. Cela m’aide à saisir leur style tout en me permettant d’imaginer un tableau d’ambiance », révèle la designer d’intérieur et styliste déco Andréane Beaudin. 

De son côté, Vanessa Sicotte, décoratrice et styliste déco, propose aux gens de décrire leur style dans d’autres sphères de leur vie, comme leur style vestimentaire, leurs destinations voyage ou leurs préférences culinaires.

« On en apprend beaucoup sur soi-même en observant les petits détails de son quotidien. Ainsi, quelqu’un qui se plaît en jean et t-shirt préférera fort certainement un décor décontracté et invitant, sans trop de frivolités. »

Vanessa Sicotte, décoratrice et styliste déco 

Et pourquoi ne pas observer votre décor et déterminer les objets qui comptent le plus à vos yeux ? Que ce soit un souvenir de famille ou un vase chiné. « Celui-ci peut servir de point de départ au stylisme », note Louise Curodeau. 

De la demande ?

On voit le travail des stylistes dans les magazines de décoration et sur Instagram, notamment. Mais qu’en est-il de la demande pour l’habitation ? « Depuis un an et demi, j’offre des consultations déco pour rafraîchir une pièce ou toute la maison, mais les gens ne savent pas forcément que je peux élargir le mandat et faire du stylisme en agençant leurs accessoires », confie Karine Matte, styliste d’intérieur. Il arrive toutefois qu’elle reçoive des demandes spécifiques. « J’ai déjà repensé la disposition des objets d’un mur d’étagères et je m’apprête à rencontrer un couple qui vient d’emménager ensemble et qui me demande d’agencer ses objets et meubles aux styles très différents : d’une part contemporain, de l’autre rustique. » 

Andréane Beaudin, quant à elle, constate que la plupart des clients se sentent à l’aise de réaliser l’étape du stylisme par eux-mêmes. « Ils vont souvent préférer “investir” dans la transformation complète d’une ou de plusieurs pièces d’une maison », dit-elle.

Enfin, Vanessa Sicotte, qui offre des consultations déco en ligne, reçoit des demandes en matière de stylisme : « Nous avons réalisé que c’est souvent à l’étape de créer une ambiance que les gens manquent d’idées. Ils sont bien inspirés pour le gros du travail, mais la finition reste parfois en plan. »

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