Hockey

Louis Leblanc rêve encore à la LNH

Cette semaine, il a neigé sur Norfolk. La petite ville de Virginie n’est pas habituée à la neige. Les élus ont dû se réunir d’urgence pour approuver un déficit à cause du déneigement. Les détenus de la prison locale se sont même fait remettre une pelle et sont allés déneiger les rues.

Certains résidants de Norfolk étaient moins dépaysés que d’autres. « Ils n’ont pas vraiment de charrue pour déblayer ici, explique Louis Leblanc au bout du fil. Ça fait une semaine qu’il neige, et la ville est à l’arrêt. Mais bon, ce n’est rien comparé à Montréal. »

Hier, l’ancien espoir du Canadien pouvait voir les flocons tomber dru à travers sa fenêtre. Sa nouvelle équipe, les Admirals de Norfolk, de la Ligue américaine de hockey, a dû annuler l’entraînement.

La situation avait quelque chose de surréel. Voici un Montréalais pris sous la neige en Virginie, où il joue au hockey pour le club-école d’une équipe de la Californie. Le hockey fait parfois drôlement les choses. Louis Leblanc le sait trop bien.

En juin 2009, le Montréalais faisait parler de lui. À la veille du repêchage, on rappelait que l’attaquant avait été nommé recrue de l’année dans la USHL. Au tournoi Ivan-Hlinka des moins de 18 ans l’été suivant, il avait été placé dans le premier trio de l’équipe canadienne aux côtés de Matt Duchene. Il représentait tout un espoir.

Le 26 juin avait lieu la première ronde du repêchage de la LNH. C’était au Centre Bell. Quand Trevor Timmins a annoncé son nom au micro, la foule a rugi. C’était la première fois depuis Éric Chouinard en 1998 que le CH choisissait un Québécois au premier tour.

D’un coup, le nom de Louis Leblanc est apparu dans les conversations de tous les amateurs de hockey montréalais. Tout de lui est devenu sujet à discussion, au premier chef sa décision de jouer avec l’Université Harvard, son passage avec le Junior de Montréal, ses performances avec le Canadien, jusqu’aux gazouillis (tweets) de sa copine Aleksandra Wozniak.

Puis, Leblanc a été échangé aux Ducks d’Anaheim en juin dernier. Son nom a disparu des conversations à Montréal aussi vite qu’il y était apparu, rangé quelque part dans le tiroir des espoirs qui ont déçu.

« Côté hockey, ça a fait du bien de changer. Mais ça a aussi fait du bien sur le plan mental, explique Leblanc. Il y a moins de médias ici. Je n’ai pas fait beaucoup d’entrevues cette année, pour être honnête. C’est très différent d’être à Hamilton ou à Montréal. »

PAS DE REGRET

En échange de Leblanc, le Canadien a obtenu des Ducks un choix conditionnel de cinquième tour au prochain repêchage. Quelle est la condition ? Que Leblanc joue au moins 15 matchs dans l’uniforme des Ducks cette saison.

Pour l’instant, le Québécois n’a joué aucun match avec les Ducks. Il a disputé ses 51 matchs de la saison dans la Ligue américaine. Il a engrangé 11 buts et 10 aides pour un total de 21 points avec les Admirals, la pire équipe de la ligue à l’attaque.

« En début de saison, ça allait vraiment bien, j’arrivais à produire à l’attaque et je pensais peut-être être rappelé, explique Leblanc. Mais les choses ont ralenti. Et ça dépend beaucoup des blessures à Anaheim et ça, bien sûr, je ne contrôle pas ça. »

Louis Leblanc aurait des raisons de se décourager. Son passage à Montréal n’a pas été à la hauteur de ses attentes et son départ avec les Ducks n’est rien pour arranger les choses. Son contrat vient d’ailleurs à échéance à la fin de la saison.

Malgré tout, Leblanc garde le cap. Il rêve encore de jouer dans la LNH. 

« Je suis très proche de mon but et de la Ligue nationale. Mon but est de remonter en haut cette saison et de voir ce qui arrivera l’année prochaine. »

— Louis Leblanc

Pense-t-il parfois qu’il n’aurait jamais dû être repêché par Montréal ce jour de juin 2009 ? Pense-t-il que les attentes démesurées des partisans d’ici ont trop pesé sur lui ?

« C’est arrivé comme ça. Montréal m’a repêché et j’étais très content. C’était extraordinaire pour moi et ma famille. Est-ce que c’était trop gros ? Je ne sais pas, répond Louis Leblanc. Si j’avais été repêché par une autre équipe, qui sait ce qui se serait passé. Mais c’était un rêve pour moi d’être repêché par le Canadien. J’ai passé cinq ans avec eux et c’est une grande fierté pour moi. Mais maintenant, mon but est de jouer pour les Ducks. »

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