Réduire les déchets un objet réparé à la fois
Mettre un objet usuel défectueux à la poubelle et le remplacer par un neuf est un réflexe pour quantité de gens. « Les jeter n’est pas toujours la solution », fait toutefois valoir Shirley Fagnen, du Bureau du développement durable de Polytechnique Montréal. Avec le PolyFab Normand Brais, autre entité de cette grande école d’ingénierie, elle a importé le concept de Repair Café, événement où le grand public peut faire réparer grille-pain, ordinateur et quantité d’autres objets qui ne fonctionnent plus, ou plus correctement.
Le concept du Repair Café est né il y a près de 10 ans aux Pays-Bas. Dans la foulée du tout premier, tenu en octobre 2009 à Amsterdam, son initiatrice, Martine Postma, a mis sur pied une fondation pour aider d’autres organismes et communautés à suivre le mouvement, apprend-on sur le site internet de l’organisation.
« J’avais entendu parler d’événements qui se faisaient en Europe, et c’est pour ça qu’on a aussi appelé le nôtre Repair Café », explique Shirley Fagnen. Polytechnique Montréal a tenu son premier « café réparation » l’automne dernier après avoir visité celui organisé en juillet 2017 par une autre grande école d’ingénierie de Montréal, l’École de technologie supérieure.
Sensibiliser les gens au fait que nos petits électroménagers ou appareils électroniques sont réparables est bien sûr le premier objectif du Repair Café.
À Polytechnique, ce sont les bénévoles qui réparent les objets. Il s’agit de professeurs, d’étudiants, de techniciens et de professionnels liés aux deux partenaires de l’événement, Insertech Angus et Ethik BGC. « Les gens peuvent participer, mais on ne leur donne pas les outils pour qu’ils réparent les choses seuls », dit encore Shirley Fagnen.
L’approche est légèrement différente à l’Ottawa Tool Library, qui tient aussi des Repair Cafés depuis cette année. « C’est un transfert de compétence qui se fait d’un à un, explique Shelley Taylor, coordonnatrice de projets. Les gens apportent un objet défectueux, ils s’assoient avec une personne qui sait comment le réparer et le réparent eux-mêmes avec le soutien de la personne compétente. »
« On ne force pas les gens à mettre la main à la pâte, mais on les encourage à le faire. »
— Shelley Taylor, coordonnatrice de projets à l’Ottawa Tool Library
Apprendre est d’ailleurs l’une des principales motivations des gens qui fréquentent les Repair Cafés organisés par l’Ottawa Tool Library tous les deux mois environ, selon elle. Les autres incitatifs sont évidemment d’ordre financier (ne pas racheter un autre grille-pain ou payer pour le faire réparer, par exemple) et environnemental (pourquoi polluer si on peut l’éviter ?).
Shirley Fagnen précise que, l’automne dernier, un peu moins de 100 personnes se sont présentées à Polytechnique et que 80 objets ont été réparés par la trentaine de bénévoles. « Il y en avait un 10 % qui n’était pas réparable », dit-elle. Il y a des problèmes qui se règlent facilement – une microsoudure cassée, par exemple – , mais dans les cas où une pièce est défectueuse, les réparateurs n’ont évidemment pas tout sous la main. Ils peuvent néanmoins guider les propriétaires des objets brisés.
Mardi dernier, à Polytechnique, les gens pouvaient apporter vélo, ordinateur, fer à repasser, grille-pain, outils, cafetière, etc. Un événement similaire au Repair Café aura lieu le 27 février à l’Université Concordia dans le cadre des DIY Tuesdays (les « mardis fais-le toi-même »), mais sera consacré à la réparation de téléphones cellulaires. Shirley Fagnen dit que si la demande est là, plus d’un Repair Café pourrait être organisé au cours de la même session.